Secrétaire général du conseil presbytéral, vous écriviez il y a 3 ans à l’arrivée de Mgr DenisMoutel : « En fidélité à l’appel des évêques, nous croyons au mystère de Dieu qui travaille nos pâtes humaines dans le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus. C’est en lui que nous fondons notre espérance ».
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Comment entendez vous ces paroles aujourd’hui ?
Ces paroles, je les reçois pleinement pour mon propre compte. Il y est question de fidélité à l’appel des évêques et donc au collège épiscopal, or, me voici plus impliqué encore dans cette solidarité des pères. Il est question de pâtes humaines et donc de réalisme et de labeur des existences humaines, avec leurs lourdeurs et leurs capacités à se laisser façonner. C’est la mienne bien sûr, mais aussi, beaucoup plus largement, celle des habitants d’un diocèse, celle de l’Eglise. C’est au creux de nos existences, et pas ailleurs, que le mystère de la foi travaille, car nos vies sont tout imprégnées du mouvement de la mort à la vie. Elles sont appelées à se laisser marquer, personnellement et collectivement, par le mystère pascal du Christ, c’est-à-dire par la victoire de la foi, de l’espérance et de la charité de Dieu en elles sur les tentations du cynisme, du désespoir ou de la haine. Cela veut dire encore pour nous que la réussite de nos vies, celle du monde ou celle de l’Église, se mesurent avant toute chose à la force du mystère pascal en elles qui fait passer parfois par toutes sortes de morts et de nouvelles naissances dans l’Esprit, jusqu’à la Résurrection dernière. Encore faut-il croire en cela. Je suis au service de ce passage de vie dans l’existence des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Il ne s’agit donc pas de s’appuyer sur nos propres forces bien dérisoires, mais sur la victoire du Christ en nous.
Quelle sera votre devise épiscopale et pourquoi ?
Ma devise est une phrase d’évangile en Matthieu 11,30. Elle rejoint ce que je viens de dire. « Mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger ». Cette parole, je ne l’ai pas véritablement choisie, elle s’est plutôt imposée à moi. C’était tout simplement l’Evangile de la liturgie le jour quand j’ai compris l’appel que l’Église m’adressait. Elle m’accompagne depuis lors. Elle dit la lucidité face aux difficultés et à la charge, et la confiance joyeuse d’être précédé et accompagné par le Christ mort et Ressuscité. Elle est parole de miséricorde pour les petits.
Des Côtes d’Armor à la Manche, il n’y a qu’à traverser la Baie de Saint-Brieuc et du Mont Saint-Michel … Quels souvenirs emportez vous de Bretagne ? Qu’attendez-vous dans la Manche ?
La Bretagne, c’est plus que des souvenirs. Une vie qui m’a construit et ne cesse de m’habiter. Je pense d’abord à des rencontres de personnes ou de communautés, des moments vécus avec ceux et celles qui m’ont permis d’apprendre la vie, parfois sans qu’ils le sachent vraiment. Ils m’ont donné de relire ma vie et de grandir dans la compréhension de l’humain et dans la foi, avec cette conviction que la force de l’Evangile est une Parole donnée pour tous. Je pense à certaines transformations de personnes ou de communautés d’Église grâce à l’Evangile. Dans ce sens le ministère de curé m’aura beaucoup marqué. Je pense à la pastorale des jeunes toute fondée sur la confiance, le lien retrouvé mais encore fragile entre des générations. L’apprentissage du ‘métier’ avec le Père Fruchaud que j’ai longtemps assisté, et tous les confrères prêtres. L’ouverture aux idées et aux rencontres dans l’Église … la beauté des célébrations et des rassemblements. La vérité de la recherche avec les amis artistes. Le poids des mots dans certaines circonstances parfois dramatiques.
Et, puis bien sûr, la Bretagne c’est pour moi la force de ses paysages, la mer et la terre qui façonnent les hommes. Le patrimoine mystique qui coule encore dans leurs veines, sans que parfois ils s’en rendent encore compte !
De l’avenir, j’aime parfois à dire que j’espère tout et n’attends rien ! Je souhaite me montrer disponible au tant que possible à la découverte de la Manche, me laisser étonner et questionner. Mes premiers pas là-bas me laissent croire que j’y serai comme un autre chez soi, si proche et si différent. Dans la grâce de Dieu !
L’ordination épiscopale de Mgr Laurent Le Boulc’h aura lieu le 27 octobre 2013 en la Cathédrale Notre-Dame de Coutances.