Jo Le Sergent, c’était un monument dans le monde musical breton du Morbihan. Né à Etampes en 1936, il est envoyé chez ses grand-parents à Saint-Barthélémy (Morbihan) car son père est prisonnier en Allemagne. C’est là qu’il apprendra le breton, immergé dans le monde bretonnant de l’époque dans ce pays de Baud.
Envoyé en Algérie à l’âge de 20 ans avec le contingent français, il s’installe une fois démobilisé sur une petite exploitation à Pluméliau. Il se met à chanter lors des filaj et des festou-noz. Cependant, Jo n’est pas seulement un interprète : il compose également, et notamment une belle chanson intitulée « En Aljeri » qui remportera un certain succès, contribuant à sa notoriété en pays vannetais. Ce vendredi 16 décembre, il s’est éteint à l’âge de 86 ans, le même jour que Jean-Paul Corbineau, chanteur des Tri Yann.
Les obsèques de Jo Sergent auront lieu ce lundi 19 décembre 2022 à 14 h 30, en l’église de Pluméliau.
Ra vo skañv douar Breizh evitañ !
Meur a wezh e’m eus selaouet hag adselaouet pladennoù Tri Pichon Noz. Hag an teulfilm Pa welin brini gwenn, men en e gaver, zo dispar.
Ur vouezh dibar zo aet da Aanaon !
Peac’h ha diskuizh d’e enean.
Jo, en plus d’être un chanteur accompli était aussi un conteur hors-pair, plein de verve rabelaisienne. Ses histoires en filaj étaient toujours pleines de verve et de trucullence, souvent à la limite de la décence sans jamais sombrer dans la grossièreté . En cela, c’était un digne émule moderne de Noël du Fail.
Son histoire la plus fameuse était « ar charretour » :
https://www.brezhoweb.bzh/Sergent-ar-charretour-mojennou_fiche_2774.html
Pendant des années, il a aussi animé une rubrique sur Radio Bro Gwened en faisant partager son riche vocabulaire.
J’ai eu le plaisir de bien le connaître lors du Kan ar bobl de 2007 et 2008 où nous siègions ensemble au jury pour les scolaires.
Il parlait sans complexe de sa vie passée et sa guerre d’Algérie.
Il assumait totalement son côté « réac » et nostalgique, tant au niveau de la langue bretonne, où il fustigeait vertement les bretonnants de naissance de ne pas avoir transmis la langue et déplorait la standardisation de la langue et sa perte de richesse.
Il aimait beaucoup à intervenir dans les écoles bilingues ou Diwan, où il fallait un peu tempérer sa gauloiserie (la moustache et les favoris y faisaient beaucoup)
De même, il n’était guère tendre envers l’Eglise pour avoir abandonné le trésor de la langue bretonne et aimait beaucoup chanter des cantiques en breton, car malgré les apparences de bon vivant, il avait une foi profonde.
Merci pour ce Beau témoignage. Je suis très touché par le décès de Jo, une Personne que l’on ne voudrait pas voir s’en aller. J’ai eu le Grand Plaisir de le rencontrer à deux reprises à La Fête du Chant , à Bovel. J’ai pu apprécier ses qualités de Chanteur et toute l’attention qu’il portait à qui venait le rencontrer. Jo , Tu manques déjà à Beaucoup d’entre nous. Reposes en Paix. Tes Amis et Amies ne pourront Jamais t’oublier.
Benoît Lemiègre . 59350 St André-lez-Lille.