Il s’agit d’un album que j’ai découvert il y a quelques années, et qui malheureusement a été vite épuisé. Je n’en avais donc pas parlé sur Ar Gedour. Une demande répétée a dû motiver la famille Herrou à rééditer cet opus, puisqu’il est à nouveau disponible.
Cet album, c’est le CD « Chant Celtique Sacré » de Violaine Mayor et Joël Herrou. Pour cet article, je reprendrai en partie ce que j’ai déjà dit précédemment des harpes celtiques de la famille Herrou.
Il est en effet de ces harpistes qui proposent un son si particulier qu’il vous envoûte et vous apaise. Il y a par ces artistes un son qui se dégage du bronze et du bois à chaque note égrenée, un son capable de vous mener vers un univers nostalgique et légendaire ou de vous plonger dans le sacré et l’indicible. Ce sont les notes de cristal qui évoquent bien autre chose qu’une simple musique, portant au scintillement des étoiles sous la voûte céleste, à travers les menezioù de Bretagne et de Celtie.
C’est le cas des harpes créées par la famille Herrou, installée au coeur des Monts d’Arrée. Joël Herrou, avec sa femme et ses deux enfants, reproduit la harpe ancienne de Bretagne, que l’on retrouve dans tous les pays celtiques. Cette harpe est construite selon les canons de la géométrie sacrée, témoins de ses origines et de ce même élan vers l’absolu.
La harpe ancienne de Bretagne, ou “Harpe des Celtes”, est visible sur l’iconographie de l’ensemble des territoires celtiques. Elle fut jouée jusqu’au 18ème siècle par les Gaëls d’Irlande et d’Ecosse, loin des courants destructeurs. Pour la sauvegarde de ce patrimoine universel retrouvé, Joël, co-signataire de la Charte de Qualité de l’association Hent Telenn Breizh, réalise des répliques de ces harpes historiques, en respectant la technique de fabrication médiévale. Violaine enseigne les techniques de jeu retrouvées.
Il n’en fallait pas moins pour que ces artistes proposent au public de mieux connaître le répertoire sacré de Celtie. Mais il n’en reste plus grand trace. Si le grégorien n’indique ni la rythmique, ni la façon de le chanter, le manuscrit écossais d’Inchcolm, qui date du XIVe siècle, contient bien du plain-chant celtique, datant du VIIe au XIIIe siècles. Il faut donc fouiller dans les vieux missels pour tenter de rassembler les pièces de puzzle. C’est ce à quoi se sont attelés Joël Herrou et Violaine Mayor.
En 2006, sort ainsi le disque « Chant celtique sacré », opus qui fait désormais référence en ce domaine, même s’il en ressort une interprétation moderne du grégorien.
Le couple de musiciens redonne ici vie au chant des premiers moines celtiques héritiers de druides, un répertoire inédit remontant jusqu’au 6ème siècle, au temps de St Columba de Iona. Ces chants accompagnés à la harpe celtique ancienne à cordes de bronze et à la flûte médiévale dégagent une atmosphère où les profondes résonances et les riches harmoniques donnent un résultat véritablement harmonisant, plongeant l’auditeur dans le répertoire musical et théologique de ce christianisme celtique si particulier qu’il en marquera à jamais les terres qu’il a imprégné.
L’album est conclu par une pièce de ceol mor (piobaireachd) chantée et jouée à la harpe. Le CD est à présent disponible auprès de Hent Telenn Breizh (20€+ port).
Elkent ! Enfin, ce magnifique disque est de nouveau disponible ! Le travail de Joël, Violaine, Jean et Mickaël mérite vraiment d’être mieux connu. C’est toujours un plaisir de chanter et de discuter avec eux !
Je suis en train d’étudier la question de ce fameux et prétendu plain-chant celtique avec un ami musicologue… ça ne tiens pas la route. Le Manuscrit Écossais d’Inchcolm n’est ni plus ni moins que du grégorien mais pas un plain-chant celtique antérieur au IXeme siècle (date de la naissance du chant Romano-Franc qu’on appelera plus tard et jusqu’à aujourd’hui le chant grégorien).
Je me permets de rectifier un de vos propos Eflamm : la notation en neumes anciens du grégorien (les neumes-signes écrits « in campo aperto au-dessus du texte liturgique) donnaient bien le rythme du chant (avec des indications de de durée telles que le C de celeriter, ou le T de Tenete). C’est lorsqu’on est passé des neumes à la notation carrée du XIIIeme que le rythme et la façon de chanter (port de voix et autres ornementations) s’est perdu au profit de la hauteur exacte des notes.
A suivre…
Voilà des réponses précises concernant le plain-chant celtique… Cela confirme bien que ce qui est chanté sur cet album et en particulier l’antienne » Dei potens » n’est pas du plain-chant celtique mais du chant grégorien.
http://gregorian-chant.ning.com/forum/topics/le-plain-chant-celtique?groupUrl=restitutions_melodiques&groupId=3327296%3AGroup%3A5048&id=3327296%3ATopic%3A131790&page=1#comments