Saints bretons à découvrir

NOA / NOEL BRETON, le nouveau spectacle du Trio Kervarec, Le Bot, Dudognon, débute sa tournée

Amzer-lenn / Temps de lecture : 9 min

Noël, de toute tradition, est la nuit des prodiges. Tout homme peut s’avancer sans crainte en cette nuit. L’Enfant Jésus enlève aux sorcières leur puissance et revient enchaînés les mauvais esprits. Dans certaines paroisses de Basse et de Haute-Bretagne, on assure que les feux du Purgatoire s’éteignent durant la messe de minuit et que les âmes éprouvent un moment de soulagement.

Alors que les vitraux s’éclairent, invitant à s’approcher pour chanter la messe de la Nuit de Noël, les cheminées fument et les tables s’apprêtent… mais qui sait encore que, pendant ce temps, les bêtes parlent breton ou que les menhirs vont s’abreuver ?

Le Trio Pêr Vari Kervarec, Eliaz Le Bot et Tony Dudognon vous invite à partir du 5 décembre (Eglise de Coray – 17h) à découvrir NOA, leur nouveau spectacle. Après la tournée à succès Kan an Anaon, le chant des Ames, ces artistes de la nouvelle génération continuent à faire découvrir les thèmes traditionnels bretons dans une tournée de Noël dont vous pouvez retrouver les dates ci-contre.

Au programme : orgue et bombarde, biniou-kozh et saxophone, chant et récits….

Nous avons interrogé Per-Vari Kervarec pour en savoir plus sur ce nouveau spectacle prometteur.

L’objectif serait de faire reprendre conscience aux publics, aux organisateurs, aux paroisses, aux futures générations de la richesse de ce répertoire autour de Noël. Car de nos jours, les messes de Noël en Bretagne jadis bretonnante, sont à l’image des messes de Noël de n’importe quelle région de France. Nous regrettons que nos cantiques bretons, ne soient plus que des «pièces de musées»; Nous souhaitons insuffler un renouveau afin de les faire revivre en les rendant aux vivants (PV Kervarec 01/12/2021)

Votre spectacle s’intitule NOA. Le répertoire joué tournera autour de Noël mais pouvez-vous nous en dire un plus ?

Le thème évoqué sera « Noël en Haute et Basse-Bretagne à travers les anciennes croyances paysannes et les légendes autour de cette fête ». Les dires de ces anciens, qui du fond de leur vie, donnent l’éveil du temps qui passe et le regret des choses, nous ont aidé à retrouver ces Noëls de Bretagne. Que ce soit le Nedeleg du bas-pays, le Noa ou le Nau du Haut-Pays, les croyances paysannes ont un visage grave ; la joie de l’enfance, la gaité des chances ne font pas toujours oublier que la mort est là.

A partir de collectages réalisés auprès de l’ancienne génération, de recherches, de lectures, nous avons créé et avons imaginé un spectacle récapitulant les moments importants, des veillés à NOZ KERZU (la nuit du solstice d’Hiver), de la veille de Noël à PELLGENT (messe de Noël), mais aussi en parlant de l’Au-Delà car « Noël, de toute tradition, est la nuit des prodiges. Tout homme peut s’avancer sans crainte en cette nuit. L’Enfant Jésus enlève aux sorcières leur puissance et revient enchaînés les mauvais esprits. Dans certaines paroisses de Basse-Bretagne, on assure que les feux du Purgatoire s’éteignent durant la messe de minuit et que les âmes éprouvent un moment de soulagement…. »

 

Y a-t-il un lien entre votre spectacle précédent KAN AN ANAON et NOA ?

Dimanche après-midi à l’église Notre-Dame de Rosporden, des sonneurs d’exception ont donné un superbe récital devant près de 200 personnes

Nous pouvons dire que « NOA » est la continuité du spectacle  KAN AN ANAON. D’un côté, il est dans la continuité car Noël en Bretagne est comme la croyance de l’Au-Delà pour les bretons, c’est-à-dire particulier. La période de Noël possède, comme le thème de Mort, un répertoire riche de chants, de légendes, de collectages, d’ouvrages.

Ici dans NOA, nous commençons le spectacle à la période de Gouel an Anaon jusqu’au réveillon. A partir de Gouel en Ananon jusqu’à la Chandeleur, les  enfants  de  chœur, des  groupes  de  jeunes  gens  et  de  jeunes filles,  des  pauvres  et  des  mendiants  se  succèdent  à  la  porte  des  maisons  pour demander leurs étrennes (Kalanna, Kouignaoua)

Les paysans faisaient alors entrer les chanteurs, leur donnaient des crêpes, des pommes jaunes ou de l’argent. Parfois ces chanteurs de Noël, que l’on appelait des Stouperien, étaient des jeunes gens qui allaient par bandes, un bâton à la main. En Cornouaille, ils demandaient ainsi la permission de chanter : « Kanet’vo ? » si la réponse était affirmative, avant de commencer, ils faisaient encore une réserve : « si vous êtes content, je chanterai, sinon je m’en irai ».

 

Il existe de nombreux chants de Noël en breton, de haute et basse Bretagne. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le choix du répertoire ?

Le choix du répertoire s’est fait naturellement car, le spectacle a été réfléchi et écrit pendant 1 an, avant même de choisir la musique. Par rapport à ce que nous voulions raconter, il a été simple et naturel de choisir autant de chant de Noël de Haute-Bretagne (3) et de Basse-Bretagne (3). Vous pourrez entendre : Jezuz Kroedur, Nous Voici dans la Ville, War c’hinivelezh Jezuz, Noël Nouvelet, Pe trouz war an douar….

Nous voulions, par exemple, en reprenant un tube comme « Nous voici dans la ville » collecté par Fernand Guériff en pays Guérandais, et repris par des organistes de la scène internationale, remettre en avant notre riche répertoire breton en matière de chant de Noël.

Nous voulons surtout, en proposant « NOA » défendre notre patrimoine breton, le patrimoine de notre Bretagne à 5 départements, montrer notre richesse aux différentes générations. Et prouver que nous pouvons raconter, chanter Noël, en proposant autre chose que  « il est né le divin enfant » par exemple !

Et pour finir, il y aura des airs de fête, de partage pour chanter ensemble car avec la période que nous vivons, nous avons tous besoin de se changer les idées pour annoncer une nouvelle année qui ne pourra être que meilleure par rapport à 2020 et  2021.

 

Vous évoquez aussi les légendes de Noël en Bretagne ?

En effet, le Noël breton, qui a beaucoup hérité des traditions celtiques, donne lieu à des fêtes empruntes de magie et de légendes. Encore aujourd’hui, l’identité bretonne résonne lors des messes du réveillon grâce aux nombreux cantiques chantés en Breton par les anciens et repris en chœur par les plus jeunes (qui ne savent pas forcément ce qu’ils chantent). De plus, certaines légendes ont traversé les époques, grâce aux écrits de Théodore Hersart de la Villemarqué, Anatole Le Braz ou Pierre Jakez-Hélias et viennent bercer nos générations. Les légendes racontent qu’il y a au moment de Noël cette magie qui se dégage et qui ne se révèle qu’en cette période de l’année. Une magie transportée par le froid et le temps parfois glacial qui, de ses griffes, enserre le passant transi. Celui-ci se plait cependant à flâner dans les rues multicolores, décorées de mille feux. Un enchantement qui, l’espace de quelques jours, semble arrêter le temps. Une magie qui, lorsque l’on va à se laisser aller au coin de l’âtre, parait faire danser les flammes en se jouant des ombres. Le frimas de l’hiver est là mais le coeur se réchauffe.

Alors que les vitraux s’éclairent, invitant à s’approcher pour chanter la messe de la Nuit de Noël, les cheminées fument et les tables s’apprêtent… mais qui sait encore que, pendant ce temps, les bêtes parlent breton ou que les menhirs vont s’abreuver ?

Nous essayons toujours de placer quelques cantiques bretons mais le problème vient de la méconnaissance de notre riche répertoire de cantiques bretons, de notre langue, que ce soit par certains prêtres et surtout des animateurs pastoraux généralement.

Nos églises pourraient résonner des cantiques bretons de Noël, avec bombarde et orgue, mais les choix se tournent souvent vers des Noëls qui ne sont pas d’ici. Comment expliquez-vous cette mise de côté ? Comment inciter à reprendre conscience de la richesse de ce patrimoine musical ?

Honnêtement je ne sais pas, cela fait 20 ans que je fais de la bombarde, et que je joue pour la messe de Noël dans ma paroisse de Coray. Nous essayons toujours de placer quelques cantiques bretons mais le problème vient de la méconnaissance de notre riche répertoire de cantiques bretons, de notre langue, que ce soit par certains prêtres et surtout des animateurs pastoraux généralement.

Nous espérons que avec les projets comme vous avez fait avec « Kantikoù Nedeleg », comme le CD qui sortira ce 3 Décembre avec COOP BREIZH « Noël en Bretagne », notre spectacle (Trio Kervarec Le Bot Dudognon) « NOA », des organistes ou protagonistes qui se battent pour sauvegarde et mettre en avant notre culture, notre langue : Eflamm Caouissin et toute l’équipe d’Ar Gedour, Mark Schutz, Luc Tranvouez, Olier Struillou, le Père Cail et la paroisse de Quimper, Michel Boedec, Claude Nadeau, Jean Baron, Anne Auffret, le duo Salaün-Broquet, Bernard Rio. Et les grands noms qui ont laissé un sacré travail derrière eux à perdurer : Yann Fañch Kemener, Eliane Pronost, Pêr Jakez Helias, Anatole Le Braz..

L’objectif serait de faire reprendre conscience aux publics, aux organisateurs, aux paroisses, aux futures générations de la richesse de ce répertoire autour de Noël. Car de nos jours, les messes de Noël en Bretagne jadis bretonnante, sont à l’image des messes de Noël de n’importe quelle région de France. Nous regrettons que nos cantiques bretons, ne soient plus que des «pièces de musées»; Nous souhaitons insuffler un renouveau afin de les faire revivre en les rendant aux vivants.

Où en est votre CD Kan an Anaon ?

Alors, à l’heure actuelle nous sommes dans le mixage du CD avec Fred Woff (CD du Trio Hervieux Mahé), la pochette a été conçu par la talentueuse Reyhane KERBAA. La cagnotte en ligne est toujours disponible et avance. Il reste encore un peu plus d’un mois pour nous aider dans ce beau projet. Pour en savoir plus et nous aider, rendez-vous sur ce lien.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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