[DIAOULED AR MENEZ] Kenavo, Jean-Yves Le Corre !

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Cet article, initialement publié sur le blog Histoires de Bretagne, est repris sur Ar Gedour avec l’aimable autorisation de l’auteur Erwan Chartier-Le Floch.

Le problème, lorsqu’un ami disparaît, c’est de trouver les mots juste pour lui rendre hommage. voici mon article dans le Poher de cette semaine pour ceux qui n’ont pas la chance d’habiter en centre Bretagne. Mais c’est bien peu pour résumer toutes les rigolades et les discussions ensembles… Pour la première fois, j’avais à rédiger la nécro d’un copain, et je n’aime pas l’exercice. En tout cas, il aura eu droit… à une gavotte endiablée sur le parvis de la belle église de Carhaix.

Kenavo mignon ker !

Membre fondateur des Diaouled ar Menez, Jean-Yves Le Corre est décédé samedi 1erseptembre. Enraciné dans le Poher, il a été pendant près d’un demi-siècle un acteur de premier plan de la culture bretonne.

« Jean-Yves Le Corre était un musicien du peuple, qui jouait pour le peuple », explique, ému, Yann Goasdoué. Fils de cheminot du Réseau breton, il grandit dans la cité des Castors de Carhaix tout en s’imprégnant de la civilisation rurale traditionnelle, notamment chez ses grands-parents de Poullaouën. Au début des années 1970, avec ses copains Bruno Le Manach et Philippe Le Balp, ils forment un groupe de musique à danser que rejoint bientôt Yann Goasdoué qui gère alors le manoir de Menez Kamm à Spézet et sonne de la bombarde.

L’aventure des Diaouled ar Menez

En 1972, ils lancent les Diaouled ar Menez (les « diables de la Montagne ») qui va électriser la scène bretonne. Ils sont en effet les premiers à jouer avec une guitare électrique et un accordéon chromatique. « Dans la musique bretonne de l’époque, l’accordéon était mal vu car il rappelait trop la musette française, explique Yann Goasdoué. Nous avons eu un succès immédiat car nous interprétions les standards de la musique à danser qui plaisait beaucoup. »

La Bretagne est alors en plein revival culturel et un certain Alan Stivell triomphe à Paris. Le premier 45 tours des Diaouled se vend à des dizaines de milliers d’exemplaires. On les passe lors du quart d’heure breton des discothèques ou dans les juke-box. Pendant une semaine, en 1973, ils sont programmés à l’Olympia. « C’était une reconnaissance, se souvient Yann Goasdoué, mais honnêtement, avec Jean-Yves, on préférait les festoù-noz à Lanrivain ! »

Tann Dehi et Coop Breizh

Accordéoniste de talent, maîtrisant parfaitement le répertoire traditionnel, Jean-Yves Le Corre est de fest-noz tous les week-ends. La semaine, il travaille alors à la coop du Poher, dans les œufs. Dans les années 1980, il ouvre le Tann Dehi avec sa première épouse Brigitte. « C’était un lieu où on venait manger, discuter ou taper des bœufs avec les musiciens, se souvient Soïg Sibéril. On a eu des soirées mémorables là-bas. » Adjoint aux finances à Carhaix, Daniel Cotten se rappelle que « en 1984,  » la première école Diwan avait ouvert dans son garage, TF1 était venu faire un reportage qui avait fait beaucoup de bruit et une solution avait alors été trouvée une solution. » Ses trois enfants ont tous suivis une scolarité en breton. « Diwan, c’est l’école du bonheur », aimait-il a répéter.

Au début des années 1990, après l’aventure du Tann Dehi, Yann Goasdoué recrute Jean-Yves Le Corre à Coop Breizh. En 2002, il en devient le responsable du secteur disque où il peut mettre à profit sa grande connaissance du monde musical breton. Il était particulièrement à l’aise dans les stands qu’il tenait régulièrement avec sa seconde épouse Gwenn.

Au terme d’une longue maladie, il a rejoint son vieux copain Bruno Le Manac’h, décédé l’année dernière.

Si on ne sait pas dans quel paradis ces deux diaouled se sont retrouvés, nul doute qu’ils vont y mettre de l’ambiance !

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