Vous n’avez, jusqu’à présent, jamais entendu parler d’Eon de l’Etoile ? Procurez-vous donc, sans tarder, ce petit opus de Stéphane Torquéau, édité par Ar Gedour, pour une modique somme comparée au bénéfice que vous en retirerez pour votre culture générale et, particulièrement, bretonne.
Autant le dire tout de suite, rien à voir avec le Chevalier d’Eon, né Charles de Beaumont, (1728-1810), célèbre agent secret sous le règne du roi Louis XV dont on n’a jamais su, en vérité, s’il était un homme ou une femme ! ….
Il ne s’agit pas non plus d’une énième étude sur les éons, sorte d’émanations de la divinité par lesquelles, chez les gnostiques, le monde est gouverné, rappelant (de loin) le Dasein d’Edmund Husserl et de Martin Heidegger, fondateurs de la phénoménologie et champions de la métaphysique moderne.
Eon de Stella, comme l’indique, en partie, le titre de l’ouvrage de Stéphane Torquéau, est un ermite breton vivant dans la forêt de Brocéliande dans la première moitié du XII° siècle, ce que vous apprendrez en lisant la suite du texte.
J’entends bien la question que vous me posez : « mais pourquoi un esprit aussi curieux et cultivé que celui de Stéphane Torquéau s’est il intéressé à ce sombre ermite breton vivant dans la forêt de Brocéliande dans la première moitié du XII° siècle ? »
Eh bien, tout d’abord, parce qu’à en croire la magnifique couverture du livre, au même titre que la comète de Halley, stella en latin, l’image de notre ermite armé de son curieux bâton fourchu, figurerait, avec son nom, celui de l’auteur, et, en 4° de couverture, celui de l’éditeur, sur la fameuse tapisserie dite « au point d’aiguille » de Bayeux, brodée dans les années 1070 par la reine Mathilde (1031-1083), l’épouse de Guillaume le Conquérant (1027-1087), duc de Normandie puis roi d’Angleterre à partir de 1066.
Mais, en réalité, il n’en est rien : ce subterfuge est dû à un habile montage de la part, sans doute, de l’éditeur, vraisemblablement de connivence avec l’auteur, aussi vrai que l’Eon dont il est question n’a vu le jour du côté de Loudéac que plus d’un siècle après l’achèvement de la célèbre tapisserie.
En revanche, il s’avère bien, en effet, que notre héros, d’après les archives patiemment et consciencieusement compulsées par notre savant auteur désireux de partager ses connaissances et faire, ainsi, œuvre de vulgarisation, ait fait l’objet d’une comparution et d’une condamnation en bonne et due forme devant le concile de Reims en 1148, présidé par le pape Eugène III en personne, excusez du peu ! …
C’est tout de même autre chose que les juridictions pénales lyonnaises des 1° et 2nd degré.
Pourquoi un tel « honneur » ?
Ne comptez pas sur moi pour vous le raconter : achetez et lisez le livre !
Encore un mot sur l’auteur et son éditeur puisque, toute à la reproduction de la tapisserie de Bayeux, la 4° de couverture ne vous en dira rien.
Stéphane Torquéau, prêtre de l’Église catholique romaine, est aumônier militaire d’un régiment parachutiste dans le sud ouest. Né lorrain, à Phalsbourg, en 1970, il a fait ses études à Notre Dame de Recouvrance, non pas à Brest, mais à Saintes, en Charente Maritime, dont il a écrit, en 2011, la vie du 1° évêque : Saint Eutrope.
L’ouvrage de Stéphane Torquéau, retenu par les éditions Ar Gedour, est un excellent choix pour cette nouvelle maison d’édition qui renoue ainsi avec une longue tradition d’ « embannerion » (éditeurs), enracinés dans la famille Caouissin, (éditions Brittia, éditions Janig Corlay), imprimeurs longtemps installés à Pleyber-Christ puis à Landerneau.
Parions que la vie d’Eon de l’Etoile, après, en 2018, la bande dessinée de René Le Honzec sur « Keranna, l’histoire de Saint Anne d’Auray » sera suivie de beaucoup d’autres…
On espère prochainement la biographie, par l’abbé Jean-Marie Surel, d’Armelle Nicolas, non pas la maire d’Inzinzac-Lochrist, mais la « bonne Armelle » (1606-1671), mystique du XVII° siècle, dans la riche lignée de l’école morbihannaise de spiritualité qui en a produit tant d’autres.
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« Eon de Stella, l’ermite et l’étoile », Stéphane Torquéau, éditions Ar Gedour, Juin 2019, 121 pages, 14 €