Revenons quelques mois en arrière. En juin 2017, la paroisse d’Erdeven, par l’entremise de Simon Kerzerho, a fait part à l’association Ti Douar Alre, très active au niveau de la langue bretonne sur le Pays d’Auray, de la découverte dans le grenier du presbytère qui était en phase de déménagement, d’un fonds de documents en breton, majoritairement des sermons contenus dans des cahiers et des feuilles volantes.
Après expertise, il s’avère que le lot comporte, outre des documents en français, registres, etc… des sermons et instructions en breton dont le nombre est tout à fait impressionnant, oeuvre de deux auteurs différents, locuteurs vannetisants dont l’identité apparaît à plusieurs reprises dans le fonds : les abbés Mathurin Oliviero (ordonné en 1884) et Pierre-Marie Rival (ordonné en 1885). Elément surprenant : aucun de ces deux prêtres n’a occupé de fonction dans le pays d’Auray. Le premier a été vicaire à Bieuzy-les-Eaux puis à Arradon avant de devenir recteur de l’île de Houat. Le second a été vicaire-auxiliaire à Kerfourn avant d’arriver sur Guéméné/Scorff ; il deviendra ensuite aumônier des soeurs de St-Joseph-de-Cluny à Gourin puis recteur de Séglien jusqu’à sa mort.
Au total, ce sont plus de 400 documents qui ont été exhumés, auxquels ils faut rajouter les traductions des textes liturgiques et d’autres écrits.
« Ce recteur n’était pas répertorié parmi les écrivains bretons et était quasi inconnu des anthologies, pourtant, la facture de son oeuvre mérite que l’on s’y intéresse », note Daniel Carré, président de Ti Douar Alré. Ceux du père Pierre-Marie Rival, en revanche, sont restitués dans une langue moins recherchée. Mais l’un comme l’autre nous livre des informations importantes ».
Ti Douar Alre souligne en effet l’importance de conservation de ces documents, permettant de mieux connaître l’histoire de la paroisse, la connaissance, l’histoire et l’usage de la langue bretonne comme véhicule de prédication sur cette période charnière pour le breton , mais aussi les éléments historiques et sociologiques que la prédication met en avant. Sans oublier la connaissance de la prédication et la manière d’instruire les fidèles.
L’association s’est donc chargée de tout scanner, en lien avec Daniel Le Doujet, de l’université de Rennes, et Kerlenn Sten Kidna an Alre. La transcription a débuté mais il faudra plusieurs mois pour parvenir au bout de ce travail de fourmi, pour lequel les volontaires sont les bienvenus.
Ce fonds a été présenté hier soir à Erdeven, en présence de Daniel Carré et différents membres de l’association concernée, ainsi que du Père Ivan Brient, vicaire général du Diocèse de Vannes, et Jean-Jacques Le Floc’h représentant la commission diocésaine pour le breton. Il a été rappelé que c’est parmi les clercs que se trouvaient l’immense majorité des auteurs bretons des 18, 19 et première moitié du 20ème siècle, et que les presbytères, églises, chapelles sont les lieux où l’on a le plus de chance de découvrir des archives de ce genre, qui sont d’importance.
Si vous avez connaissance d’un presbytère qui déménage, veillez à ce que les documents ne soient pas jetés comme de vulgaires déchets, mais parlez-en à votre votre curé, l’association bretonne locale (ou notre rédaction si vous ne savez pas vers qui vous tourner).
Certes, avant de jeter toutes « ces vieilleries », dans la benne des déménageurs !!! On connaît tellement d’exemples lamentables de l’incurie des « héritiers », et pas dans des époques déclarées ignorantes, mais de nos jours encore !!!
Effectivement… mais ici les déménageurs ont été au top 😉