Explication d’un cantique breton : Baradoz dudius

Réal : Micheau-Vernez - Ed. Ololê (archives AR GEDOUR)
Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Nous fêterons bientôt la commémoraison des fidèles défunts, où l’Eglise nous invite à prier pour les âmes qui ont quittés cette vie, comme aussi pour les âmes du Purgatoire.

Après le célèbre « kantik ar Baradoz » dont nous avons parlé dans un précédent article, arrêtons-nous sur un autre cantique consacré aux défunts : « Baradoz dudius » (Paradis merveilleux).

Dans son « kannenoù ar Feiz », Fañch Morvannoù indique que le catéchisme breton de Vannes de 1878 et de 1930 comptent chacun deux pages consacrées aux fins dernières.

Le cantique Baradoz dudius figure quand à lui dans deux recueils : « kantikou brezonek » de St Brieuc et Lannion (édition de 1934) et « Cantiques bretons du diocèse de Quimper et Léon » (édition de 2000). Fañch Morvannou penche pour une origine Trégorroise du cantique et fait remarquer que dans le recueil de Quimper, notre cantique perd 2 strophes (6 au lieu de 8). Il serait intéressant de connaitre les raison de cette « amputation ».
Dans les deux cas la mélodie est en mode de La transposé mais avec deux tonalités différentes suivant les partitions (Sol Majeur dans « kantikou brezonek » et Fa mineur dans « Cantiques bretons du diocèse de Quimper et Léon »).

Sur le plan musical, le cantique est en rythme ternaire (fréquent dans les mélodies bretonnes) avec une anacrouse en croche pour le refrain. Six notes composent la mélodie (Mi- Fa#-Sol#-La-Si-Do#) comprenant un refrain et des couplets.

A trois endroits du couplets on trouve des notes conjointes descendantes : La-Sol#-Fa#-Mi au début et au milieu du couplet et Do#-Si-La-Sol# en fin de couplet.

La mélodie assez simple est presque aussi saisissante que le merveilleux kantik ar Baradoz. La paix, la douceur et l’espérance de la béatitude éternelle transparaissent tout au long de la ligne mélodique.

Sur le plan théologique ce beau cantique nous enseigne que l’âme chrétienne aspire à rejoindre le Ciel sa vraie Patrie. Le refrain l’exprime clairement « Bro ar Zent eo ma Bro » (la Patrie des Saints c’est ma Patrie). Trois fois des six couplets évoquent les larmes versées sur la terre, faisant écho à cette parole du Salve Regina  » gementes et flentes in hac lacrimarum valle » (nous soupirons et gémissons dans cette vallée de larmes).

Découvrez aussi notre article « Les hymnes bretons de la fête des morts et des funérailles »

Mais le cantique ne se limite pas à ce soupir de l’âme désireuse de quitter un Monde trompeur ou règne le vice, lé péché, la souffrance. Les paroles sont au contraire pleine de l’espérance chrétienne de voir un jour Dieu face à face pour l’adorer, le contempler dans sa gloire et partager avec la Vierge Marie, les Anges et les saints, le bonheur sans fin des Elus.

« En Nenv Salver Jézus, gant ar Zent hag an Elez me gano deoc’h eürus; mil bennozh ha trugarez »
(Au Ciel Jésus sauveur, avec les Saints et les Anges, je vous chanterai heureux; mille bénédictions et action de grâce)

Que notre prière pour les défunts, pour ceux de nos familles, nos amis et les âmes du Purgatoire montent vers le Ciel par ce beau cantique, plein de douceur et d’espérance ! Joe d’an Anaon !

 

D’autres informations et extrait audio sur le site kan-illiz :
http://www.kan-iliz.com/baradoz-dudius-funerailles/

À propos du rédacteur Louis-Marie Salaün

D'origine bretonne,né en 1982 petit-fils d'écrivain catholique il est sensibilisé depuis l'enfance à la musique sacrée, la transmission et la défense de la foi. Il découvre tout jeune les cantiques bretons par le biais du duo bombarde et orgue (qu'il pratique aujourd'hui avec son beau-frère). Devenu sonneur de bombarde à l'âge de 26 ans il exerce en parallèle la fonction de chantre dans sa paroisse de 2003 à 2010, puis chef de chœur de 2 chorales paroissiales (ND de la Trinité à Blois en 2012-2013 et le Chœur St Nicolas à Troyes depuis 2015).

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Un commentaire

  1. Louis-Marie SALAÜN

    Les musiciens auront sans doute remarqués que j’ai fait une erreur en écrivant que la partition est en La Majeur. En fait c’est du Fa#mineur (relative de La Majeur) puisque c’est du mode de La transposé.

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