Ar Gedour se veut aussi être un lanceur d’alerte. La rédaction est donc heureuse de voir la suite donnée à l’une de nos alertes à une période où tout le monde ou presque ignorait le devenir (voire l’existence) de la chapelle St Germain, située à Languidic, non loin de St Gilles en Hennebont : un comité de huit personnes se constitue actuellement autour de Yolenn Coeffic, connue pour son implication bretonne sur le secteur, pour tenter de restaurer et d’animer à nouveau l’édifice. En 2015, après une enquête sur place, l’un de nos collaborateurs avait tiré la sonnette d’alarme dans un article qui avait été très lu (cf notre article) :

A quelques pas de Saint-Gilles Hennebont, et situé en bordure de la départementale conduisant à Languidic, cette petite chapelle de quartier attend depuis bientôt quarante ans qu’on daigne enfin s’intéresser à elle ! Masquée par la végétation dans un décor de forêt vierge, la chapelle saint Germain à résisté toute seule contre vents et marées aux assauts du temps et de la végétation ambiante, et ce malgré l’indifférence des autorités civiles et religieuses.
Comme un défi à ceux qui prédisaient sa mort ou diagnostiquaient une démolition inévitable, le clocher du vénérable édifice émerge encore fièrement de l’amas de friches où on l’a laissé croupir pendant tant d’années. Mais malgré la solidité de ses pierres, et l’épaisseur de ses murs, la vieille chapelle commence maintenant à présenter quelques signes de fatigue : un premier accroc cet hiver, la toiture qui avait tenu bon jusque là vient de subir une première avarie : une branche d’arbre de grosse taille en provenance de la haie voisine, est tombée sur le faîtage provoquant quelques dégâts sur la toiture. Pour la première fois donc, une entrée d’eau assez large s’est déclarée juste au dessus du choeur. Si les murs ont tenu bon, et si l’ensemble de l’édifice est resté en état jusqu’à aujourd’hui, alors quelques questions se posent : Pourquoi rien de sérieux n’a-t-il jamais été entrepris à Saint Germain ? Y-a-t-il eu volonté de laisser pourrir l’édifice sans rien tenter pour ensuite s’excuser de devoir la raser ? Il semble étonnant que les membres responsables du secteur paroissial d’Hennebont se soient résolus à une pareille solution en 2014. Car l’année dernière encore la chapelle était intacte ! (Il aurait suffit pour s’en rendre compte d’aller sur place afin de constater que la toiture n’a pas bougée et que les murs sont encore sains)
Un intérêt historique
Cette chapelle a un passé historique riche. A la mort du duc Jean III, deux héritiers s’opposèrent, Charles de Blois soutenu par le roi de France Philippe VI et Jean de Montfort. Etant retenu prisonnier à Paris par le roi, c’est donc son épouse Jéhanne de Flandre qui, dans sa ville d’Hennebont, dut soutenir le siège de l’armée de Blois en 1345. Jéhanne de Flandre monte sur son destrier et avec trois cents cavaliers, torche au poing, mit le feu dans le camp des assiégeants. C’est ainsi que Jéhanne de Flandre devient Jéhanne la Flamme et qu’Hennebont fut sauvé.
A cette bataille de nombreux Anglais furent tués et leurs dépouilles inhumées dans le village de St Germain, les terres appartenaient à l’hospice d’Hennebont. Ensuite au 16e siècle une chapelle fut érigée pour les Anglais sur ce même site. Cette chapelle était de style gothique flamboyant avec la particularité d’avoir des bancs en pierre le long des murs intérieurs. C’était une église protestante. Une personne de Lochrist possède une image peinte par un Allemand durant la guerre 39-45. C’était alors une chapelle en ruine, sans toit. Les pierres de taille des murs ont servi de talutage pour protéger les baraquements allemands, le charroi avait été réalisé par monsieur Julien Le Floch de Coët-Sapin, qui avait acheté un étalon réformé aux Haras d’Hennebont. Le bénitier se trouve au Château du Quellennec. Les travaux de la chapelle actuelle ont démarré en août 1911, elle fut bénie le 7 juillet 1912 à 15h00.
Un avenir incertain qui devient prometteur
En 2016, notre collaborateur relance le débat par un second article, lui aussi très partagé : “La chapelle saint Germain, écrivait-il, deviendra-telle à son tour le symbole d’une église accumulant à la fois ruine matérielle et ruine spirituelle ? Peut-être, mais pas avant d’avoir tout entrepris pour la sauver. Il est maintenant temps d’alerter le grand public. Merci à tous de relayer cette information autour de vous”.
En 2017, notre collaborateur retourne sur place, et fait plusieurs constatations : à la ruine s’ajoute le vandalisme. Nous décidons de publier les photos de l’état des lieux deux ans après notre première alerte (cf article). Nous ajoutons des archives à celles que nous avions déjà publié dans l’article précédent, pour bien montrer l’histoire riche de ce lieu. Si nous ne sonnions pas le tocsin, qui le ferait ?

Cette chapelle est enclavée, le terrain appartenant désormais à un particulier, excepté les quelques m² sur lesquels se trouve la chapelle. Ceci ajoute une difficulté pour y accéder. Cependant, aux dernières nouvelles, le propriétaire est prêt à laisser un accès à la chapelle. Malgré les sollicitations proposées, le feu vert de l’évêché se faisait attendre. Aujourd’hui, le diocèse a donné son aval si un comité est créé, afin d’entamer des démarches officielles. Quelques points juridiques avec le propriétaire sont aussi à régler, mais l’histoire semble aller dans le bon sens, même si rien n’est encore certain à ce jour.
Une réunion en plein air aura lieu le samedi 29 mai 2021 à 10 h, sur le parvis de l’église Saint-Gilles. La date reste cependant à confirmer, selon le contexte sanitaire. Si donc vous êtes prêts à vous investir en tant que bénévole, vous êtes bienvenus !
Contact : yolande.coeffic@wanadoo.fr ou tél. 06 28 30 65 03.