HISTOIRE DE L’EGLISE DE ST-YVES DES BRETONS A ROME

Amzer-lenn / Temps de lecture : 19 min

saint yves des bretons, rome, saint louis des français, eglise catholique, bretagne, breizh, feiz ha breizhExemplaire à plus d’un titre : Sanctuaire vénéré de tout un peuple, consacré au Patron de la Bretagne, il a été le symbole de la présence au cœur de la Ville Eternelle, d’une nation fière, dynamique et prospère qui jouait alors dans la Chrétienté un rôle important.

Quand la Bretagne eut cessé d’être un Etat souverain, cette fondation va en subir les contrecoups très rapidement, et cela d’autant plus que si le Traité de 1532 garantit au peuple breton le maintien d’une part importante de ses libertés politiques, il présente de graves lacunes concernant les libertés religieuses, fort bien défendues, sans doute parce que les signataires bretons avaient considéré que ces libertés allaient de soi, et, c’est justement par ce canal que la monarchie française commencera l’investissement de la Bretagne par l’intérieur : domestiquant l’Eglise bretonne en nommant aux postes-clefs des hommes à sa dévotion, elle va en faire un cheval de Troie et une machine de guerre.

Ainsi l’un des premiers gestes de Henri III le Mignon sera-t-il la destruction de la Compagnie de Saint-Yves des Bretons et le rattachement de son sanctuaire au propre sanctuaire des Français à Rome, assorti de la confiscation de la dotation considérable qui y était attachée.

 

La présence des Bretons à Rome

Depuis les temps les plus reculés, les pèlerinages au siège de la Catholicité avaient toujours connu une grande vogue en Bretagne, mais comme pour les autres nations de la Chrétienté le courant en avait été très affaibli, presque tari par les troubles consécutifs aux querelles entre les Papes et l’Empereur d’Allemagne et les luttes intestines qui avaient désolé l’Italie. Les Croisades avaient pour un temps localisé l’attention du monde chrétien sur l’Orient, les lieux saints de Palestine, la délivrance du tombeau du Christ, puis les Papes avaient été contraints à s’exiler en Avignon, délaissant la Ville Eternelle. Avec leur retour triomphal à la fin du XVIème siècle, ces pèlerinages vont reprendre vie et vigueur, rendus plus populaires encore par l’établissement des jubilés.

Or un pèlerinage à Rome à cette époque, surtout quand on partait de régions aussi éloignées que la Bretagne, était une véritable aventure, une entreprise d’autant plus hasardeuse que bien souvent les pèlerins eux-mêmes ne réalisaient pas très bien les grandes distances qu’ils avaient à parcourir, les difficultés, les dangers qui les attendaient tant du fait du peu de sécurité des routes que de la maladie. Beaucoup partaient avec des ressources insuffisantes ; leur situation à Rome, surtout celles des plus pauvres, il pouvait se révéler pénible et même tragique. Il fallait aussi procurer à beaucoup un viatique pour le retour afin qu’il ne périssent pas en chemin.

 

Les Papes vont s’efforcer de secourir ces téméraires pèlerins, mais il est évident que les ressources des souverains pontifes ne pouvaient y suffire et très bientôt les nations catholiques vont être amenées à restaurer leurs anciens hospices et à fonder de nouveaux : Espagnols, Teutons, Bohémiens, Anglais, Suédois, Français, Slaves, Abyssins, Catalans, Hongrois, Flamands, Arméniens, Suisses, Grecs, Polonais, Albanais, Ecossais, toute une société de nations chrétiennes vont avoir bientôt pignon sur rue, mais bien peu de ces peuples devaient devancer les Bretons, qui en 1455, avaient à Rome leur hospice national.

 

Il est vrai qu’aucune nation étrangère n’y comptait plus de représentants. A cela plusieurs raisons : d’une part la Bretagne saint yves des bretons, rome, saint louis des français, eglise catholique, bretagne, breizh, feiz ha breizhn’avait jamais signé de Concordat avec le Saint-Siège, établissant comme en France, une Eglise se gouvernant plus ou moins par elle-même, plus ou moins boudeuse à l’égard de la juridiction romaine et plus ou moins soumise au monarque temporel. La Bretagne restait pays d’obédience, terre d’Eglise, c’est à dire sous l’administration directe de Rome qui continuait à nommer aux bénéfices dans la proportion des deux tiers, le Pape conférait tous les bénéfices vacants dans nos diocèses pendant huit mois de l’année, les deux premiers de chaque trimestre (on les appelait « les mois du pape ») et l’Evêque pendant les quatre autres, soit le dernier de chaque trimestre qui portait son nom, et à partir du XVème siècle, pendant six mois, moyennant certaines conditions : c’était la loi de l’alternative.

Ce caractère de sujétion directe qui, à première vue eut du paraître contraignant était en fait une garantie d’indépendance pour une petite nation toujours exposée aux appétits de son voisin de l’Est à une époque où les assises politiques et religieuses d’un Etat étaient profondément imbriquées, sans rien lui enlever de son caractère propre et de son originalité. Cette situation particulière supposait naturellement la présence à Rome d’un certain nombre d’agents intermédiaires officiels entre les postulants et la Curie : procureurs, notaires, banquiers, etc.

 

Un Pape qui se revendique Breton

Une autre raison des relations très intimes de la Bretagne avec le Saint Siège était l’affection toute particulière que lui portait 

la lignée des Papes occitans qui vont se succéder à cette époque sur le trône de Saint Pierre et notamment Clément VI qu’un hasard de l’Histoire avait fait naître vassal des souverains bretons ; à la suite du mariage d’Arthur II avec Marie de Limoges, le limousin va se trouver rattaché à la Bretagne et Clément VI, lors de la canonisation de Yves Heloury (saint Yves) revendiquera lui-même le titre de Breton. En 1447, il reconnaîtra dès l’abord et définitivement Jean IV de Montfort, comme l’unique et authentique duc de Bretagne.

 

Un sanctuaire national breton dans Rome

Toute cette colonie bretonne de Rome possédait déjà au XIVème siècle et au commencement du XVème siècle plusieurs maisons hospitalières où pèlerins et malades pourraient être secourus, mais pas d’église spéciale. Depuis longtemps les Bretons réclamaient un sanctuaire national. Enfin, grâce en partie aux démarches du cardinal Alain de Coetivy, fort en faveur à la cour pontificale, les Bretons obtenaient du Pape Nicolas V, le 24 septembre 1454, la possession de la vieille église de Saint André de Marmorarüs, sur la rive gauche du Tibre, entre la via Ripetta et la via Scrofa, non loin du Corso, donation bientôt ratifiée par son successeur Calixte III (Alphonse Borgia) qui ne pouvait vraiment rien refuser au cardinal breton à qui il devait pour une forte part son élection.

Parallèlement, les anciennes maisons de secours breton dispersées dans les différentes parties de la ville vont être supprimées et un hospice national aménagé aux alentours du sanctuaire.

saint yves des bretons, rome, saint louis des français, eglise catholique, bretagne, breizh, feiz ha breizh« Cet hospice Saint-Yves avec son église, fut doté d’un revenu fixe et abondant qui le classait au premier rang des maisons de ce genre. Il nous serait impossible d’en préciser le chiffre mais il devait être fort élevé puisque, lors de sa réunion à Saint-Louis des Français, notre Saint-Yves bénéficiait d’une rente de 7 000 écus romains ».

Cette véritable basilique St-André devenue Saint-Yves, dont l’origine paraît remonter au VIII ou au IXème siècle, avait jadis été le sanctuaire de la puissante confrérie des marmorüs marbriers-mosaïstes de Rome qui l’auraient dotée d’un des plus beaux pavés de la ville, mais abandonnée depuis des générations, elle était tombée, avant son transfert aux Bretons dans un grand état de délabrement « désolata, collapso et ruinosa ».

Ceux-ci auraient d’abord vaqué au plus pressé et ce n’est qu’après avoir assuré l’avenir de leur maison hospitalière que la Confrérie bretonne aurait pu s’attacher à sa restauration en n’y apportant que des modifications de détails, notamment en y ajoutant une chapelle dédiée à sainte Anne.

Ce n’est cependant qu’en 1568 que cette restauration sera finalement terminée. La Bretagne avait dès lors perdu son indépendance, mais était encore « suffisamment maîtresse de ses destinées pour posséder dans la capitale du monde chrétien son église nationale et la restaurer magnifiquement » ainsi qu’en témoigne cette inscription placée au moment de l’inauguration au-dessus de la porte principale :

 

DIVO IVONI TRECORENSI PAUPERUM ET VIDUARUM ADVOCATE NATIO BRITANNIAE

AEDEM HANC JAMPRIDEM CONSECRATAM

RESTAURAVIT ANNO M DL XVIII

(« En l’an 1568, la nation de Bretagne a restauré cette église, depuis longtemps dédiée à saint Yves de Tréguier, défenseurs des pauvres et des veuves »).

 

De cette église aujourd’hui disparue, et dont on effaça toute trace, on a fini par un hasard providentiel par découvrir le plan et la description. De 28 mètres de long sur 12 de large, elle offrait la forme d’une basilique primitive, soutenue par huit colonnes, cinq en granit rouge, deux en granit et une en cipolin. L’autel majeur, placé au fond de l’abside était orné d’un tableau de saint Yves en extase avec auprès de lui une colombe lumineuse peint par Jacques Triga, sans doute reproduction de la scène miraculeuse rapportée par un des témoins, Olivier Lannuic, au procès de canonisation.

  

Un Westminster des Bretons

En 1638, sur la demande des Bretons de Rome, l’évêque de Tréguier et son vénérable chapitre avaient fait don d’une relique insigne de saint Yves afin qu’elles soit conservée « dans l’église que la nation bretonne possède à Rome ».

Cette relique était enfermée dans un buste en bois doré du saint, dont le sanctuaire de Saint-Louis des Français s’est emparé et conserve dans son « trésor », buste d’une étonnante majesté que nous avons pu contempler lors de notre passage à Rome. Plus qu’aucune autre église dans la Bretagne, elle-même, cette église de saint Yves des bretons faisait figure de sanctuaire national. Un certain nombre de nos compatriotes, célèbres à leur époque et originaires de toutes les régions du pays, avaient tenu à y avoir leur tombe tels Henri Guirihec, archidiacre de Cornouailles et doyen de la Guerche, Jacques de Pontcoedic, auditeur de la rote, Pierre Amect, chanoine de Rennes, Jean Channe, Pierre Ragot, Antoine Barbute (Le Barbu), Jacques Lebret, à côté d’étrangers, Espagnols, Italiens, Polonais, Français, que leur dévotion à saint Yves avait conduit à solliciter la même faveur.

  

La paroisse Saint-Yves

Héritant du sanctuaire, les Bretons héritaient également du titre paroissial de Saint André de Marmorüs. Le Souverain Pontife Callixte III avait concédé à la confrérie bretonne la nomination et la révocation « ad muntum » c’est à dire à sa volonté, de curés de la nouvelle paroisse qui furent souvent choisis parmi les ecclésiastiques originaires de Bretagne quoique les paroissiens ne furent pas tous bretons mais aussi italiens, espagnols. On retiendra le nom de François Lasciner (ou Larchiver) qui lors du grand jubilé de 1600 se révéla seul capable d’entendre en confession les innombrables pèlerins bretons venus à Rome. Il se dispensa avec une telle ardeur que la Pape, informé, le nomma évêque de Rennes. Il mourut en réputation de sainteté. Paul Fabiani fut en 1824 le dernier curé de cette paroisse abolie par Léon XIX en cette même année. Elle avait duré 369 ans. Un autre de ces curés, Pierre Chevet, publia à Rome au XVIIIe siècle, une vie de saint Yves en italien, ouvrage qui n’est pas sans intérêt, mais malheureusement encombré de sermons et de considérations morales interminables. Dom Chevet a eu, semble-t-il, sous les yeux un manuscrit de l’Enquête de canonisation de Yves Héloury, disparu en 1799 lors du sac de Rome par les armées de la République française, manuscrit identique à celui qui se trouve actuellement à Saint-Brieuc.

 

La Compagnie Saint-Yves

Cette organisation, qui fit la force de la « Compagnie de St-Yves », il convient de la distinguer de la « Confrérie de Saint-Yves » créée en 1513 par Léon X avec un but tout autre et qui était une association purement spirituelle. C’était aux Clercs de la Curie qui étaient de nationalité bretonne que Calixe III avait donné l’église St-André lorsqu’il les avait autorisés à fonder une Compagnie pour organiser et gérer l’hospice St-Yves. Elle était dirigée par deux procureurs ou recteurs, élus pour l’année dont l’un représentait la Haute-Bretagne et l’autre la Basse-Bretagne, et longtemps ceux-ci tinrent séparément leurs comptes qui étaient vérifiés par deux ou trois auditeurs pour chaque langue, « la française et l’armoricaine ».

Entraide mutuelle entre ses membres, aide surtout à leurs compatriotes qu’ils accueillent dans leurs hospices, participation active dans les meilleures conditions au gouvernement de la Chrétienté tout en défendant les droits particuliers de la nation bretonne, tels étaient les buts de cet organisme dont le caractère national est sans cesse hautement affirmé. Ce terme lui même de nation revient sans cesse :

Dès que la remise en état de la vieille basilique est suffisamment avancée, ils inscrivent au dessus de la porte d’entrée : « La Nation de Bretagne a restauré cet édifice ». C’est aux pauvres de la Nation qu’est destiné l’hôpital. La messe aux principales fêtes, est offerte pour l’Eglise, la nation et les bienfaiteurs, des prières publiques demandent la prospérité du Duché de Bretagne.

Ainsi comme en Pologne, comme en Irlande, s’affirment en Bretagne l’union intime du sentiment patriotique et du sentiment religieux. L’honneur, la fierté, la dignité du peuple breton, s’expriment en des cérémonies grandioses où de nombreux étrangers se mêlent à la foule de nos compatriotes, tant la renommée et le rayonnement de notre saint national s’est étendue à travers la Chrétienté. Dès le début du XVIème siècle, les hommes de lois de tous pays le célèbre comme leur saint patron.

Le sanctuaire est décoré aux armes de la Papauté et de la Bretagne, et retentit des accents des chœurs de la Sixtine venus en grand appareil et de l’éclat des trompettes du Capitole à l’entrée et à la sortie des assistants au milieu de l’étincellement des torches.

Tout en participant à la vie urbaine, aux courses et aux jeux du Carnaval, les Bretons établis à Rome n’avaient en rien dépouillé leurs habitudes et coutumes comme leur jeu, leur exercice favori : la lutte. Ainsi, dans les « Mélanges d ‘Archéologie et d’Histoire », il est relaté que « leur Compagnie se faisait également une obligation d’entretenir deux lutteurs » dont elle fait les frais de l’habillement : pourpoint de toile blanche, chapeau, ceinture de soie et parure de gants, auxquels s’ajoutent trois chaperons le troisième sans doute pour le vainqueur : une collation champêtre suivait la compétition.

« L’hôpital avait été l’origine de la Compagnie, le noyau de la « nation ». Il était la raison la plus légitime de son existencesaint yves des bretons, rome, saint louis des français, eglise catholique, bretagne, breizh, feiz ha breizh, jamais il ne cessa d’être sa constante préoccupation et c’est en son honneur d’y être resté fidèle ». Un prêtre pauvre est logé dans la meilleure des chambres avec la charge de veiller à l’admission des indigents de la nation mais également de tous ceux qui demandent une quelconque protection. C’est ainsi que, durant l’hiver de 1567, de nobles demoiselles venues du Léon vont y séjourner avec leur suite.

Responsables de tout ce qui intéresse le bien spirituel de l’ancienne paroisse de St-André, dont ils avaient hérité la charge, les Bretons pourvoient généreusement à ses besoins et y consacrent parfois près des deux tiers de leurs dépenses annuelles. Pour faire face à toutes ces obligations, la Compagnie possédait, il est vrai, outre la fondation initiale des souverains bretons dont on a vu l’importance, le revenu d’un certain nombre d’immeubles presque tous adjacents à l’église ou de l’autre côté du Vuolo della Campana. Il semble même qu’au XIVème siècle ces loyers aient été sa principale source de revenus. Un certain nombre des notaires chargés des contrôles de location étaient bretons.

 

Il y a 400 ans – Mai 1583 – La fin de la Compagnie des Bretons

Le Duché est incorporé au royaume de France en 1532. Les souverains français s’étaient engagés solennellement au maintien des institutions bretonnes. « Toute une politique va travailler à unifier le statut du clergé du royaume, et, plus profondément, à restreindre l’exercice de la souveraineté pontificale : c’était faire perdre toute raison d’être au recrutement des Bretons et de la Curie romaine. D’avance, François 1er avait obtenu de Léon X les nominations aux évêchés et abbayes ; le temps faisait son œuvre. A Rome, la Compagnie de St-Yves, réduite à quelques survivants, ne pouvait guère subsister sans végéter péniblement. En 1582, Henri III demanda à Grégoire XIII, qu’il y eut désormais la « Compagnie saints Yves et Louis ».

Le Pape avait promis dans sa bulle du 12 décembre 1582 où il tint à rendre hommage à la vigueur de la foi bretonne « que les Bretons entreraient au Conseil de la nouvelle compagnie dont les armes devaient être mi-partie de France et de Bretagne, les deux églises devant être mises à peu près sur le même pied mais en fait le nom de la Compagnie des Bretons fut supprimé. Le 27 mai 1583, la Congrégation de St-Louis des Français, prenait possession de tous ses biens. Ce n’était plus une association mais une dépossession. L’Église bretonne va être peu à peu absorbée par l’Eglise française. En 1692 pour marquer la sujétion de la fière nation, le plafond lambrissé de l’Eglise St-Yves sera refait et décoré de peinture dans lesquelles les lys de France alternent avec les hermines de Bretagne tandis qu’au centre de la grande nef figure l’écusson royal au chiffre de Louis XIV.

 

La fin de l’église St-Yves des Bretons

Bien qu’elle lui eut apporté des revenus considérables, l’église de St Yves des Bretons va être délaissée par la Congrégation française. Déjà, au XVIIe siècle, ce sont les Etats de Bretagne qui étaient obligés de la réparer à leurs frais. 

saint yves des bretons, rome, saint louis des français, eglise catholique, bretagne, breizh, feiz ha breizhAprès l’abolition de ces Etats avec la Révolution, les administrateurs français vont la laisser dans un total abandon, en dépit de la situation prospère de leurs propres finances, des nombreuses protestations des Papes indignés et celles naturellement des bretons, mais que représente le droit sans la force vis-à-vis d’un Etat qui n’a jamais compris que la force ?

Tous les pèlerins bretons du XIXe siècle, de Sigismond Ropartz en 1851 à Guillotin de Corson font mention de sa déréliction et de son délabrement.

« Enfin en 1875, le gouvernement de Victor Emmanuel, moins tolérant que celui des Papes » signifia à la Congrégation française qu’elle eût à restaurer St-Yves, qui était devenu un danger, ou à l’abattre. La Congrégation opta pour le dernier parti en dépit de protestations indignées de la presse romaine qui ne craignit pas d’appliquer aux Français en cette occasion les épithètes peu flatteuses de vandales et de barbares !

Cependant rien n’y fit et la vieille église tomba sous la pioche des démolisseurs. « Pendant longtemps encore le pèlerin breton cherchera à découvrir sur les rives du Tibre, quelque reste du sanctuaire séculaire si cher à sa foi et à son patriotisme. Ce sera en vain : tout a disparu ».

  

La chapelle St-Yves

Plus rien ou presque de breton ne subsistera dans la modeste chapelle qui sera construite ultérieurement, en partie avec des matériaux provenant de l’ancienne église, à un coude du Vicolo della Campana. Si l’image de saint Yves y apparaissait encore, des saints de France occupaient toute l’abside, autour de l’autel du Christ : saint Martin et sainte Clotilde, puis de l’autre côté, saint Louis, saint Bernard, sainte Geneviève. Nos vieux saints bretons eux auraient été totalement oubliés.

Telle qu’elle était, cette présence, ce point de rassemblement, paraissait encore inopportun. Les autorités françaises l’ont fait démolir à son tour à une époque récente. Il n’en reste plus que la façade. Quant au terrain, il a été bradé à des promoteurs romains.

 

NOTE D’AR GEDOUR : l’église Saint-Yves-des-Bretons, vient d’être rénovée de manière importante avec l’aide de mécènes et du Conseil Régional de Bretagne. Le clergé local souhaite que ce lieu, phare breton dans la Ville Eternelle, devienne lieu de rassemblement des Bretons. C’est pourquoi des messes célébrées en l’honneur des saints bretons, mais aussi des événements comme Gouel Erwan sont autant de moments privilégiés pour marquer ce lieu de l’empreinte bretonne, qui pourrait devenir lieu de mission bretonne. 

 

Article  de Yann Bouëssel du Bourg, paru dans Dalc’homp soñj n° 4, en 1983

Publié sur AR GEDOUR avec l’aimable autorisation des ayants-droits de l’auteur.  Première diffusion le 8/10/2013.

 

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SOURCES : 

L’essentiel de cet article, les citations et les illustrations ont été tirés de l’ouvrage (aujourd’hui épuisé) du Chanoine Toussaint Lecoqû, doyen du chapitre de la cathédrale de Saint-Brieuc : Saint Yves des Bretons à Rome, ouvrage posthume, A. Pru’homme éditeur, Saint-Brieuc, 1947.

Iconographie issue du site de Saint Yves des Bretons et du Centre d’accueil des pèlerins

 

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À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD". En 2024, il a également publié avec René Le Honzec la BD "L'histoire du Pèlerinage Militaire International".

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8 Commentaires

  1. Quel plaisir de lire une si belle page d’Histoire de la Nation de Bretagne,comme la nomme les Romains.

  2. Quel plaisir de lire une si belle page d’Histoire de la Nation de Bretagne,comme la nomme les Romains.

  3. LOUIS MELENNEC, docteur en droit et en médecine, historien.

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    Le « traité de 1532 ».

    Il est essentiel que les Bretons d’aujourd’hui sachent que la Bretagne n’a jamais été « réunie » de son plein gré à la France, mais annexée par la force, la peur, la concussion, l’achat des consciences, les manoeuvres multiples perpétrées par la France dès la mort d’Anne de Bretagne, en janvier 1514.

    De longues recherches ont démontré ce fait d’une manière irréfutable. Les conséquences sont considérables : en droit international, n’ayant jamais été réunie à la France, la Bretagne est toujours indépendante.

    Pour accéder à cette étude, qui a exigé plusieurs années, tapez simplement dans la case Google :

    « Le prétendu traité de 1532, mélennec ».

    L’histoire abrégée de Bretagne est téléchargeable gratuitement, sur plusieurs sites, et peut donc être également diffusée gratuitement à vos amis et à votre entourage. Pour cela, taper dans la case Google, ces simples mots :

     » Le Livre Bleu de la Bretagne, téléchargement ».

    A ce jour, plusieurs dizaines de milliers de lecteurs ont téléchargé ce petit livre.

    • Il n’y a jamais eu de traité d’union en 1532 mais un édit royal sans valeur entre deux pays souverains . Seul a de la valeur le traité de Naoned , Breizh est occupée par Frañs , elle n’a qu’un seul droit , celui de quitter Breizh sur l’instant !
      N’oubliez as de télécharger gratuitement le PDF de l’histoire abrégée du Doc Louis Melennec et de diffuser le plus possible à tout les niveaux mar plij .
      http://anb.asso.free.fr/LIVRE-BLEU-BRETAGNE.pdf

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