Ar Gedour vous annonce en avant-première que, après plus de deux ans de travail, les pardons et troménies de Bretagne viennent d’être inscrits à l’Inventaire national du patrimoine culturel immatériel. Bretagne Culture Diversité, qui pilotait le projet, nous ayant associé avec d’autres à ce travail, nous sommes heureux de voir l’aboutissement de cette demande d’inscription. La fiche d’inventaire est disponible en ligne sur le site « Patrimoine culturel immatériel » du ministère de la Culture, dans la rubrique « Rituels » en cliquant ici. Elle est également disponible en ligne sur le site du PCI de Bretagne Culture Diversité via ce lien.
Vous pouvez aussi la télécharger en cliquant sur le bouton ci-dessous :
Au titre de cette reconnaissance, les détenteurs de ces pratiques immatérielles inscrites pourront faire usage d’un emblème dédié estampillé «Patrimoine culturel immatériel en France ». Nous y reviendrons dans une publication prochaine, mais n’hésitez pas à solliciter en ce sens BCD / Sevenadurioù (et en particulier Julie Léonard qui a porté ce projet). Précisons que
Nous vous invitons à faire circuler l’information dans vos réseaux et votre entourage pour que les personnes qui font vivre les pardons au quotidien soient au courant de cette reconnaissance institutionnelle.
L’inscription à l’inventaire national permet de prétendre à un classement au patrimoine immatériel de l’UNESCO, mais l’association Bretagne Culture Diversité, une fois qu’elle aura analysé les données et rendu ses conclusions, en restera là. En effet, pour envisager une telle inscription à l’UNESCO, il faut monter un dossier collectif, a rapporté Julie Léonard. Ce dossier ne peut pas être porté par une seule entité. C’est pourquoi, si des gens veulent se saisir de cette opportunité, BCD viendra uniquement en soutien, a-t-elle précisé. Une idée à porter par les cinq diocèses bretons ?
Ce travail scientifique, répertoriant de manière exhaustive les pardons existant encore aujourd’hui, vise à mieux comprendre la place des pardons dans la société, la dimension spirituelle et sociale de ces pardons aujourd’hui, notamment par le travail des bénévoles de chaque comité de chapelle, ou encore la nature des festivités profanes si elles sont encore d’actualité. Cela aura produit une très intéressante base de données que nous avons pu découvrir, ressource qui sera accessible au public par la suite, dans l’idée de continuer le partage et la transmission.
Si Ar Gedour & Kan Iliz ont été associé à ce chantier, nous en profitons pour vous rappeler que d’ici peu, l’un des autres projets évoqués dans la fiche, à savoir Skol ar Pardonioù, débutera d’ici quelques semaines.
Retour sur le projet
Dans le cadre de l’inventaire participatif du PCI que Bretagne Culture Diversité réalise depuis décembre 2015 en Centre Ouest Bretagne, les pardons, par leur nombre et leur diversité, sont apparus être un élément très vivant de ce qui faisait patrimoine pour les habitants du territoire. Or, des pardons, il s’en organise un peu partout en Bretagne. C’est ainsi qu’à partir de ce constat localisé, un travail sur le sujet a été démarré durant l’été 2017 à l’échelle régionale avec l’objectif d’inscrire, par le biais de la réalisation d’une fiche d’inventaire, les pardons et troménies à l’Inventaire national du PCI. Cette fiche d’inventaire est l’occasion de proposer une synthèse pluridisciplinaire contemporaine qui croisent histoire, ethnologie et histoire de l’art.
Une coordination régionale
Sujet qui passionne autant qu’il inquiète, notamment face à la fragilité d’un certain nombre d’événements, ce projet a rejoint une série de réflexion et d’initiatives déjà existantes. Fin 2017, la conseillère municipale déléguée au patrimoine et aux métiers d’art à la ville de Quimper, Gwénaëlle Gouzien, souhaitait lancer une réflexion sur ce qu’il conviendrait d’initier pour valoriser les pardons encore très suivis sur la communauté d’agglomération. De son côté, le diocèse de Quimper et Léon avait lancé le recensement des pardons organisés dans le Finistère. Et l’Académie de musique et d’arts sacrés de Sainte-Anne-d’Auray, sous la houlette de son directeur Bruno Belliot, envisageait, quant à elle, l’organisation d’un colloque sur le thème des pardons bretons. Le sujet est d’actualité et suscite l’intérêt de divers acteurs, le projet d’une inscription à l’Inventaire nationale ne pouvait donc être mené que de façon concertée avec les personnes qui font vivre les pardons au quotidien. Coordonnée par BCD, une série de réunions régionales a ainsi eu lieu en 2018 et 2019 réunissant bénévoles des comités de chapelles, élus, universitaires, hommes d’Église, professionnels du patrimoine… L’occasion est ici donnée de remercier toutes celles et tous ceux qui ont participé à ces réunions ainsi que les six auteurs de la fiche d’inventaire.
Le travail se poursuit…
L’inscription des pardons à l’Inventaire national du PCI constitue la première étape d’une démarche qui entend recenser l’ensemble des pardons qui s’organisent chaque année en Bretagne. D’aucuns s’interrogent sur l’avenir des pardons sans avoir de données à l’appui, beaucoup sont celles et ceux à avoir un avis sur le sujet, sur la manière dont les pardons sont organisés, sur les menaces qui pèsent sur eux… mais qu’en est-il vraiment ? Quelle est la place actuelle des pardons dans une société où la pratique religieuse tant à diminuer ? Qui sont les bénévoles qui, chaque année, consacrent de leur temps à nettoyer, préparer et fleurir les chapelles pour que le pardon puisse être organisé ? Quelles sont les festivités proposées à la sortie de la messe, quand il y en a encore ? Si les pardons ont connu un regain d’intérêt dans la seconde moitié du XXe siècle, comme occasion pour les comités de récolter des fonds pour rénover les chapelles, quels peuvent être les projets collectifs aujourd’hui qui sauront emporter l’engouement de bénévoles toujours moins nombreux à une époque où le rapport au territoire et à la mobilité ne cesse d’évoluer ?
Autant de questions auxquelles l’inventaire exhaustif lancé au niveau de l’ensemble des communes de la Bretagne historique ambitionne d’apporter des éléments de réponses. À l’heure actuelle, ce recensement a déjà permis d’enregistrer un peu plus de 1 300 pardons encore en activité, témoignant du dynamisme de cette pratique bretonne. Et ce n’est pas fini ! Un tiers des communes doit encore être contacté pour une restitution finale de l’inventaire exhaustif qui sera présentée d’ici la fin de l’année 2020.
Pour participer, rendez-vous sur ce lien.
Source : BCD / Sevenadurioù
Article modifié et précisé le 11/05/2020 à 23h50