“La Bretagne devrait pouvoir entrer la tête haute dans les écoles”

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

(rediffusion d’un article du 10 juin 2015)

 

175.jpg“Quand j’entends dire maintenant que le breton fléchit dans certaines paroisses, que les familles ne s’en servent plus parfois pour lire la Vie des Saints et l’Evangile du soir, qu’elles exigent trop souvent la substitution du catéchisme français au catéchisme breton, que l’enseignement public pousse délibérément nos enfants dans cette voie, j’en souffre comme évêque breton, et je m’unis à mes prêtres, à nos maîtres, à nos maîtresses catholiques, pour réagir contre un tel désordre et je rappelle à tous ce que je disais un jour (NDLR : le 9 juillet 1923) devant une assemblée savante (NDLR : Société Archéologique) :

“C’est la langue qui révèle l’âme d’un peuple, qui garde sa personnalité, qui protège sa liberté, qui entretien son patriotisme, qui unit fraternellement le coeur de ses enfants, qui enrichit son patrimoine intellectuel, qui traduit bien tout ce qu’il y a de plus intime, ses convictions religieuses et ses affections de famille. Quand une langue a de tels titres de noblesse, et qu’elle possède des poèmes comme ceux du Barzaz Breiz, des chants populaires comme ceux des “quatre cantons” de Bretagne et des oeuvres religieuses, historiques, poétiques, dramatiques, comme celles qu’admirent aujourd’hui les juges les plus autorisés, elle devrait pouvoir entrer la tête haute dans tous les établissements scolaires. Elle y apporterait sa note d’équilibre et de vigueur, et ne nuirait en rien à la culture grecque et latine, car son style et sa pensée n’ont rien de nuageux, et la mélancolie qui parfois la caractérise n’a pas moins de charme pénétrant que celle d’Homère et de Virgile.”

En lisant ce discours, il est aisé de comprendre pourquoi certains se battent autant contre la langue bretonne, encore aujourd’hui : elle est encore contre vents et marées témoignage de l’âme d’un peuple. Cet extrait provient d’un discours de Mgr Duparc, évêque de Quimper et Léon, le 6 septembre 1928. Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’avons-nous fait de l’héritage séculaire de nos pères ? Ce texte n’a rien perdu de son actualité. Aujourd’hui, au grand dam de la langue française, les ministères mettent à mal le latin et le grec, tout comme hier ils ont cherché à dépouiller la Bretagne de ce qui faisait son âme propre. Aujourd’hui, la société voit le mal qui ronge les bases mêmes des nations, mais semble ne point sortir de sa torpeur. 

Yann-Ber Calloc’h (aka Bleimor) disait : “Apprends-moi les mots qui réveillent un peuple, et j’irai, messager d’espérance, les redire à ma Bretagne endormie.” Les témoignages divers que nous exhumons de nos archives, qui ne datent pourtant pas d’hier, aideront-ils au réveil ? 

 

Crédit Photo : AR GEDOUR

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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