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Langue : Emglev Bro Karaez réagit aux propos de Pierre Maille

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Le breton est-il langue d’usage ou langue patrimoniale ? Charlie Grall, membre d’Emglev Bro Karaez, réagit aux propos de Pierre Maille, président socialiste du Conseil général du Finistère, dans ce communiqué.

Trugarez da Bénéat  – Source ABP

 

Avenir de la langue bretonne dans le Finistère

Le coup de poignard du socialiste Pierre Maille, président du Conseil général

Le président du Conseil général du Finistère, le socialiste Pierre Maille, vient de donner un coup de poignard supplémentaire à la langue bretonne et à son avenir comme langue d’usage et de communication. Répondant à des questions du journal Ouest-France (5.6 janvier 2013), l’ancien maire de Brest, originaire de Fréjus, vient de résumer à sa manière, avec le cynisme qu’on lui connaît, la façon de penser des socialistes finistériens. Au moment où la question d’une véritable télévision bretonne est en débat et la position de la Région particulièrement ambigüe, cette déclaration sonne comme une déclaration de guerre contre ceux qui espèrent encore une reconquête linguistique en Bretagne. Une fois de plus, Pierre Maille fait preuve d’un profond mépris envers ceux qui depuis des dizaines d’années se battent pour promouvoir le breton.

« Quel est l’objectif (du Finistère) pour la langue bretonne ? », lui demande le journaliste.

« Si l’objectif est de dire : on a une langue dont les locuteurs sont en voie de disparition et que nous voulons la maintenir car c’est un patrimoine collectif, au moins faire de l’initiation et de l’enseignement, maintenir une présence dans l’espace public. Ou bien l’objectif est d’en faire une langue d’usage comme le catalan ou le gallois. Moi, clairement, je dis que nous ne sommes pas dans l’objectif de la langue d’usage. Je pense que cela demanderait des moyens énormes en communication, média, etc… C’est une langue qui a déjà disparu en tant que langue d’usage, à part pour un nombre réduit de locuteurs », affirme le président socialiste du Finistère. Cette déclaration politique a le mérite de la clarté. Elle est aux antipodes de ce qu’il faut pour le breton et s’apparente à simple accompagnement thérapeutique de fin de vie. Elle ne manquera pas de faire réfléchir celles et ceux qui souhaitent au contraire que la langue bretonne puisse trouver toute sa place dans la société et qu’elle bénéficie du soutien et de la place d’une langue de communication au même titre que le français. Avec Pierre Maille et les socialistes qui le suivent sur cette ligne (et ils sont nombreux), c’est niet et deux fois niet.

Permis d’inhumer

Nous savons tous que les médias et notamment la télévision jouent un rôle primordial dans la reconquête linguistique. Que ce soit au Pays de Galles, en Catalogne ou au Pays Basque… la télévision a été à la pointe du combat pour redonner vie à ces langues plus ou moins menacées. Pierre Maille, sans hésiter, dit non à cette possibilité salvatrice. Il signe donc, et des deux mains, le permis d’inhumer ad vitam aeternam de la langue bretonne en refusant l’idée même d’un outil de communication à la hauteur d’une situation alarmante et critique. Certes, les socialistes supporteront ici ou là la présence symbolique de la langue bretonne dans l’espace public, une initiation dans l’enseignement à la limite… mais que cette dernière devienne véritablement une langue de communication et d’usage socialement ancrée lui est insupportable. On se demande pourquoi, dans ce même département du Finistère souvent montré en exemple, il y a maintenant plus de 30 ans, des femmes et des hommes ont donné de leur temps, de leur argent, de leur énergie… pour créer des écoles Diwan ? Pourquoi on a créé l’Office public de la langue bretonne ?

C’est là une prise de position politique majeure qui demande une réponse vigoureuse, tout aussi politique, tant l’état d’esprit qu’elle dénote va à l’encontre du fondement même de l’engagement de ceux qui refusent de voir la langue bretonne disparaître et militent pour sa survie. Il sera intéressant de lire dans les jours qui viennent les réactions des organisations politiques et culturelles bretonnes dont le moins qu’on puisse écrire, à cette heure, c’est qu’elles font preuve d’un silence assourdissant. Et notre regard ne se porte pas uniquement sur les membres de l’UDB considérés par certains comme les « supplétifs indigènes » du PS.

« Je vois passer chez moi plus de «chevaux couchés» que de «juments cabrées»… », écrivait en 1981 Anjela Duval. Par excès d’orgueil, Pierre Maille parviendra-t-il à faire sortir l’Emsav de la léthargie dans laquelle le maintient un système clientéliste bien huilé qui a pour unique but de le maintenir sous perfusion en attendant… la mort ? La question est posée.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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