Deux statues veillent de part et d’autre du maître-autel de la chapelle Notre-Dame du Kreisker à Saint-Pol de Léon, chapelle autrefois du Grand Séminaire du Léon : celle de saint Louis de Gonzague, mort à Rome à l’âge de 23 ans en 1591 après avoir porté secours à des pestiférés et de saint Stanislas Kotska, jeune prince polonais, fauché en 1568 à 18 ans alors qu’il gagnait le noviciat malgré la pression familiale… Et, plus loin dans un enfeu, se lisent les noms en lettres d’or de 101 collégiens du Léon morts pour la patrie lors du premier conflit mondial avec pour épitaphe : « Ils sont tombés pour nous ». Avec son armée de saints reconnus ou anonymes, l’Église a toujours été prodigue en dévouement lors des conflits, des catastrophes, des pandémies… Aimer c’était tout donner. Les élèves apprenaient cette règle simple. Et le peuple invoquait naturellement les saints pour faire rentrer les fleuves dans leur lit , « éteindre les feux avec l’aide du Seigneur » ou chasser les maladies à grands coups de prières, tocsins et processions…
C’était hier certes. Mais où est l’Église aujourd’hui ? Entend-on seulement sa voix quand chaque communiqué de la Conférence épiscopale semble assortie de l’excuse d’avoir exprimé une parole ? Quand les chrétiens franchissent la porte de l’église à la condition de n’y entrer qu’en nombre limité, aspergés de gel hydroalcoolique mais privés d’eau bénite. Masqués quand le christianisme est la religion du visage… Interdits d’assistance en nombre aux obsèques réduits à des enterrements à la sauvette. Inhumain.
Où sont les aumôniers dans les EHPAD transformés en prisons ?
Mère Teresa serait-elle emprisonnée aujourd’hui pour avoir secouru les malades du sida ? Et Saint Charles Borromée aurait-il connu une telle fécondité spirituelle s’il n’avait couru au-devant des pestiférés à Milan en 1576 ? J’entends bien toutes les objections au nom des lois républicaines, de la peur légitime ou de tout ce que l’on voudra. Je retiens un basculement de civilisation où le corps l’emporte sur l’Esprit. D’ailleurs, celui-ci a disparu depuis longtemps. Le spirituel n’est plus essentiel, assurent les politiques.
Autre continent, autre attitude. Au Cameroun, je découvre l’attitude très différente de Mgr Samuel Kleda, archevêque de Douala, qui fut mon ancien élève alors que j’enseignais dans ce pays d’Afrique Centrale. Il m’arrive de le rencontrer dans son archidiocèse et rendez-vous est déjà pris pour nous retrouver à nouveau dans quelques semaines à Douala. Au départ de la pandémie, il eut l’audace d’organiser, comme autrefois, ’une procession religieuse avec ses prêtres afin de « placer le pays sous la protection de la Vierge Marie » et « accompagner les chercheurs » dans la quête d’un traitement efficace pour éradiquer la pandémie. Des milliers de fidèles y prirent part. Un mois plus tard, il présentait sa solution, fruit d’une passion nourrie pour la phytothérapie, à savoir un remède à base de plantes appliqué, assure-t-il, avec succès à des dizaines de personnes contaminées…
Le prélat est un herboriste depuis la fin des années 1980 lorsqu’il assurait les fonctions de recteur d’un petit séminaire dans la région du Nord. « Nous avions des difficultés à trouver des médicaments pour soigner les enfants, raconte-t-il . C’est de cette manière que j’ai commencé à m’intéresser à la pharmacopée et à étudier les plantes ». Le proche avenir rendra son verdict : au sein de la communauté scientifique, le remède de l’archevêque, autre professeur Raoult, n’est pas unanimement partagé. L’Ordre des médecins appelle à la prudence en attendant les conclusions de la plateforme technique mise en place par le ministère de la Santé pour assister l’archevêque. Boirai-je de sa potion magique dans quelques semaines ? Si Dieu le veut…
Deo Gratias ! Il existe encore de bons évêques et de bons prêtres qui se soucient de l’Âme de ceux qui leur sont confiés. Sans oublier de soigner leurs blessures, ou maladies par les moyens que le Bon Dieu a créés : les plantes !
Merci à Philippe Abjean pour ce billet. La situation scandaleuse que doivent subir les catholiques actuellement est certes le signe d’un changement de civilisation préparé de longue date et qui a trouvé son déclencheur avec cette épidémie bien opportune. Mais c’est aussi la conséquence d’une négation de la destinée surnaturelle de l’ homme, et qui trouve ses origines depuis bien plus longtemps. Pour comprendre cela, lire les livres de l’anthropologue Michel Fromaget (« La Drachme perdue », « Corps, Ame, Esprit » etc…)
Ce sont peut-être les chrétiens d’Afrique qui vont nous montrer le chemin. L’exemple de Mgr Samuel Kleda devrait éclairer nos évêques (pas l’inutile conférence épiscopale) pour essayer de rattraper les dégats suite à la capitulation de l’an dernier.
Et en Afrique encore, un pays -la Tanzanie je crois- vient de refuser le vaccin OGM au bénéfice des remèdes traditionnels à l’efficacité prouvée. Malgré la volonté de Bill Gates d’imposer la vaccination à toute l’humanité, avec l’Afrique comme terrain d’expérience pour sa fondation…
Bravo pour ce message !
Excellent article. Si les vertus chrétiennes sont développées dans l’oraison et à l’exemple des saints, elles doivent se traduire dans nos vies par le courage et le bon sens dans l’action.
« l’ordre des médecins appelle à la prudence… » , certes!!! Et le remède des 4D (domicile, doliprane, dodo, décès) prescrit officiellement doit il être appliqué avec prudence?
Bravo l’ Abbé!