Je ne sais pas chez vous, mais chez nous il y a une « école du diocèse » ouverte à chaque « LEME », laïc en mission ecclésiale, ayant reçu de l’évêque une lettre de mission l’accréditant dans une tâche, pastorale ou non, bien précise.
Le but est de lui faire connaitre le diocèse au sein duquel il ou elle est appelé(e) à exercer son mandat, sa particulière richesse qui s’exprime notamment par le nombre de saints, connus ou moins connus, et sa culture bretonne, toujours aussi vivante, qui a donné à la Bretagne et particulièrement au diocèse de Vannes, sa caractéristique qui lui est propre.
Savoir notamment que le christianisme, de façon générale en Bretagne, et spécialement dans le diocèse de Vannes, s’est incarné depuis plus d’un millénaire et demi dans des hommes et des femmes qui ont témoignés, dans la culture qui était la leur, de leur foi et pratiqué leur culte au sein d’une nature rude et d’un environnement généralement hostile, sur terre comme sur mer – ar coët hag ar mor -, ceci avec des résultats divers et variés à l’image des hommes et des femmes de ces temps qui sont maintenant les nôtres.
Ils étaient tous, une bonne vingtaine d’hommes et de femmes, pour la plupart en charge d’enseignement au sein des écoles catholiques du diocèse, voire même des écoles publiques du département pour ceux qui exercent au sein de l’aumônerie catholiques des collèges et lycées, sous la férule éclairée de sœur Anne Marie Le Roch, à Ploërmel, chez les frères de l’instruction chrétienne (Jean-Marie de La Menais, 1780-1860 ) qui s’apprêtent à fêter, l’an prochain, le bicentenaire de leur fondation. (Ne pas confondre les « fic » avec les « fec » – frères des écoles chrétiennes du rémois « J-B de L » – « Jean Bedel », pour Jean-Baptiste de La Salle, 1651-1719)
Sous l’égide des abbés Georges-Henri Peres, archiviste et Frédéric Fagot, metteur en scène, les auditeurs et auditrices ont pu se familiariser avec un certain nombre de personnages qui ont contribués à façonner le visage du Christ incarné dans le diocèse de Vannes. Tous n’ont pas encore été portés sur les autels, mais leur vie reste édifiante pour nous, aujourd’hui.
En commençant par la sicilienne Avoye, cousine de sainte Ursule au III° siècle, puis Noyale, princesse écossaise et Cado, prince gallois au VI° siècle dont les statues trônent à la Vallée des Saints.
Viennent, bien plus près de nous, Catherine de Francheville (1620-1689), une des fondatrices de la Retraite, Jean Bernard (1617-1682) médecin et chapelain de l’hôpital d’Auray, la bonne Armelle Nicolas (1606-1671), non pas l’actuelle maire d’Inzinzac-Lochrist mais une digne représentante de ce qu’on a pu appeler l’école bretonne du mysticisme, le bienheureux Pierre-René Rogues (1758-1796), victime de la barbarie révolutionnaire, Gabriel Deshayes (1767-1841), entre autres cofondateur avec Jean Marie de La Menais des frères de l’instruction chrétienne de Ploërmel, le chanoine Louis Cadic (1857-1936) chevalier de l’ordre de Pie IX, chapelain de Ste Anne d’Auray et Job Le Bayon (1876-1935), prêtre et homme de théâtre.
Une constante chez tous ces personnages : ils parlaient le breton. Et pour ceux pour qui ce n’était pas la langue maternelle, eh bien, comme, à partir du mois de septembre prochain, les fonctionnaires territoriaux de notre département (O.-F. 23 janvier 2018), ils se sont mis à l’apprendre…. Ce qui est une toute autre démarche que celle visant à interdire de parler breton au profit de la seule et unique langue française !
Une autre particularité me parait être d’exercer outre leur devoir d’état, de prêtre en paroisse, par exemple, une activité annexe qui se révèlera un témoignage incomparable de la présence du Christ dans leur vie et celle de leurs contemporains. C’est de cette façon, qu’en effet, ils auront été « le sel de la terre ».
Après la guerre, la « grande », l’abbé Job Le Bayon, chevalier de la Légion d’Honneur, retrouvera sa cure de Bignan avant de prendre sa retraite à Colpo où il mourra, sans toutefois avoir retrouvé sa verve d’homme de théâtre incomparable qu’il était avant-guerre : après sa messe matinale, il passait le reste de sa journée au café ingurgitant force pastis jusqu’à ce que de braves consommateurs, pris de pitié, ne le ramènent chez lui.
Malgré cette triste fin, il reste un modèle pour ceux qui voudraient – et il y en a ! – faire revivre par le théâtre l’annonce de la « bonne nouvelle » aujourd’hui, au milieu des gens de chez nous, avec les « mystères » qu’il a écrites pour l’illustre « Théâtre populaire Breton » de sainte Anne d’Auray dont on a pu dire « l’œuvre de Le Bayon est plus qu’une œuvre d’art, c’est une bonne œuvre » (Abbé L Lohier in « annales de Bretagne et des pays de l’ouest », tome 66, N°4, année 1959, page 422)
Gageons que, parmi les participants à cette journée de formation à l’école du diocèse, se lèvera un futur Job La Bayon qui saura faire revivre sur les planches l’œuvre théâtrale de son illustre devancier pour le plus grand profit de la langue bretonne et de la religion catholique réunis et de tous ceux qui veulent se familiariser avec l’une comme avec l’autre…
Et pourquoi pas ?
(Re)découvrez nos articles traitant du théâtre populaire breton :
- Le théâtre populaire breton – 1, par Herry Caouissin
- Le théâtre populaire breton – 2 par Herry Caouissin
- A propos du spectacle historique « François Michart » par Yves Daniel
bravo à l’Abbé Le Bayon, plus vrai que nature !