Saints bretons à découvrir

LES CHANTS DE MESSE ADAPTÉS AU RIT ET A LA LITURGIE (3/5)

Vue d’ensemble de la messe
Amzer-lenn / Temps de lecture : 22 min

Nos articles concernant la liturgie sont visés avant publication. La rédaction d’Ar Gedour ayant déménagé en début de mois, la majorité des articles publiés en ce moment sont actuellement des textes programmés en amont. Cet article a été publié par erreur il y a quelques jours dans sa version non corrigée. Voici la version qui aurait dû apparaître à l’écran.

Le chant liturgique doit « coller » au plus près à l’action liturgique c’est pourquoi il est important de choisir le bon chant pour le bon moment : il ne convient pas de mettre un chant de communion en entrée ou un chant d’offertoire comme chant de sortie. Cela implique non seulement de la part du chantre ou du chef de chœur de bien connaître les différences entre chaque action liturgique, chaque rite de la messe (ou de l’office si on chante les vêpres) mais aussi d’analyser le texte d’un chant qu’il souhaite choisir. Rappelons-nous toujours qu’avant de chanter une mélodie on chante un texte !

Le lecteur est invité à lire la Présentation générale du Missel Romain et à s’en imprégner. En aucun cas cet article ne prétend se substituer à cette PGMR mais à donner des indications. En effet, il me paraît utile de présenter maintenant au lecteur les différents moments de la messe avec le chant qui lui correspond afin d’être sûr que le chant s’ajuste au rite et non l’inverse. Quelques précisions seront apportées afin de remédier à la détestable habitude qui consiste à transformer des paroles qui ne devraient pas l’être (c’est d’ailleurs le travail de l’AELF que de veiller à ce que les chants des prières liturgiques respectent scrupuleusement le texte… ce qui est loin d’être le cas aujourd’hui encore) :

I – Procession d’entrée :

Lorsque le peuple est rassemblé, tandis que le prêtre entre avec le diacre et les ministres, on commence le chant d´entrée (introït). Le but de ce chant est d´ouvrir la célébration, de favoriser l’union des fidèles rassemblés, d´introduire leur esprit dans le mystère du temps liturgique ou de la fête, et d´accompagner la procession du prêtre et des ministres, nous dit la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR). Il est évident qu’il est préférable (même si non obligatoire) que le chant d’entrée soit en lien avec la fête, le temps liturgique, le ou la Sainte fêté, et tenir compte des lectures du jour. Sachant que le psaume Judica me a normalement été déjà récité par le pieux prêtre dans la sacristie.

Exemples de chants :  « Chrétiens chantons le Dieu vainqueur » le jour de Pâques ou pendant le temps Pascal ; «  Seigneur Venez »   pendant le temps de l’Avent », « Peuple de prêtre » le jour de la Toussaint, « Tu es l’honneur » (le jour d’une fête Mariale) ou « Aimable Saint » le 19 Mars et le 1er mai pour honorer Saint Joseph. 

Il faut savoir que les chants d’entrée de nos livrets de nos livrets de paroisses sont répertoriés en A (suivi du numéro).

II – Acte pénitentiel & Kyrie

Le Missel indique quatre manières habituelles d’accomplir le rite pénitentiel :

  • Récitation du « Je confesse à Dieu » – Absolution – Kyrie
  • Bref dialogue (assez méconnu disons-le) imposé entre le prêtre et l’assemblée- Absolution – Kyrie
  • Litanie adressée au Christ, composées de 3 tropes (explicitation des raisons pour lesquelles on l’invoque et du refrain « Prends pitié de nous » ou autre semblable.
  • « Le dimanche (surtout pendant le temps pascal) on peut faire la bénédiction et l’aspersion de l’eau
    en mémoire du baptême. (PGMR 51) ».

Ce que dit la PGMR (n°52) : 

Après l’acte pénitentiel, on commence toujours le Kyrie eleison, à moins que cette invocation n´ait déjà trouvé place dans l’acte pénitentiel lui-même. Puisque c´est un chant par lequel les fidèles acclament le Seigneur et implorent sa miséricorde, il est habituellement exécuté par tous, le peuple, la chorale ou un chantre y tenant leur partie.

Chaque acclamation est ordinairement dite deux fois, mais cela n´exclut pas, en raison du génie des différentes langues, des exigences de l´art musical, ou en raison des circonstances, qu´on puisse la répéter davantage. Quand le Kyrie est chanté comme faisant partie de l’acte pénitentiel, on fait précéder d’un  » trope « * chaque acclamation.

Les rites qui précèdent la liturgie de la Parole, c´est-à-dire le chant d´entrée (introït), la salutation, l’acte pénitentiel, le Kyrie, le Gloria et la prière d´ouverture (collecte), ont le caractère d´une ouverture, d´une introduction et d´une préparation, nous dit la PGMR en introduction. Il s’agit de rites initiaux dont le but est que les fidèles qui se réunissent réalisent une communion et se disposent à bien entendre la parole de Dieu et à célébrer dignement l´Eucharistie. Cependant, il faut savoir que le Kyrie en lui-même est une acclamation au Seigneur miséricordieux et non un acte pénitentiel.

Dans la dernière édition du Missel Romain, parmi les formulaires il y a la triple invocation. Le Kyrie (dit farci) vient du rit gallican, et il faut savoir qu’il pouvait parfois durer 20 minutes. Il s’agit clairement d’une litanie.

Pour cette triple invocation, il est indiqué qu’on peut en choisir d’autres : «ces invocations ou d’autres». Il est préférable d’éviter l’usage des tropes, du genre « Seigneur Jésus envoyé par le Père pour guérir et sauver les hommes, prend pitié de nous ». On en arrive en effet à des abus liturgiques avec des phrases qui n’ont rien à faire ici.

Si le Kyrie est en français, il faut – nous le voyons – respecter scrupuleusement les paroles de ces litanies qui rappelons-le sont originellement en grec et non en latin (contrairement à ce que pensent parfois certains fidèles). Le Kyrie c’est donc : Seigneur prend pitié (2 ou 3 fois), O Christ prend pitié (2 ou 3 fois), Seigneur prend pitié (2 ou 3 fois) et rien d’autre. Comme nous le verrons plus loin pour l’Agnus Dei, on ne raccourcit pas la forme de cette litanie. Il est d’ailleurs très regrettable qu’aujourd’hui on réduise cette litanie à deux fois chaque invocation.  Considérant que «l’Eglise reconnaît dans le chant grégorien le chant propre de la liturgie romaine ; c’est donc lui qui, dans les actions liturgiques, toutes chose égales d’ailleurs, doit occuper la première place. Les autres genres de musique sacrée, mais surtout la polyphonie, ne sont nullement exclus de la célébration des offices divins[…]» (SC, §116), le Kyrie chanté en 3*3 (non tronqué) a donc toute sa place à la messe.

Rappelons simplement qu’en rit « Paul VI » tous les rites secondaires de pardon tiennent lieu de rite pénitentiel : ainsi, on omet le chant du kyrie le jour de la Chandeleur (le rite de la bénédiction des Cierges tient lieu de prière pénitentielle) ainsi que le Mercredi des Cendres (le rite de l’imposition des Cendres tiens lieu de prière pénitentielle). Lorsqu’il y a une procession en début de messe (par exemple durant les pardons en Bretagne) on omet le rite pénitentiel puisque la procession elle-même en tient lieu.

III –  Gloria :

Ce que dit la PGMR (n°53)

 Le Gloria est une hymne très ancienne et vénérable par laquelle l´Église, rassemblée dans l´Esprit Saint, glorifie Dieu le Père ainsi que l´Agneau qu’elle supplie. On ne peut jamais remplacer le texte de cette hymne par un autre. Le Gloria est entonné par le prêtre ou, si cela est opportun, par un chantre ou par la chorale ; il est chanté soit par tous ensemble, soit par le peuple alternant avec la chorale, soit par la chorale elle-même. Si on ne le chante pas, il doit être récité par tous, ensemble ou par deux chœurs qui alternent.

On chante ou on dit le Gloria le dimanche en dehors de l´Avent et du Carême, aux solennités et aux fêtes, ou encore dans des célébrations particulières plus solennelles

Il est nécessaire de respecter scrupuleusement les paroles de ce texte très ancien, Ainsi on supprimera les gloria du genre « Gloire à Dieu … pour tes merveilles Seigneur Dieu ». De même lorsqu’on chante le Gloria on évitera de prendre la première strophe comme refrain que l’on répète soit à la fin soit entre chaque strophe alternées, comme le Gloria de Lourdes.  Le Gloria étant une hymne il n’y a pas à avoir de refrain : le texte s’enchaîne sans répétitions. Cependant, cela se fait dans le rit gallican et est toléré dans le rit romain.

On omet de chanter le Gloria pendant les temps d’Avent et de Carême (sauf les jours de fête). Le Gloria de la messe des Anges (Messe VIII grégorien) outre la beauté et la simplicité de sa mélodie a l’avantage d’être encore assez connu du moins par les personnes d’un certain âge ou par les jeunes qui ne sont pas atteint de l’aversion maladive au latin et au grégorien hors messe tridentine.

III – Psaume graduel:

On utilisera de préférence la psalmodie responsoriale entre les deux lectures. Un refrain COURT chanté d’abord par le chantre ou la chorale puis repris par l’assemblée entre chaque verset ou sous forme psalmodique.

Il est préférable de respecter l’antienne du psaume, et de proscrire à tout prix les longs « refrains » qui n’apportent rien de plus si ce n’est de permettre au chantre de faire entendre sa belle voix ou de s’écouter chanter (cf mon premier article sur le chantre). Très souvent, le refrain de psaume reprend l’une des parties d’un verset du psaume en question. C’est ce qu’on appelle l’antienne.

Pour la partie psalmodiée par le soliste il est bon de ne pas se noyer dans un tas de mélodies psalmodiques dont certaines pourtant belles ne sont pas forcément facile à apprendre et à retenir. Je tiens à disposition de ceux et celles qui le souhaitent 5 tons de psaumes faciles à apprendre et à interpréter. Il faut que le refrain colle à la mélodie de la psalmodie en terme de tonalité. Pour cela il peut parfois être nécessaire de transposer la tonalité ou le mode du refrain dans la tonalité de la psalmodie. Quoi qu’il en soit la mélodie de la psalmodie (le nombre de stics) doit être choisie en fonction du nombre de strophe du verset. Il est souvent périlleux d’utiliser une mélodie à 4 stics pour un verset ne comportant que 3 strophes.

IV – Proclamation de l’Évangile. 

Chant du mot Alleluia (peut-être répété plusieurs fois pendant que le célébrant ou le diacre encense l’évangéliaire) et RIEN D’AUTRE ! Le verset alleluiatique (la phrase proclamée après l’alléluia) peut être chanté par le chantre sur un ton psalmodique sobre, qui devra s’accorder avec la tonalité ou le mode du chant de l’Alléluia afin d’éviter les dérapages vocaux dues à la difficulté de chanter un écart de note ou de ton trop important. Pendant le Carême le chant de l’alléluia est remplacé par des acclamations – les traits –  telles que : « Gloire au Christ, Parole/ Sagesse/ Lumière éternelle du Dieu vivant »…

V – Credo

Il est soit récité (symbole des Apôtres, de « Nicée-Constantinople » ou profession de foi baptismale quand cela s’avère nécessaire), soit chanté par exemple en latin (par exemple Credo I, III… VIII ou encore la messe royale de Dumont, pour ne citer qu’eux) : ce sont les seuls credo acceptables. Les autres ne sont souvent que des gloses totalement hors-sujet et hérétiques du genre « je crois en Dieu qui croit en l’Homme et qui fait chanter la vie» (la foi « bisounours » et le culte de l’Homme dans toute sa splendeur… ou son horreur plutôt).

VI – Prière universelle :

La prière universelle (plus exactement la prière des fidèles) doit s’adresser – à l’instar de la prière eucharistique – de manière privilégiée au Père, parfois au Fils… et c’est tout. Jamais cette prière ne s’adresse à un saint ni même à la bonne Vierge Marie.  La PU, basée sur la grande prière du Vendredi Saint,  est en lien direct avec la prière eucharistique et c’est pourquoi elle ne doit s’adresser qu’au Père et au Fils. Soit dit en passant, la PU n’est pas France Info…

Récemment j’ai pu entendre ici à Troyes un refrain de PU dont la mélodie est le début du cantique breton « gwerz ar seiz Sant » : « Écoute notre prière, Seigneur viens nous sauver ». N’oublions pas non plus « Seigneur entend la prière, qui monte de nos cœurs » (mélodie de « Evit digor miz Mari »). En Bretagne, le traditionnel Aotrou Doué, O Tad Santel sera aisément repris, tout comme l’adaptation en breton sur un air de Bach : Selaouit hor pedenn, Aotrou Doue santel.

VII – Offertoire :

Ce que dit la PGMR (n°74)

 La procession qui apporte les dons est accompagnée par le chant d’offertoire (Cf. n. 37b) qui se prolonge au moins jusqu´à ce que les dons aient été déposés sur l´autel. Les normes qui concernent la manière d’exécuter ce chant sont les mêmes que pour le chant d´entrée (n. 48). Le chant peut toujours accompagner les rites de l’offertoire, même lorsqu’il n’y a pas de procession des dons.

Même si cela n’est pas obligatoire, et si l’offertoire se prolonge, on peut privilégier l’orgue pendant la procession des offrandes et le chant pendant l’offertoire (de préférence un chant en rapport comme par exemple : O Dieu reçois, Sur la patène, Jesu dulcis memoria, Faites-nous manger, O Seigneur comment reconnaître. Pour des fêtes particulières ou en fonction du temps liturgique on peut chanter certains hymnes tel que : Rorate Caeli (temps de l’Avent), Attende Domine (pendant l’imposition des des Cendres), O Filii (temps Pascal). En Bretagne, Kinnigomp ar sakrifis ou En overenn e gennigan sont des cantiques de bon aloi.

Il n’est pas inutile de rappeler que l’orgue seul n’a pas droit de cité dans l’église durant le Carême.

VIII – Sanctus 

Les paroles doivent être scrupuleusement respectées ainsi on évitera les gloses qui n’ont rien à voir avec le texte originel rappelant l’union trinitaire. Il est essentiel que ce soit trinitaire. Les Sanctus des kyriale grégorien sont bons et beaux : pourquoi s’en priver ?

IX – Anamnèse

Elle doit si possible être prise dans celle proposée  par l’ordinaire de messe ( ce qui permet de garder une unité musicale) et doit en tous cas faire mention : de la mort, de la résurrection et du retour dans la gloire du Christ. L’anamnèse provient de la parole de Jésus « faites cela en mémoire de moi ». Rappelons que anamnésis veut dire « faire mémoire de ». En bref, elle doit s’adresser au Christ de manière directe. Par exemple « Christ est venu…  » est incorrect. « Tu es venu, tu es mort… serait correct ». L’anamnèse proclame le retour et non la venue du Christ  glorieux (cf Apocalypse 22, 20 ou 1 Co 16, 22). La monition « proclamons le mystère de la Foi » pour introduire le chant de l’Anamnèse doit être obligatoirement dite ou chantée par le prêtre et non par un laïc ou même le chantre !

X – Doxologie :

La doxologie est la fin de la prière eucharistique :  « Par Lui avec Lui et en Lui, à Toi Dieu le Père Tout-Puissant dans l’unité du Saint-Esprit ; toute honneur et toute Gloire pour les siècles de siècles » . On entend trop souvent les fidèles chanter la doxologie avec le prêtre. Rappelons que cette doxologie doit être chantée par le célébrant exclusivement. L’assemblée se contente de répondre par un Amen simple (ou triple, puisque toléré en rit Paul VI).

XI – Notre Père :

Les jours de fête ou de grande solennité il est important qu’il soit chanté. N’oublions pas la nouvelle traduction entrée en vigueur en décembre dernier « ne nous laisse pas entrer en tentation ».

Les mélodies sont variées mais l’essentiel est de réciter ou de chanter le texte tel que l’Eglise le proclame.

Quelques exemples : Notre Père grégorien, Notre Père de Rimsky-Korsakov (à adapter selon la nouvelle formule), Notre Père de Montserrat. Un autre mélodie composée en 2016 (pas encore éditée) peut s’utiliser en polyphonie comme en monodie : le Notre Père de la messe de Saint Nicolas (s’adresser à l’auteur de l’article pour obtenir la partition).

XII – Agnus Dei:

L’invocation Agnus Dei (Agneau de Dieu) est ordinairement chantée par la chorale ou le chantre, et le peuple y répond, ou bien elle est dite à haute voix. Cette invocation accompagne la fraction du pain et peut donc – en Paul VI – être répétée autant de fois qu´il est nécessaire jusqu’à ce que le rite soit achevé. La dernière fois, elle est conclue par les mots: dona nobis pacem (donne-nous la paix). Cela vient encore du rit gallican (et encore une fois cela pouvait parfois durer 20 minutes).

« Agneau de Dieu, agneau vainqueur… «  est un type d’Agnus « farci » typiquement gallican, qui fait transparaître la profondeur et la tristesse de l’Agneau de Dieu, soulignant l’aspect le plus profond de la liturgie. Il s’agit d’un chant toléré car il respecte le texte, tout en rajoutant des closules. Il n’est pas inutile de préciser que celui-ci a été composé par Berthier pour… l’abbaye de Kergonan. Il a aussi beaucoup composé pour Landévennec.

Cependant, on supprimera les faux Agnus qui ne respectent ni la forme, ni le texte, du genre : « la paix elle aura ton visage » ou encore « la paix oui la paix c’est le don de Jésus » complètement hors-sujet et inapproprié. A noter que le Pape François, par un décret publié en 2014 via la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a rappelé que le Missel Romain ne prévoyait pas les chants de paix et qu’il fallait les proscrire de la liturgie.

XIII – Communion des fidèles :

Le rit Paul VI dit qu’il y a un chant de communion ou un chant de post-communion, mais pas les deux. Le chant de communion peut commencer au début de la procession de communion mais dans ce cas là il sera difficile au chantre de le diriger car une partie de l’assemblée sera dans la file de communion (elle ne fera peut-être pas attention à la gestuelle du chantre pour marquer le tempo) et une autre partie sera encore dans les bancs mais prête à sortir. Dans ce cas la présence d’une chorale est bienvenue car elle pourra chanter pendant la procession de communion sans avoir besoin de l’attention des fidèles. La chorale prendra soin de communier en premier pour ne pas avoir à précipiter la fin du chant parce que la file de communion est vide et que le prêtre les attend. De même le chantre communiera en premier. C’est d’ailleurs dans l’usus antiquor (il commençait à chanter l’antienne de post-communion).

Concernant les chants à utiliser pendant la communion ou au moment de l’action de grâce (lorsque le prêtre revenant d’avoir porté la communion purifie les ciboires et son calice, voir remporte le Saint Sacrement dans la réserve), fort heureusement le répertoire post-conciliaire offre de beaux chants qui par leurs textes et leurs musiques aident à l’action de grâce.

Dans son texte le chant de communion doit faire mention des bienfaits reçues par la Sainte Hostie ou du désir de l’âme chrétienne à goûter toujours plus au Pain de Vie. Il doit évoquer le désir du cœur à cœur eucharistique, le désir de vivre toujours plus en présence de Dieu et de l’aspiration du chrétien à goûter aux joies du « festin qui ne finira pas » dans les Cieux. Dans la musique, on privilégiera des mélodies calmes et méditatives ; calme et méditatif ne voulant pas dire « plate et nonchalante » et encore moins « mielleuse et sensuelle » (comme le sont hélas trop souvent les interprétations de nombreux chants du renouveau charismatique). A cet égard certaines hymnes grégorienne en usage pour les Saluts du Saint-Sacrement sont particulièrement approprié pour ce moment : Ave Verum, O salutaris Hostia, Adorote devote, O quam suavis, Pange lingua. On prendra soin de fournir les paroles en latin et en français de manière à ce que la « barrière de la langue » ne soit plus l’argument trop souvent invoqué pour mettre au rencart les chants latins. Fournir également la partition (même en écriture grégorienne) peut être très utile pour guider le chant des fidèles.

Quelques exemples de chant de communion : O prends mon âme, O Jésus quand tu t’abaisse, O Vrai Corps de Jésus, Moi si j’avais commis, Approchons-nous de la Table, Âme du Christ, Recevez le Corps du Christ, le voici l’Agneau si doux, Mon Sauveur je ne suis pas digne. En Bretagne : Kalon Sakret Jezuz, Kantik war ar gomunion, Deit oh ar en aotér, etc…

Même si cela n’est pas prévu par la liturgie Paul VI, il est bon – s’il n’y a pas de chant de post-communion – de laisser un temps de silence après la communion de manière à permettre que les fidèles puissent faire leur action de grâce en récitant des prières intérieurement. Bien souvent un chant superposé à cette prière intérieure perturbe cette dernière. Rappelons-le, la messe n’est pas une succession de chants « parce qu’il faut chanter à tout prix surtout les jours de fête ». Le silence rempli par une prière dite intérieurement peut lui aussi être liturgique : un temps de silence sera toujours plus pertinent qu’un mauvais chant. « Bien chanter, c’est prier deux fois » disait Saint Augustin.

XIV – Chant de sortie ou d’envoi :

Il faut savoir que les livres liturgiques, du moins en Paul VI – ne parlent pas du tout de chant d’envoi. L’envoi ayant déjà été fait par le prêtre ou le diacre, il n’y a pas lieu de rajouter un chant. Cependant, notamment en France, il y a cette tradition récente d’ajouter un chant à la fin de la messe. Quoi qu’il en soit le chant d’envoi doit être assez court, mais suffisamment long pour qu’il accompagne la procession du clergé et des servants de messe jusqu’à la sacristie. Il faut éviter de choisir des chants systématiquement entraînants sous prétexte d’évoquer l’allégresse. Rappelons encore une fois que le chant doit s’ajuster au rit et non l’inverse. Tel chant joyeux conviendra bien pour le jour de Pâques, un chant plus sobre pourra conclure la messe du Mercredi des Cendres ou de la commémoraison des défunts le 2 Novembre. Une sortie de messe dominicale n’est pas forcément synonyme de joie exubérante, d’exaltation, de jubilation pas plus qu’elle ne doit avoir l’allure d’un enterrement. Tout est question de mesure, de discernement et d’adaptation à ce que l’on fête, ce que l’on célèbre.

Pour l’Avent on peut utiliser le célèbre « Venez Divin Messie » en choisissant un couplet pour chaque Dimanche de l’Avent.

Pour les fêtes Mariales il serait bon de reprendre les antiennes mariales du temps liturgique (Salve Regina, Alma redemptoris mater, Regina Caeli, etc… ) ou varier le répertoire du chant d’envoi car trop souvent on retombe sur les mêmes chants, parfois médiocres. C’est une manière d’honorer la Sainte Vierge qui, bien souvent en dehors de ses grandes fêtes est la grande oubliée de nos chants de messe. En Bretagne, reprendre la tradition de chanter l’Angelus en breton à la fin de la messe peut être une excellente idée. D’autant qu’il en existe plusieurs suivant les temps liturgiques.

Pour rappel :

-temps ordinaire : Salve Regina

-temps de Noël (jusqu’au 2 Février inclus ) : Alma Redemptoris Mater

-temps du Carême : Ave Regina Caelorum

-temps Pascal : Regina Caeli

Il faudra c’est préférable fournir à l’assemblée les paroles en latin et en français pour une meilleur compréhension du texte.

En général le chant d’envoi est suivi d’une pièce d’orgue pendant que les fidèles quittent l’église. On veillera à ne pas faire trop durer le chant final pour laisser l’orgue s’exprimer.

Pour résumer tout ce qui vient d’être dit dans cet article il est important de respecter les points suivants pour un chant de messe :

  • respecter scrupuleusement les paroles et la forme de l’ordinaire de messe (Kyrie, Gloria, Alleluia, Sanctus et Agnus

  • adapter autant que possible le chant aux rites de la liturgie

  • apporter une attention particulière au ton de la psalmodie et à la longueur du refrain de psaume

  • veiller à choisir un refrain de prière universelle court et mentionnent le caractère de demande d’intercession.

  • respecter les « mentions obligatoires » d’une anamnèse (mort, résurrection et retour du Christ)

  • veiller au caractère calme, paisible et méditatif du chant de communion

  • ne pas oublier les antiennes Mariales en guise de chant de sortie et choisir un chant assez court

Pour des chants en breton adaptés à la liturgie du jour et aux moments de la messe, rendez-vous sur le site KAN ILIZ

À propos du rédacteur Louis-Marie Salaün

D'origine bretonne,né en 1982 petit-fils d'écrivain catholique il est sensibilisé depuis l'enfance à la musique sacrée, la transmission et la défense de la foi. Il découvre tout jeune les cantiques bretons par le biais du duo bombarde et orgue (qu'il pratique aujourd'hui avec son beau-frère). Devenu sonneur de bombarde à l'âge de 26 ans il exerce en parallèle la fonction de chantre dans sa paroisse de 2003 à 2010, puis chef de chœur de 2 chorales paroissiales (ND de la Trinité à Blois en 2012-2013 et le Chœur St Nicolas à Troyes depuis 2015).

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Un commentaire

  1. Lorsque j’examine mon psautier, je constate qu’aucun psaume ne comporte de refrain ! alors pourquoi en inventer un ? différent dans chaque église… Et pourquoi lchanter le psaume ? la plupart du temps celui ou celle qui en a la charge ne sait pas le faire et le résultat est médiocre… c’est peu dire ! de plus depuis qu’on » chante » le psaume il est devenu incompréhensible alors que lu calmement in l’était… D’ailleurs pourquoi les traductions lues ou chantées sont-elle différentes selon la date d’édition en français ? Les comparaisons entre les traductions du livre de messe de mon arrière grand-mère, de ma grand–mère, de mon missel (j’ai 85 ans) et de ceux de mes enfants sont TRES différentes et souvent médiocre alors que d’excellents auteurs français on fait de bonne traductions qui sont totalement ignorées par nos liturgies

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