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LES LITURGIES CELTIQUES (1) : notions liminaires et sources

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

A l’occasion de l’ouverture du 50ème Congrès Eucharistique qui a lieu à Dublin à partir de dimanche, nous vous proposons de nous pencher sur les liturgies des Eglises Celtiques. Cet article reprend un passage de l’ouvrage LITURGIA par l’abbé Aigrain, publié en 1935. Voici la première partie d’une série complète concernant les Liturgies celtiques, que vous découvrirez sur votre blog préféré au fil des semaines à venir.

440px-Croix_celtique_de_Monastersboice.jpgLES CHRETIENTES CELTIQUES ET LEURS USAGES

Les liturgies que nous avons à décrire ici brièvement sont celles qui furent en usage dans les régions des Iles Britanniques où vivaient (où, dans de larges proportions, vivent encore) des populations d’origines celtiques et parlant une langue celtique.

D’après les particularités des idiomes parlés par ces populations, on les a divisées en deux groupes principaux : le groupe britonnique, comprenant les habitants du Pays de Galles, du Cornwall (Cornouailles) et de la Bretagne Armoricaine ; le groupe gaélique, formé par les populations gaéliques tant de l’Irlande que de l’Ecosse actuelle. Dans le Haut Moyen Age, les Irlandais étaient appelés en latin Scotti.

On sait que les chrétientés établies dans ces pays se sont longtemps fait remarquer par des particularités disciplinaires (Pâque, tonsure, etc) et par une organisation ecclésiastique assez spéciale (prédominance de l’élément monastique, grand dombre d’évêques non diocésains…). Leur tempérament religieux, les formes de leur piété, leur culture ascétique présentaient aussi des particularités frappantes. De même, les liturgies suivies dans les chrétientés insulaires diffèrent assez par certains côtés des autres liturgies latines de l’Occident pour qu’on ait jugé bon d’en traiter séparément.

LES LITURGIES DES EGLISES CELTIQUES

Toutefois ce n’est qu’au XIXème siècle, et seulement vers la fin du siècle, qu’on commença de parler d’une « liturgie celtique ». Chez Mabillon, il n’est question que de liturgie irlandaise (liturgia hibernica). De fait, c’est sur les rites irlandais que nous sommes le moins mal renseignés. Pourtant, depuis la publication de l’ouvrage de F.E. Warren, The Liturgy and Ritual of the celtic Church (Oxford, 1881) aujourd’hui vieilli, mais qui marque une étape dans cette section des études liturgiques, on a reconnu que cette dénomination était trop étroite, et on a préféré employer l’expression plus large de « liturgie celtique ». En 1908, M. Henry Jenner intitulait Celtic Rite son important article de la Catholic Encyclopaedia. Pour nous, nous avons rédigé en 1910, pour le Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie (t.II, 2è partie, col.2969-3032) un article auquel nous avons donné pour titre Celtiques (Liturgies), au pluriel.

Toutes les Eglises celtiques, en effet, ne possédèrent pas, au cours du MoyenAge, une liturgieliturgie,celtique identique. Ces Eglises subirent des influences externes diverses. On peut dire quelles se développèrent séparément, dans une large mesure ; elles adoptèrent à des dates différentes la Pâque et la tonsure romaines. Avec leur discipline propre, ces contrées perdirent graduellement leurs particularités liturgiques : la Bretagne Armoricaine dès le temps de Louis le Pieux (817), l’Ecosse probablement au XIè siècle grâce au zèle de la reine sainte Marguerite. Au XIIè siècle, la liturgie romaine fut introduite en Irlande par saint Malachie, archevêque d’Armagh, ami de Saint Bernard. Immédiatement après la conquête de l’île par les Anglais, le synode de Cashel (1172) enjoignit à toutes les Eglises d’Irlande d’adopter le rite anglo-romain. Voilà pourquoi nous préférons parler de « liturgies celtiques » plutôt que de « la liturgie celtique ».

LES SOURCES

Les deux principaux livres liturgiques, l’antiphonaire de Bangor et le missel de Stowe, sont d’origine monastique.

L’antiphonaire de Bangor est un recueil de cantiques, d’hymnes, de collectes, d’antiennes et de versets qui a dû être à l’usage de l’abbé du célèbre monastère de Bangor en Irlande, fondé par saint Comgall, et où saint Colomban reçut sa formation religieuse. La composition de ce livre se place entre 680 et 691.

Le missel de Stowe, auquel ont travaillé plusieurs scribes, fut probablement composé pour l’abbaye de Tallaght, près de Dublin, dans la première décade du Xè siècle. Ce manuscrit n’a pas été trouvé sur le continent, comme on l’a avancé ; il n’a probablement jamais quitté les Iles Britanniques. Après avoir été pendant quelques années la propriété du duc de Buckingham et Chandos à qui appartenait Stowe House (Buckinghamshire), puis du comte d’Ashburnham, il appartient depuis 1883 à la Bibliothèque de la Royal Irish Academy de Dublin (D;II;3). La meilleure édition est celle qu’en a donné G.F. Warner (Henry Bradshaw Sociéty, 2 vol : 1er vol : 1906, fac-similé ; 2è vol : 1915, texte).

Outre de bombreux fragments liturgiques découverts dans des manuscrits de provenance irlandaise, il faut encore mentionner spécialement deux recueils d’hymnes en latin et en irlandais conservés à Dublin et édités, comme le livre précédent et l’antiphonaire de Bangor, par la même Henry Bradshaw Society de Londres.

Photo : Croix Celtique de Monastersboice (Irlande)

 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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