Les « tableaux de dévotion » du presbytère de Pont-Scorff : Illustration des mystères de la Trinité et de l’Incarnation / la Sainte Famille

Amzer-lenn / Temps de lecture : 19 min

Les « tableaux de dévotion » sont des tableaux destinés à soutenir et nourrir la contemplation et la prière des fidèles, souvent une communauté religieuse qui en fait la commande, quelque fois un pieux et riche personnage, clerc ou laïc, souhaitant meubler sa chapelle domestique comme ses pensées.

Peu importe l’adresse de l’artiste : c’est le sujet traité qui prime. Nous sommes dans la période dite de la contre-réforme qui suit le concile de Trente clôturé fin 1563. A cette époque, mi-XVII° siècle, fleurit, spécialement en Bretagne, une école de spiritualité mystique particulièrement florissante dans le Vannetais.

Ce tableau-ci gisait, décloué et plié en quatre, tel une vieille serpillière, dans un coin de la sacristie de la chapelle de Lesbin (« iliz Aubin », l’église d’Aubin, le saint évêque d’Angers où il est décédé en 550 : Pont-Scorff dispute à Languidic l’honneur de l’avoir vu naître dans les années 468/469). La chapelle de Lesbin était, jusqu’à la construction de l’église du Sacré-Coeur en centre-ville, l’église paroissiale de Pont-Scorff et c’est toujours là, entourant la chapelle, que se trouve le cimetière communal.

Dûment répertorié au moment des inventaires, ce tableau n’était pas oublié de tous et la sagacité de l’Association des Amis des Chapelles, la volonté de la municipalité et l’adresse de la restauratrice on fait le reste.

Le résultat est visible au presbytère, place de la maison des Princes, aux heures d’ouverture : le matin.

I – Le mystère de la Très Sainte Trinité :

Voici ce que dit le Catéchisme de l’Eglise Catholique du dogme trinitaire :

  • 253 La Trinité est Une. Nous ne confessons pas trois dieux, mais un seul Dieu en trois personnes : ” la Trinité consubstantielle ” (Concile Constantinople II en 553 : DS 421). Les personnes divines ne se partagent pas l’unique divinité mais chacune d’elles est Dieu tout entier : ” Le Père est cela même qu’est le Fils, le Fils cela même qu’est le Père, le Père et le Fils cela même qu’est le Saint-Esprit, c’est-à-dire un seul Dieu par nature ” (Concile Tolède XI en 675 : DS 530). ” Chacune des trois personnes est cette réalité, c’est-à-dire la substance, l’essence ou la nature divine ” (Concile Latran IV en 1215 : DS 804).
  • 254 Les personnes divines sont réellement distinctes entre elles. ” Dieu est unique mais non pas solitaire “ (Fides Damasi : DS 71). ” Père “, ” Fils “, ” Esprit Saint ” ne sont pas simplement des noms désignant des modalités de l’être divin, car ils sont réellement distincts entre eux : ” Celui qui est le Fils n’est pas le Père, et celui qui est le Père n’est pas le Fils, ni le Saint-Esprit n’est celui qui est le Père ou le Fils “ (Concile Tolède XI en 675 : DS 530). Ils sont distincts entre eux par leurs relations d’origine : ” C’est le Père qui engendre, le Fils qui est engendré, le Saint-Esprit qui procède “ (Concile Latran IV en 1215 : DS 804). L’Unité divine est Trine.
  • 255 Les personnes divines sont relatives les unes aux autres. Parce qu’elle ne divise pas l’unité divine, la distinction réelle des personnes entre elles réside uniquement dans les relations qui les réfèrent les unes aux autres : ” Dans les noms relatifs des personnes, le Père est référé au Fils, le Fils au Père, le Saint-Esprit aux deux ; quand on parle de ces trois personnes en considérant les relations, on croit cependant en une seule nature ou substance “ (Concile Tolède XI en 675 : DS 528). En effet, ” tout est un [en eux] là où l’on ne rencontre pas l’opposition de relation “ (Concile Florence en 1442 : DS 1330). ” A cause de cette unité, le Père est tout entier dans le Fils, tout entier dans le Saint-Esprit ; le Fils est tout entier dans le Père, tout entier dans le Saint-Esprit ; le Saint-Esprit tout entier dans le Père, tout entier dans le Fils “ (Cc. Florence en 1442 : DS 1331).

Alors, quelle image donner de ce Dieu « trine » ?
Comment nourrir notre imagination et combler notre faim contemplative par une représentation orthodoxe de la Très Sainte Trinité sans tomber dans une représentation « trithéiste », contraire au principe d’unicité?
C’est le pari demandé aux artistes auxquels la seule image disponible est celle de Jésus, celui des Evangiles qu’annonce l’Ancien Testament : « gwir den, gwir Doué », comme on dit chez nous, vrai Dieu, vrai homme : le Christ, Fils du Dieu créateur dont il est dit que le 6° jour de la création, avant de se reposer le 7°, il fit l’homme « à son image et à sa ressemblance» (Gn 1, 26).
Le baptême de Jésus par Jean le Baptiste raconté par les évangiles synoptiques met en scène, outre le baptisé et le baptiste, une colombe figurant l’Esprit de Dieu et une voix venue des cieux qualifiant de «Fils » le baptisé. (Mt 3, 16-17 ; Mc 1, 9-11 et Lc 3, 22)

Alors, va pour la colombe pour représenter l’Esprit Saint. Mais la voix de Dieu le Père ?
Difficile de s’en faire une représentation ! Longtemps les artistes se contenteront de figurer une main bénissant sortant seule des nuées.

Ici, on a représenté, tout en haut, le buste entier d’un vieillard barbu émergeant des nuages, au milieu d’une nuée de petits angelots dont un groupe jette des fleurs blanches et rouges, la main gauche sur un globe bleu figurant l’univers créé et la droite désignant, sous la colombe, un jeune enfant d’une dizaine d’années : Jésus.

C’est la représentation traditionnelle de la Sainte Trinité ; la particularité, ici, est d’avoir représenté Le Christ sous les traits d’un jeune garçon, en tunique bleue, assis, le pied gauche sur un coussin vert, la main droite bénissant tandis qu’il tient de la gauche sur ses genoux un livre fermé.

C’est le jeune garçon, nous racontes Luc, qui « resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent (…) C’est au bout de trois jours qu’ils le retrouvèrent dans le Temple, assis au milieu des maîtres, à les écouter et les interroger. Tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur l’intelligence de ses réponses. » (Lc 2, 40-50)

Le livre qu’il tient fermé est la Bible, le livre de l’ancienne alliance : par sa passion, sa mort suivie de sa résurrection, il va en conclure une nouvelle, accomplissant ainsi la première devenue, en quelque sorte, obsolète, désuète, voire carrément dépassée.

Cette représentation originale de la sainte Trinité montrant un Christ enfant, appelle aussitôt celle du mystère de l’incarnation. Noël : Dieu fait homme, incarnation sans laquelle la rédemption sur la croix et la résurrection, Pâques, ne peuvent se produire. Et cette incarnation va se faire en passant par tous les stades du développement biologique depuis la conception, et ce que les biologistes appellent « mitose » et les théologiens « kénose », la naissance, l’enfance, l’adolescence etc… : Jésus n’est pas venu, tout habillé, sur terre à l’âge de 30 ans !

II- Le mystère de l’incarnation

  • Voici ce qu’en dit le catéchisme :
    « 461 Reprenant l’expression de S. Jean (” Le Verbe s’est fait chair ” : Jn 1, 14), l’Église appelle ” Incarnation ” le fait que le Fils de Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut. Dans une hymne attestée par S. Paul, l’Église chante le mystère de l’Incarnation : ” Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus : Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’anéantit lui-même prenant condition d’esclave et devenant semblable aux hommes. S’étant comporté comme un homme, il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et la mort sur la Croix ! “ (Ph 2, 5-8 ; cf. Liturgie des Heures, cantique des Vêpres du samedi saint).
  • 462 L’épître aux Hébreux parle du même mystère : « C’est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni oblation ; mais tu m’as façonné un corps. Tu n’as agréé ni holocauste ni sacrifices pour les péchés. Alors j’ai dit : Voici, je viens (…) pour faire ta volonté (He 10, 5-7, citant Ps 40, 7-9).
  • 463 La foi en l’Incarnation véritable du Fils de Dieu est le signe distinctif de la foi chrétienne : ” A ceci reconnaissez l’esprit de Dieu : Tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu “ (1 Jn 4, 2). C’est là la joyeuse conviction de l’Église dès son commencement, lorsqu’elle chante ” le grand mystère de la piété ” : ” Il a été manifesté dans la chair ” (1 Tm 3, 16). »

Alors, dans un savant dégradé, l’artiste nous donne à voir aux pieds du jeune Jésus, tout d’abord sa mère, Marie, en cheveux, robe rouge, manteau bleu, la main droite sur la poitrine, la gauche retenant sur ses genoux un livre ouvert, elle regarde son fils Jésus et sur le même plan, dans une attitude similaire, mais le regard tourné vers Marie : Saint Joseph, revêtu d’une blouse brune, ceinturée à la taille sur une chemise blanche ouverte, il tient de la main gauche une tige de lys blanc fleurie.

Cette représentation de saint Joseph est habituelle, le lys blanc est synonyme de pureté : il rappelle le bâton fleuri grâce auquel, selon la légende dorée de Jacques de Voragine, reprenant des évangiles apocryphes, il aurait obtenu la main de Marie.
« Joseph apporta son rameau ; et lorsque celui-ci fleurit aussitôt et qu’une colombe venue du ciel prit place sur sa pointe, il fut clair aux yeux de tous que c’était à lui que la Vierge devait être accordée en mariage » (Livre de la nativité de Marie 8, 4. « Écrits apocryphes chrétiens » collection de la Pléiade, tome I, page 157)

Sous Marie et Joseph, tout en bas, au premier plan, à gauche Sainte Anne, celle-là même qui est apparue à Yvon Nicolazic (1591-1645) dans son champ du Bocenno à Keranna en 1624, le 25 juillet, jour de sa fête. « Ne zousket ket : Anna, mamm Vari eh on mé ». Ne craignez rien : je suis Anna, la mère de Marie (René Le Honzec, « Keranna, l’histoire de sainte Anne d’Auray » Editions Ar Gedour, 2019, page 11)
Ici, elle est représentée, non pas en cheveux, comme sa fille Marie, mais en guimpe, les cheveux cachés par un voile qui la fait ressembler à une religieuse. Comme Marie, elle a sur les genoux un livre ouvert, vraisemblablement le même : la Bible que Jésus tient fermée. Ses mains sont jointes et, comme Marie, ses yeux sont levés vers son petit-fils, qu’elle prie intensément.

Le regard tourné vers elle, Joachim, assis de profil, lui fait face : barbu, la main droite sur sa canne, la gauche entre les jambes. Coiffé d’un bonnet rouge, il est richement vêtu d’un justaucorps bleu sous un manteau sans manche en velours imprimé du meilleur effet.

Ne cherchez pas dans les évangiles canoniques, aussi bien synoptiques que johannique, une quelconque allusion aux parents de Marie, c’est encore une fois la légende dorée tirée des écrits apocryphes qui va occuper notre imagination et celle des artistes.

« Les histoires des douze tribus racontent qu’un homme fort riche, Joachim, apportait au Seigneur double offrande, se disant: ” Le supplément sera pour tout le peuple et la part que je dois pour la remise de mes fautes ira au Seigneur, afin qu’il me soit propice. ” Vint le grand jour du Seigneur, et les fils d’Israël apportaient leurs présents. Or Ruben se dresse devant lui et dit: ” Tu n’as pas le droit de déposer le premier tes offrandes, puisque tu n’as pas eu de postérité en Israël. “
Joachim eut grand chagrin, et il s’en alla consulter les registres des douze tribus du peuple, se disant: ” Je verrai bien dans leurs archives si je suis le seul à n’avoir pas engendré en Israël! ” Il chercha, et découvrit que tous les justes avaient suscité une postérité en Israël. Et il se souvint du patriarche Abraham; sur ses vieux jours, le Seigneur Dieu lui avait donné un fils, Isaac. Alors, accablé de tristesse, Joachim ne reparut pas devant sa femme, et il se rendit dans le désert; il y planta sa tente et, quarante jours et quarante nuits, il jeûna, se disant: ” Je ne descendrai plus manger ni boire, avant que le Seigneur mon Dieu m’ait visité. La prière sera ma nourriture et ma boisson. “
Et sa femme Anne avait deux sujets de se lamenter et de se marteler la poitrine. ” J’ai à pleurer, disait-elle, sur mon veuvage et sur ma stérilité! ” Vint le grand jour du Seigneur. Judith, sa servante, lui dit: ” Jusqu’à quand te désespéreras-tu? C’est aujourd’hui le grand jour du Seigneur. Tu n’as pas le droit de te livrer aux lamentations. Prends donc ce bandeau que m’a donné la maîtresse de l’atelier. Je ne puis m’en orner, car je ne suis qu’une servante, et il porte un insigne royal. ” Anne lui dit: ” Arrière, toi! Je n’en ferai rien, car le Seigneur m’a accablée d’humiliations. Et peut-être ce présent te vient-il d’un voleur et tu cherches à me faire complice de ta faute. ” Et Judith la servante dit: ” Quel mal dois-je te souhaiter encore, de rester sourde à ma voix? Le Seigneur Dieu a clos ton sein et ne te donne point de fruit en Israël! “
Alors Anne, malgré son désespoir, ôta ses habits de deuil, se lava la tête et revêtit la robe de ses noces. Et vers la neuvième heure, elle descendit se promener dans son jardin. Elle vit un laurier et s’assit à son ombre. Après un moment de repos, elle invoqua le Maître: ” Dieu de mes pères, dit-elle, bénis-moi, exauce ma prière, ainsi que tu as béni Sarah, notre mère, et lui as donné son fils Isaac. “
Levant les yeux au ciel, elle aperçut un nid de passereaux dans le laurier. Aussitôt elle se remit à gémir: ” Las, disait-elle, qui m’a engendrée et de quel sein suis-je sortie? Je suis née, maudite devant les fils d’Israël. On m’a insultée, raillée et chassée du temple du Seigneur mon Dieu. Las, à qui se compare mon sort? Pas même aux oiseaux du ciel, car les oiseaux du ciel sont féconds devant ta face, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même aux animaux stupides, car les animaux stupides sont eux aussi féconds devant toi, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort ? Non plus aux bêtes sauvages de la terre, car les bêtes sauvages de la terre sont fécondes devant ta face, Seigneur. Las, à quoi se compare mon sort ? A ces eaux non plus, car ces eaux sont tantôt calmes tantôt bondissantes, et leurs poissons te bénissent, Seigneur. Las, à qui se compare mon sort ? Pas même à cette terre, car la terre produit des fruits en leur saison et te rend gloire, Seigneur. “
Et voici qu’un ange du Seigneur parut, disant: ” Anne, Anne, le Seigneur Dieu a entendu ta prière. Tu concevras, tu enfanteras et l’on parlera de ta postérité dans la terre entière. ” Anne répondit: ” Aussi vrai que vit le Seigneur Dieu, je ferai don de mon enfant, garçon ou fille, au Seigneur mon Dieu et il le servira tous les jours de sa vie. “
Et voici, deux messagers survinrent, qui lui dirent: ” Joachim, ton mari, arrive avec ses troupeaux. Un ange du Seigneur est descendu auprès de lui, disant: “Joachim, Joachim, le Seigneur Dieu a exaucé ta prière. Descends d’ici. Voici que Anne ta femme a conçue en son sein”.
Aussitôt Joachim est descendu, il a convoqué ses bergers, leur disant: ” Apportez-moi ici dix agneaux sans tache ni défaut. Ces dix agneaux seront pour le Seigneur Dieu. Apportez-moi aussi douze veaux bien tendres et les douze veaux seront pour les prêtres et le Conseil des Anciens. Aussi cent chevreaux, et les cent chevreaux seront pour tout le peuple. “
Joachim arriva avec ses troupeaux. Anne l’attendait, aux portes de la ville. Dès qu’elle le vit paraître avec ses bêtes, elle courut vers lui, se suspendit à son cou et s’écria: ” Maintenant je sais que le Seigneur Dieu m’a comblée de bénédictions! Voici : la veuve n’est plus veuve et la stérile a conçu ! ” Et Joachim, ce premier jour, resta chez lui à se reposer. » (Protévangile de Jacques, I à V, op. cit. pp 81 à 86)

Elle le rencontra, précise l’évangile du Pseudo-Matthieu, à la ” Porte dorée “: l’art médiéval fera la part belle à cette scène qui rappelle quelque peu celle de Zacharie et Elizabeth, les parents de Jean, le futur Baptiste, décrite par Luc au début de son évangile, canonique, lui, et dont l’auteur du protévangile de Jacques a du s’inspirer :

« Il y avait au temps d’Hérode, roi de Judée, un prêtre nommé Zacharie, de la classe d’Abia; sa femme appartenait à la descendance d’Aaron et s’appelait Élisabeth. 6 Tous deux étaient justes devant Dieu et ils suivaient tous les commandements et observances du Seigneur d’une manière irréprochable. 7 Mais ils n’avaient pas d’enfant parce qu’Élisabeth était stérile et ils étaient tous deux avancés en âge. 8 Vint pour Zacharie le temps d’officier devant Dieu selon le tour de sa classe; 9 suivant la coutume du sacerdoce, il fut désigné par le sort pour offrir l’encens à l’intérieur du sanctuaire du Seigneur. 10 Toute la multitude du peuple était en prière au-dehors à l’heure de l’offrande de l’encens. 11 Alors lui apparut un ange du Seigneur, debout à droite de l’autel de l’encens. 12 A sa vue, Zacharie fut troublé et la crainte s’abattit sur lui. 13 Mais l’ange lui dit: ” Sois sans crainte, Zacharie, car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t’enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. 14 Tu en auras joie et allégresse et beaucoup se réjouiront de sa naissance. 15 Car il sera grand devant le Seigneur; il ne boira ni vin ni boisson fermentée et il sera rempli de l’Esprit Saint dès le sein de sa mère. 16 Il ramènera beaucoup de fils d’Israël au Seigneur leur Dieu; 17 et il marchera par devant sous le regard de Dieu, avec l’esprit et la puissance d’Elie, pour ramener le coeur des pères vers leurs enfants et conduire les rebelles à penser comme les justes, afin de former pour le Seigneur un peuple préparé. ” 18 Zacharie dit à l’ange: ” A quoi le saurai-je ? Car je suis un vieillard et ma femme est avancée en âge. ” 19 L’ange lui répondit: ” Je suis Gabriel qui me tiens devant Dieu. J’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer cette bonne nouvelle. 20 Eh bien, tu vas être réduit au silence et tu ne pourras plus parler jusqu’au jour où cela se réalisera, parce que tu n’as pas cru à mes paroles qui s’accompliront en leur temps. ” 21 Le peuple attendait Zacharie et s’étonnait qu’il s’attardât dans le sanctuaire. 22 Quand il sortit, il ne pouvait leur parler et ils comprirent qu’il avait eu une vision dans le sanctuaire; il leur faisait des signes et demeurait muet. 23 Quand prit fin son temps de service, il repartit chez lui. 24 Après quoi Élisabeth, sa femme, devint enceinte; cinq mois durant elle s’en cacha; elle se disait: 25 ” Voilà ce qu’a fait pour moi le Seigneur au temps où il a jeté les yeux sur moi pour mettre fin à ce qui faisait ma honte devant les hommes. » (Lc 1, 5-25)

Joachim et Anne, les parents de Marie, comme Zacharie et Elizabeth, les parents de Jean le Baptiste ont vus leur patiente confiance en Dieu justement récompensée.

La composition du tableau en forme d’étoile à 3 branches des 7 personnages, incluant la colombe, mais pas les groupes d’angelots, donne à l’œuvre une structure bien originale, en « Y » renversé qui n’est pas sans rappeler le « bivium », symbole pythagoricien de la croisée des chemins et du choix nécessaire à effectuer pour continuer d’avancer dans la « voie droite » (ٱلصِّرَٰطَ ٱلْمُسْتَقِيمَ , aş-sirāţa al-mustaqīma ; Coran, sourate I, verset 6).

Ici, pas d’hésitation : le chemin qu’il convient de suivre est celui qui passe par Jésus, « la porte » (Jn 10, 9) « étroite » (Mt 7, 13), « le chemin » (Jn 14, 6) « resserré » (Mt 7, 14) qui mène vers Dieu.
C’est la voie montante, « Tout ce qui monte converge » disait le Père Pierre Teilhard de Chardin (1881-1955), jésuite, en conclusion d’une conférence donnée le 8 mars 1947. (« Œuvres complètes », Editions du Seuil, 1959, Tome 5, pp 240 à 243) et le point de convergence que, dans sa « noosphère », il désigne sous le nom de « point oméga » n’est autre que Dieu lui-même, personne éternelle, transcendante, indépendante et irréversible (« le phénomène humain », collection « points-essais », Le Seuil, 1970).

Par un soigneux effet de perspective, les fleurs, blanches comme la pureté et rouges comme le sang, jetées comme des grâces divines par le groupe d’angelots se répandent de plus en plus grosses à mesure qu’elles couvrent le plancher où se trouve l’enfant Jésus, puis le niveau de Marie et Joseph, d’ailleurs auréolés d’une surbrillance dorée à l’instar de Jésus et enfin, la base, celle où se situent Anne et Joachim dont les têtes restent indemnes de toute auréole.

On se surprend à vérifier si le sol du presbytère où nous nous tenons n’est pas lui aussi jonché de fleurs tombées du tableau ; nous aussi, en effet, nous bénéficions de grâces divines que l’on ne sait pas toujours apprécier à leurs justes valeurs…

Comme la contemplation de ce tableau.

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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5 Commentaires

  1. Le tableau est-il signé ? Sait-on qui en est l’auteur ?

  2. L’étymologie de Lesbin “Iliz Albin” (en breton Aubin se dit Albin, prononcé “Albinn” du latin Albinus, diminutif d’Albus, blanc) ne paraît guère pertinente. Il s’agirait plutôt de Les Albin. Le les ou lis est un toponyme très ancien datant du Haut Moyen Age. Il signifie cour, dans le sens cour seigneuriale, donc demeure seigneuriale, équivalent du latin aula : demeure enclose. Vue l’ancienneté de l’occupation du lieu, cette explication du toponyme serait plausible, si l’on prend l’hypothèse que ce soit le lieu de naissance de saint Aubin. C’est la thèse de l’abbé Luco, historien du XIXème siècle et membre de la société polymathique du Morbihan.

  3. Ul lec’h anvet Lesben/Lesbin e Lokeltaz/Plaodren…
    Ul liamm vefe ?..

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