“Oublier la langue bretonne ne serait pas un signe de modernité”

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Certains décideurs de l’enseignement oublient parfois (souvent ?) les indications et directives qui leur sont données. Ou parfois, les documents publiés s’enfoncent dans les abysses du net. Il est nécessaire alors de les ressortir et de les rappeler aux bons souvenirs, mettant alors ces décideurs face à une certaine incohérence ou à leurs responsabilités. Prenons l’exemple des quotas d’instituteurs, qui est une catastrophe pour l’enseignement bilingue (public comme privé). Comment expliquer que l’on ferme des postes d’enseignant bilingue (sous prétexte de quota) alors même que en 2001, un document paru au Bulletin officiel de l’Education Nationale et de la recherche, dit que : 

“L’article L. 312-10 du code de l’éducation a réaffirmé la possibilité de dispenser un enseignement des langues et cultures régionales tout au long de la scolarité dans les régions où celles-ci sont en usage. L’éducation nationale se doit de faire vivre ce patrimoine culturel, de veiller au développement des langues régionales et de contribuer à leur transmission. Oublier cette responsabilité ne serait pas un signe de modernité. Ce serait au contraire une perte de substance de l’héritage culturel national.” 

C’est très clair… et il importe donc de le rappeler aux recteurs d’académie et à ceux qui appliquent les dispositions qui vont à l’encontre de ces observations, d’autant que ledit document précise les modalités pour le développement de l’enseignement de ces langues :  

“L’enseignement des langues et cultures régionales favorise la continuité entre l’environnement familial et social et le système éducatif, contribuant à l’intégration de chacun dans le tissu social de proximité. Cet enseignement s’applique actuellement au basque, au breton, au catalan, au corse, au créole, au gallo, à l’occitan-langue d’oc, aux langues régionales d’Alsace, aux langues régionales des pays mosellans, au tahitien, ainsi qu’aux langues mélanésiennes (drehu, nengone, païci, aïje). 


“Les précédents textes concernant l’enseignement des langues et cultures régionales, et notamment la circulaire n°95-086 du 7 avril 1995, ont largement contribué au progrès de cet enseignement qui doit être consolidé. À cette fin, s’engage une nouvelle étape dans le développement des langues et cultures régionales au moment où est mis en œuvre, de l’école à l’université, un plan d’ensemble pour l’enseignement des langues vivantes.
 


L’enseignement des langues régionales constitue l’une des composantes de ce plan et à ce titre répond à ses principaux objectifs et orientations : contribution à la diversification linguistique, inscription dans la continuité des parcours des élèves, cohérence entre les différents niveaux d’enseignement.
 
Cette nouvelle étape doit être aussi l’occasion de concevoir et de mettre en œuvre l’enseignement des langues et cultures régionales dans une perspective d’ouverture à d’autres voisinages culturels et linguistiques.
 
Ces orientations prévalent également pour le développement de l’enseignement bilingue qui, compte tenu de ses particularités et quelles qu’en soient les modalités de mise en œuvre, fait l’objet de dispositions propres qui sont abordées dans deux circulaires complémentaires.”
 

Soit dit en passant, parmi les dispositions pour promouvoir les langues régionales en école élémentaire, il y a le point suivant qui nous interpelle : “l’enseignement des langues régionales peut être proposé au titre de la langue vivante dont l’étude est rendue obligatoire à l’école. Dans ce cas, en classe de sixième, les élèves se verront offrir l’étude d’une deuxième langue”. En clair, on peut proposer la langue bretonne de manière obligatoire dans nos établissements scolaires, comme nous l’évoquions dans l’un de nos articles. Comment se fait-il que l’on n’en entende pas parler et que les structures locales ne saisissent pas cette occasion ? 

Pour lire le document en entier, cliquez ici. 

 

Références document : 

ENCART B.O. n°33 du 13-09-2001

DÉVELOPPEMENT DE L’ENSEIGNEMENT DES LANGUES ET CULTURES RÉGIONALES À L’ÉCOLE, AU COLLÈGE ET AU LYCÉE 
C. n° 2001-166 du 5-9-2001 
NOR : MENE0101625C 
RLR : 514-6 ; 525-6 
MEN – DESCO A2

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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