
A l’époque romaine la ciuitas des Vénètes était limitée à l’ouest par le cours de l’ Ellé. Entre le cours du Blavet et celui de l’Ellé. Le Scorff, dont la source est en Mellionec (v.breton *Medlionoc, du v.celt. *Medio-lionâkon « mitan des versants », séparait le Pagus Sopeios (v.br. *Pou Heboi, «Pagus des points d’ eau»), du Pagus Uidukantos (v.br.Pou Uedkant, pagus forestier).
Dans le Pagus Sopèios, la divinité tutélaire était Sulis, déesse des eaux terrestres. Son sanctuaire devait être à Fetan-Maria en Plouay, commune qui lui doit son nom: v.br. Ploi Doe, de *Plêbs Dêas,« plebs, de la déesse».
Lorsque l’administration bretonne prit le relais du pouvoir romain, le cadastre ne fut pas affecté, mais la christianisation fut réalisée par la création de paroisses. Le clergé fut uniquement monastique: baeloc < baculâdus «porteur de bâton». Dans les pagi Sopeus et Uiducantus ces moines durent être de la congrégation de s. Gworthiern (dont fils et petit-fils sont présents dans l’ Arvor atlantique : ainsi au S-E de l’ embouchure du Scorff, Ploemeur, est dédiée à Memorius -breton Movor, gallois Myvyr, et souvent masqué sous le nom de Mamert-)
Les baeleion desservant églises paroissiales éloignées ne pouvaient regagner chaque jour l’abbaye-mère. Ils disposaient d’annexes, les moustoueriou (du grec monastèrion, v., v.gallois mustuir, où ils pouvaient pratiquer leur règle. En 785 le roi franc Pépin le Bref lança ses troupes à la conquête du pays vénète. Elles occupèrent Vannes et le port de Blavet, mais butèrent sur la résistance des Bretons et ne purent atteindre l’ Ellé ni le haut Blavet. Il y eut donc entre Blavet et Ellé une zone libre et une zone occupée. Celle-ci comportant une partie sud du Pagus Sopeius et une part moindre du Pagus Uiducantus. Cette zone est devenue par la suite le doyenné de Kemened-Heboe, nom dans lequel Kemened signifie «découpure». De même la zone libre fût plus tard le doyenné d’Ancien Régime de kemened-Gwegant. Dans les paroisses occupées, les Francs imposèrent l’observance cultuelle romani franque.
Erwan Vallerie (CBPA, 37) a bien exposé comment l’ ancienne paroisse de Plohair (*Plebs -Castri) avait été divisée, chaque part ayant une église, marquant une divergence d’observance. Le culte monastique régna, dans le bastion forestier vénète du Scorff et du haut Blavet, jusqu’ en 818. Morvan Wletic ayant péri, la Bretagne était occupée et subit le diktat religieux de l’empereur franc. Les moines d’Anaurot ne s’y soumirent pas, et de leur ordre ne subsista que le prieuré s. Gworthiern de l île de Groix qui, peut-être, hébergeait des Hommes du Nord.
Passionnant d’érudition!
Le mysterieux « Kemenet heboe » adapté en Fr. en »Doyennée des bois » (sic) ne pourrait-il contenir l’élément topographique gallois « Ebwy » qui se refère aux chevaux, notamment dans « Glyn ebwy » ( « Ebw vale » en Anglais ?