Dans la Germania de Tacite, historien bien informé, qui dénombre les peuples germaniques, situe leurs territoires et décrit leurs moeurs, il n’est pas question de Franci. Leur nom apparaît pour la première fois lors des Incursions ravageuses du milieu du troisième siècle qui mutent notamment l’ Armorique en ruines et perdition. Les Francs entrent dans l’ histoire comme essaims de pillards féroces et déchaînés.
Leur nom, Frankan, est une extension de la racine de frî, » libre « , par le suffixe -nk-, qui indique une caractéristique ou une capacité. Leur identité réside donc dans leur situation de liberté. C’est donc que cette caractéristique les différencie des autres Germains, qui appartiennent à des peuples obéissant à des coutumes et lois. Ils se sont affranchis de leurs liens ethniques ou ont été bannis pour avoir enfreint les lois ; et sont ainsi « verbannt » – forbans. Franc n’est pas un nom d’appartenance, il indique une non-appartenance. Les Francs se sont affranchis aussi de conventions sociales ethniques et inter-ethniques. Selon le constat de l’ historien Procope de Césarée (7ème siècle) » …quant à la confiance, ce peuple est le pire traître du monde « .
Les groupements francs ont été qualifiés, suivant les régions où ils se manifestaient. Sur le côté nord de l’embouchure du Rhin on trouvait les Franci Salii, nom qui s « explique par le celtique salion » embouchure » (v. Saliocanus Portus en Armotique et Hayle/Heil en Cornwall) » les Francs de l’embouchure « . Puis, faisant du génitif Salii un nominatif pluriel, on en a fait des » Saliens « .
Les groupes actifs sur la rive est du Rhin moyen furent appelés Ripuari, du latin Ripa » rive » et du germanique wari » guerrier « .
Les Francs entrent dans l’ histoire comme pirates, pillards. Ils forment des groupes de hors-la-loi, surtout des cavaliers, qui cherchent leur butin par surprise, en territoire romain et dans les villes marchandes de Germanie. Certains s’ engagent pour un temps comme mercenaires. Là où ils séjournent, ils extorquent un tribut des populations sédentaires, prennent des esclaves, des otages et finissent par assujettir des peuples entiers. D’autres forment des bandes de brigands de grands chemins, comme le cruel Chariatto.
Parmi les Germains exilés, volontaires ou non, de fortes personnalités ont fait carrière jusque dans la hiérarchie impériale. Tels furent Richomer et son neveu Arbogast, l’un et l’autre Magister Militum, commandant en chef des troupes de l’ Empire. Edobincus, apparemment à la tête du Tractus Neruicanus en 407. Ces » cadres supérieurs » devaient leurs positions à leurs capacités personnelles et non à une solidarité franque. Ils étaient libres de liens ethniques.
Au 4ème siècle les corps-francs mérovingiens gagnèrent en puissance et c’est au 5ème siècle qu’ ils se heurtèrent aux Bretons.
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* Ouvrages d’Alan Joseph Raude (linguiste, historien et hagiographe)
- L’origine géographique des Bretons armoricains. Série Etudes et recherches de Dalc’homp Soñj
- Ecrire le gallo : précis d’orthographe britto-romane
- Petite histoire linguistique de la Bretagne
- Introduction à la connaissance du gallo
- Liste des communes galaises du département des Côtes-d’Armor (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- Liste des communes du département de l’Ille-et-Vilaine (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- Liste des communes du département de Loire-de-Bretagne (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- Liste des communes galaises du département du Morbihan (avec la coll.de Jean-Luc Ramel)
- La Naissance des nations brittoniques – de 367 à 410 –, Ploudalmézeau : Editions Label LN, 2009
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