Retour sur la grande troménie de Locronan 2013

Amzer-lenn / Temps de lecture : 20 min

La grande troménie de Locronan, le dimanche 14 juillet

Un compte rendu de Daniel, marcheur du Tro Breiz

La grande Troménie, c’est tous les 6 ans et c’est cette année 2013, année impaire, divisible par 3… allez savoir pourquoi c’est comme ça !!, les autres années, l’année dernière et l’année prochaine c’était et ce sera la « petite » troménie : 6 km au lieu d’une bonne douzaine !!

Et ça dure toute la semaine : du dimanche 14 au dimanche 21 juillet, le chemin est ouvert, de jour comme de nuit, il y en a pour tout le monde, tous les goûts, allez savoir pourquoi, c’est comme ça !!

J’ai jeté mon dévolu sur le dimanche d’ouverture, le 14, fête nationale, jour du défilé militaire sur les champs Elysées et de la garden party au palais présidentiel, transmis par la télé ; j’avais pourtant bien hésité, vu la température caniculaire, à opter pour une troménie solitaire et nocturne, mais j’ai eu peur de manquer de couleur, de soleil, de gens… Je n’ai pas été déçu.

Première satisfaction : le jeune Nicolas C., le fils de nos hôtes qui passe ainsi ses vacances chez nous depuis plus de 10 ans, a répondu positivement à ma proposition de m’accompagner, délaissant les activités virtuelles qui sont maintenant d’usage chez les garçons de son âge.

Je ne lui avais pas masqué les difficultés : la marche, la soif, la chaleur, les offices religieux, rien ne l’a rebuté, pas même le départ programmé à 7 h le lendemain matin

A l’heure dite, il était fin prêt : en route pour Locronan, le soleil se lève sur une belle journée d’été, la voie rapide de Quimper est presque vide de véhicules, j’en profite pour traverser la belle préfecture du Finistère quasiment déserte et faire admirer à mon petit camarade, les flots tranquilles de l’Odet le long des quais et le soleil illuminant la dentelle des flèches de la cathédrale Saint Corentin.

Le monde appartient à ceux qui savent se lever tôt et profiter de cette belle journée encore toute neuve dont on ne sait pas encore de quoi elle sera faite : arrivé à Locronan, aucun problème pour trouver une place de parking, bien à l’ombre

Les estaminets sont encore fermés et seuls, commencent à s’affairer, les responsables, en tenue glazik et les ouvrier municipaux, en survêtements fluorescents, occupés à démonter la scène où s’est déroulée, la veille, devant le grand porche de l’église, le mystère de saint Ronan.

La porte est ouverte, je fais à Nicolas les honneurs du sanctuaire encore vide de fidèles, prenant le soin de bien faire le tour du gisant , lui expliquant les statues du chœur et la vie du saint ermite illustrée par les médaillons de la chaire, il m’écoute attentivement sans poser de questions.

Un petit café est bienvenu à la terrasse ensoleillée, puis nous nous dirigeons sur la place vers la boulangerie pour l’acquisition de notre déjeuner : pain, jambon, pâté, fromage, gâteaux ; très aimablement, la boulangère nous offre de conserver notre en-cas bien au frais pendant la cérémonie annoncée pour 10 h 30.

Dès à présent, la place commence à se remplir de monde : pardonneurs et pardonneuses en costume local, touristes de tous horizons, cannes nordiques en mains, en tenue estivale de randonneur et randonneuse, vraisemblablement plus confortable, mais bien moins seyante.

A 10 heures est prévu l’accueil des croix et des bannières ; de peur de n’avoir pas de place à l’intérieur de l’église nous nous faufilons vers le chœur ; la nef et les bas-côtés sont déjà noirs de monde ; nous arrivons à jeter notre dévolu près du buffet d’orgue, sur un banc qui n’apparait pas réservé, mais qu’au cours de l’office, long, nous céderons à des personnes plus âgées pour nous élever au-dessus du dossier sur un repli de granit, froid et rugueux.

Les hommes en costume bleu et velours noir viennent chercher les croix qui étaient placées derrière le maitre-autel : ce sont les croix de chacune des paroisses voisines qui vont être accueillies, avec les bannières, par la croix de procession de la paroisse de Locronan, la paroisse locale, la paroisse d’accueil.

Au bout d’un bon moment, après, sur la place, le baiser des bannières – que nous n’aurons pas vu – voici que s’avance derrière la croix de Locronan, la procession des croix et des bannières avec les représentants et représentantes de chaque paroisses voisines, tout ce joli monde se met à occuper, devant l’autel, les places qui leur ont été réservées.

Enfin apparait le clergé en habits sacerdotaux blancs aux belles broderies d’inspiration celte, les diacres en dalmatique, les prêtres en chasuble, je reconnais le Père Sébastien G, mon professeur de liturgie, et, cape sur les épaules, mitré et crosse en main, l’évêque de Quimper et Léon, Monseigneur Jean-Marie Le Vert lui-même, ancien élève de Ginette puis de l’Ecole Navale.

 

Après le mot d’accueil, le voici qui entonne – en breton – l’hymne dédié à Saint Ronan dont les couplets racontent l’histoire, sa conversion, son arrivée en Armorique, ses démêlés avec la méchante Keben, son âme damnée, sa mort et son enterrement, tous ses bienfaits, passés, présents et à venir : c’est d’ailleurs pour cela que nous sommes tous ici rassemblés … 

Si vous ne nous écoutez
Nous irons à genoux
 Nous plaindre sans cesse
Auprès de Saint Corentin

 

Ah mais !!  Monsieur Saint Ronan a intérêt à nous écouter et à exaucer nos prières, sinon, gare à DSC09384.JPGl’évêque de Quimper !

Nicolas me parait attentif au déroulement de la célébration, je lui explique la liturgie de la parole, puis l’offertoire, la consécration et la communion, nous n’en perdons pas une miette, ni lui, ni moi.

C’est, répété, le « ch’éma, Israël » du Deutéronome (6,4) : « cette loi n’est pas au-dessus de tes forces » (30,11), puis, le psaume 19 à la gloire de Yahvé, « soleil de justice », et l’épitre de Saint Paul aux Colossiens sur la primauté du Christ, « image du Dieu invisible » (1,15).

L’évangile de Luc donne, ce dimanche, l’histoire du bon samaritain avec la définition du « prochain » (10, 29-37), l’autre que moi, comme en écho à l’évangile du dimanche précédent et l’annonce de Jésus au monde par l’intermédiaire de ses disciples : « le règne de Dieu est tout proche de vous » (10,9), nous a rappelé Monseigneur Le Vert dans son homélie

La charité, après l’espérance et la foi, il y a 15 jours, « et pour vous qui suis-je ? », c’est Pierre qui a répondu pour tous les apôtres : « le Christ (l’oint) de Dieu » (10,9). Voici traitées en moins d’un mois les trois vertus théologales, riches sont l’enseignement de la parole, et le souci pastoral et pédagogique de l’Eglise de Vatican II.

La cérémonie se poursuit par la présentation et l’offrande du pain et du vin, « fruits de la terre et du travail des hommes », leur consécration en corps et sang du Christ et la prière eucharistique se conclut par un vibrant « amen ».

La communion est donnée en plusieurs endroit de l’église par les célébrants, puis la cérémonie se termine par l’angélus en breton : il est midi

Ni ho salud gant karantez
Rouanez ar Zent hag an Elez

Le soleil nous aveugle à la sortie, la foule est là, bien présente, les bannières sont portées haut, les croix brillent de tout leur or et argent ; il y a du monde chez la boulangère, mais je n’hésite pas à remonter toute la queue qui déborde sur la place pour récupérer notre « mainguion », comme l’on dirait du côté d’Issoudun.

Nous remontons la grande rue jusqu’au parking récupérer la gourde pleine d’une eau qui a su rester fraiche bien à l’ombre et nous voilà à la recherche d’un endroit confortable pour prendre notre repas.

J’avise une grande table de pic-nic, bien ombragée par un grand pin maritime, occupée par une dame toute seule qui m’explique que les places sont prises ; je me renseigne sur le nombre d’occupants présumés : « nous sommes 4 ! », m’annonce-t-elle ; je lui assure que, dès l’arrivée de ses amis, nous ne manquerons pas, Nicolas et moi de leur laisser toute la place.

Nous n’en avons rien fait, d’abord par ce que les 3 autres personnes arrivées alors que notre repas était presqu’achevé se sont avérées fort aimables et enjouées, il y avait en plus de Danielle, chargée de la réservation, Paulette, Monique et… j’ai oublié son prénom, toutes 4 en vacances à Douarnenez et puis, il faut dire, la table était largement suffisante pour nous accueillir tous les 6 ! …

DSC09406.JPGEn ramenant nos affaires à la voiture, je croise mon ami trobreizien : Jean-Yves, le Cipal, nous tombons dans les bras l’un de l’autre et partons prendre, de conserve, le café de l’amitié en attendant que la procession se mette en branle, le départ est prévu pour 14 heures, il fait très chaud.

Nous admirons les beaux costumes, peu confortables sous le soleil de juillet, une jeune femme en costume guérandais attends gaillardement la mise en marche devant la statue d’un saint guérisseur portée par des hommes en bagou braz, plus seyant et facile à porter en période de chaleur, nous ont-ils assurés, que le pantalon.

La bannière du tro-breiz est là, mais pas assez de monde pour la porter, pourtant le tro breiz semble s’être donné rendez- vous à Locronan : j’ai vu au moins deux voitures de la Turballe, celle du proc et celle du confrère nantais, ainsi qu’un membre du service de sécurité, un ouvreur, mais sans sa chasuble jaune, insigne de ses fonctions, très vexé, son épouse surtout, d’avoir été comparé, dans une de mes précédentes chroniques, au regard de sa tenue de service, aux « chiens jaunes » de l’aéronautique navale sans qui les avions ne voleraient pas … allant jusqu’à réclamer une mise au point que la familiarité de mes lecteurs avec l’aviation embarquée rend parfaitement inutile, voire totalement superflue.

Jean Yves, Nicolas et moi, emboitons le pas de la procession qui s’est mise en branle, nous insinuant juste derrière de belles dames portant l’image de la sainte vierge, nous descendons par un chemin creux, nous arrêtant souvent en raison, nous semblait il, des encombrements du passage, mais pas du tout, en fait, cette marche est loin d’être une randonnée sportive que j’imaginais pouvoir boucler en quelques heures : on s’arrête tout le temps, d’abord pour faire ses dévotions aux saints patrons des paroisses et chapelles voisines qui se sont tous donnés rendez-vous sur le parcours, puis ensuite pour écouter la lecture de l’évangile et son commentaire à chacune des 12 stations qui jalonnent le parcours.

Il y a ainsi , tout du long du chemin plus d’une bonne quarantaine de petites huttes de branchage décorées de fleurs d’hortensia qui ne tiendront  pas la semaine, tendues de draps blanc avec la statue du saint ou un reliquaire, un panneau explicatif vantant les spécialités médicales du thaumaturge. Un paroissien ou une paroissienne, des enfants souvent, attirent l’attention des pardonneurs par le tintement d’une petite clochette et tendent une assiette de faïence qui finit par se remplir de petits sous tirés de la charité du passant.

J’ai ainsi honoré Monsieur Saint Yves, mon saint patron, trouvé entre saint Even, de Kerlaz, qui guérit les fièvres et N. D. de Clarté, dont la chapelle de Plonevez-Porzay a été édifiée en mémoire d’un compagnon breton du roi de Pologne, Jean Sobieski, celui qui, à la tête des troupes de la saint ligue, obtint la levée du siège de Vienne et la défaite des troupes turques, c’était le 12 septembre 1683, sous le règne de notre grand roi-soleil : Louis XIV.

Jean Sobieski était le gendre de ma lointaine cousine, née Françoise de la Châtre, épouse de la Grange d’Arquien ; du coup, j’y ait été de ma petite pièce, écornant sérieusement mon capital, je n’avais pas prévu assez de monnaie …, il ne faut pas oublier de se remplir les poches avant de partir pour la troménie aux fins d’éviter de froisser quiconque.

Tout ça, c’était un peu avant la station consacrée à Sainte Anne la Palud, la procession s’était alors bien organisée ; devant : les pardonneurs en costume, les croix, les bannières, les statues, les reliquaires, et même la cloche de Saint Ronan, magnifique théorie de bretons et bretonnes en costume, puis, juste devant le clergé, la croix paroissiale de Locronan ,et derrière : le tout-venant, en costume de touriste estival, c’est-à-dire nous. Nicolas et moi ne nous sommes encombrés que d’une gourde pour deux, Jean Yves est harnaché comme le parfait trobrezien qu’il est avec son GPS portatif de responsable départemental des randonnées pédestres.

Entre les deux, trainés et poussés par des hommes forts, deux chariots acoustiques fonctionnant avec de lourds accus et surmontés chacun d’un grand hautparleur grâce auxquels les chants ou le chapelet ponctuant la marche seront entendus, ainsi qu’à chaque station, la lecture de l’évangile et son commentaire

J’allais oublié les tambours qui battent la marche pour encourager les marcheurs, comme à la bataille, mais sans les fifres ; pas de binious ni de bombardes, c’est comme ça

Les 3 premières stations étaient quasiment en ville : Saint Eutrope, l’évêque de Saintes, en Charente, Ecce Homo, le Christ aux liens et Saint Germain, l’évêque d’Auxerre dans l’Yonne

Avec Ste Anne, 4° station, nous quittons les frondaisons fraichement ombrées pour un large pré inondé de soleil où sont priés successivement, N.D. de Bonne Nouvelle, celle de la victoire de Jean de Montfort sur Charles de Blois à la bataille d’Auray, le jour de la Saint Michel – 29 septembre – 1364. Bonne nouvelle pour le vainqueur, le futur duc Jean IV, mais mauvaise nouvelle pour son challenger, neveu par alliance du précédent duc, Jean III : vaincu, il y trouva la mort ; sa canonisation échouera mais, en raison de sa piété sans faille, il sera déclaré bienheureux … en 1904 !

Puis c’est le tour de Saint Miliau, roi de Bretagne au VI° siècle, le père du jeune Saint Mélar  ou Méloir, auquel son vilain oncle avait fait couper la main et la jambe droite pour l’empêcher de tenir l’épée et de monter à cheval, et, partant, neutraliser ainsi un rival, mais les prothèses d’airain qui lui avaient été confectionnées grandissaient avec l’enfant…

Saint Jean, le long d’un joli petit ruisseau courant entre les hautes herbes le long d’une ligne de tremble, les brouettes sonorisées nous permettent d’entendre sans peine son évangile et le commandement du Christ : « aimez-vous les uns les autres », grâce à quoi, nous ne sommes plus ses serviteurs, mais ses amis (15, 12-16) !

Saint Guénolé, fils de Sainte Gwen, fondateur de l’abbaye de Landevennec et Saint Ouen, évêque de Rouen, sont célébrés aux 8° et 9° stations, au milieu des champs de blé ; se dresse maintenant devant nous la montagne de la forêt de Nevet, dont le nom évoque le nemeton, sanctuaire celte.

Lors de la traversée de la route de Châteaulin on est prévenu : ça monte dur !! Attention aux cardiaques, aux estropiés, aux femmes enceintes, bref, le principe de précaution et l’information claire et préalable fonctionnent à plein : nous sommes avertis, il y a une bétaillère qui monte par la route, tirée par un tracteur agricole.

Courageusement, bravant tous les dangers, nous entamons notre montée ; en effet, elle sera rude, ponctuée d’arrêts pour reprendre souffle. Tiens voici notre ami trobrezien Fanch qui, en bon fils, accompagne son vieux père encore bien vaillant ; je dépasse un ecclésiastique étouffant sous son aube, une femme en costume de Pont-Labbé, épuisée et pourtant les lourdes croix et les bannières déployées sont montées à bout de bras…

Nicolas, jeune cabri, grimpe sans peine et prends de l’avance, Jean Yves et moi sentons le poids des ans et des picons-bières, notre montée est plus pénible et plus lente, comme pour beaucoup d’autre

En avant hisse, et voici que la pente s’adoucit ; et tout en haut, on est accueilli par des bénévoles distribuant force eau fraiche particulièrement bienvenue : c’est le fameux Plas ar Horn, lieu de la corne, où se dresse la chapelle Saint Ronan qui offre, le temps de la pause, la chasse de ses reliques à la dévotion des courageux pardonneurs ; bannières et croix reposent sur les râteliers prévus à cet effet, les porteurs et porteuses se désaltèrent et reprennent  souffle

Monseigneur Le Vert prend place dans la chaire extérieure pour nous commenter le début de l’évangile de Mathieu sur Joseph et la grossesse de sa fiancée ; l’Ange du Seigneur le rassure,  lui demande d’accueillir la mère et l’enfant, un garçon qu’il nommera « Jésus », Dieu sauve (1, 18-23)

La procession se remet en marche, tranquillement selon l’ordre institué et nous emboitons le pas au clergé et aux chariots acoustiques pour redescendre sur Locronan, : malgré l’heure qui tourne le soleil est encore haut et la baie de Douarnenez nous apparait toute scintillante de reflets d’agent aux pieds de la presqu’ile de Crozon

Saint Theleau, à cheval sur un cerf, comme Edern puis Saint Maurice, des rives de la Laïta à la croix Keben, celle devant laquelle on ne se signe pas : elle marque l’endroit où la méchante femme a été engloutie dans les flammes de l’enfer, ce sont les deux dernières stations,  je me débarrrasse de mes dernières piécettes dans l’écuelle de Saint Tugen, dont la clé protège à la fois des chiens enragés et du mal de dent, on ne sait jamais, on n’est jamais trop prudent

Nous avions auparavant contournés la « gazeg vaen », la jument de pierre, devenue la « Kador Sant Ronan », la chaise de Saint Ronan, mais aucune femme en mal d’enfant ne s’est assise pour se reposer….

Déjà le haut clocher carré de Locronan perce au-dessus des arbres, nous traversons carrément un champ de blé dont les épis blondissent dans l’attente de la prochaine moisson ; alors je comprends pourquoi la mi-juillet, entre la fenaison et la moisson : je suis tel le propriétaire qui vient de faire le tour de son domaine avant la récolte, comme tous ceux qui m’entourent et nos pères avant nous, dans les pas de Ronan, mesurant la récolte à venir

Nous ne passerons pas sous les reliques de Saint Ronan pour entrer dans la chapelle du Penity où nous accéderons par la porte de côté afin de retrouver notre place du matin, mais le chœur est , cette fois, bien gardé et c’est debout que nous assisterons au salut du saint Sacrement

Après le « tantum ergo » et l’adoration, explose sous les voutes du vénérable édifice un retentissant « da feiz hon tadou koz » sortant de toutes les gorges déployées, malgré la soif et la fatigue

Feiz karet on tadou
Morse ni ho nac’ho 
Kentoh ni a varvo !, kentoh ni a varvo !, kentoh ni a varvo !

« Foi chérie de nos pères, jamais nous te renierons, plutôt nous mourrons ! » (trois fois)

 

Un des prêtres officiant a extrait du reliquaire deux côtes en argent et les offre à la révération des fidèles, comme le bras de saint Yves le jour de son pardon, nous prenons la file pour aller baiser avec respect la sainte relique.

Nous quittons les lieux au soleil couchant : il est 21 heure passées, nous avons achevé notre pèlerinage.

Nous ne manquons pas, Jean Yves et moi, avant de regagner nos foyer respectifs d’honorer cette belle journée en éclusant à la terrasse du bistrot de la place une excellente et fraiche Britt, sous le regard amusé de Nicolas.

Dans 6 ans, nous serons immanquablement vieux, mais Nicolas sera là avec les copains et copines qu’il aura persuadé de l’accompagner dans cette prochaine grande troménie ; de là où nous serons, nous marcherons avec eux comme nos pères l’ont fait avant nous et, encore une fois, la moisson sera belle au pays de Locronan, protégé par la vertu de Monsieur Saint Ronan

Dans moins de 15 jours nous nous retrouverons à N. D. des Grèves dans le quartier de Rocabey à Saint Malo pour notre marche annuelle, 125 Km, vers Dol puis Dinan ; Jean Yves aura terminé son tro-breiz ; pour ma part, je devrais encore patienter l’année prochaine 2014 qui m’emmènera de Dinan à Vannes sur le tombeau de Saint Patern que j’ai déjà honoré en 2010, lors du périple Ste Anne d’Auray – Nantes et jusqu’en 2015 pour revenir à Brangolo, mon  point de départ en 2008.

J’irai à Quimper chercher le diplôme qui sera remis le 31 juillet prochain, à mon ami Jean-Yves, en la cathédrale Saint Samson à Dol

Cette fois, la bière sera agrémentée de Picon bien frais, on ne se refait pas …

Nicolas a dormi tout le long du chemin de retour, la tête pleine de souvenirs et d’images que son appareil photo numérique, en panne de piles, n’aura pas su immortaliser à sa place, mais sa mémoire vive est plus sure que tous les supports informatiques du monde et il en sera toujours ainsi.

Le 21 juillet, la journée présidée par Monseigneur Yves Le Saux, évêque du Mans, né à Hennebont, aura été, pour la clôture de la Troménie 2013, aussi chaude et ensoleillée que le dimanche de son ouverture, le 14.

Nous n’y sommes pas retournés pour de multiples raisons, mais que les pardonneurs de la clôture sachent que ceux de l’ouverture ont bien pensés à eux, comme à tous ceux de la semaine.

Mais Il ne faudrait pas que les moissons et les pèlerins du Tro-Breiz souffrent d’un excès de canicule : un beau temps est un temps qui ne dure pas ! …

Ma n’or zelaouit ket
Ni ielo d’an daoulin
‘Vid en em glemm bepréd
Dirag sant Kaourintin

Crédit photo : Fabien Le Corre

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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2 Commentaires

  1. Oui, le 14 juillet, j’ai vu Monseigneur Le Vert, habillé des vêtements sacerdotaux (version Le Minor !), mitre en tête et crosse en main, partir courageusement, sous un soleil de plomb, faire sa Troménie. Chapeau Monseigneur !

    A noter, en relation directe avec cette Grande Tromémie, la parution d’un beau livre d’art : Locronan, la Troménie et les peintres, par Armel Morgant, Fanch Le Henaff et Donatien Laurent. Aux Editions Locus Solus. A lire absolument !

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