Le 1er décembre 2012, à la Faculté des Lettres de l’Université de Bretagne Occidentale (Brest) le lannionnais Bernard Lasbleiz a obtenu avec la mention « Très honorable » son doctorat en Celtique. Son étude avait pour titre : War-don… Les timbres des chansons et cantiques en langue bretonne du 17e au 20e siècle
.« War don… » signifie « Sur l’air de… » En effet, une grande quantité de chansons et cantiques bretons ont été composés, parfois anonymement, sur un air déjà connu du public : un « timbre ». De ce fait seuls les textes étaient publiés (le plus souvent sur feuilles volantes). Or ces « timbres » ne disent plus grand chose aux lecteurs d’aujourd’hui, d’où la frustration initiale du musicien qu’est Bernard Lasbleiz, frustration qui l’a conduit à mener ses recherches sous la direction de Daniel Giraudon. En somme : quels sont les airs originaux de ces chansons et cantiques, ou du moins quelles sont leurs plus anciennes mentions ? À côté du très célèbre « Ar Baradoz » (Le Paradis) qui a généré 54 cantiques ici répertoriés, existent des timbres sans doute à jamais perdus.
Il y aurait tant à dire encore ! En premier lieu il saute aux yeux que la religion tient une place primordiale dans le corpus étudié : il n’y avait pas de coupure autrefois entre l’expression de la vie et celle de la foi. De ce fait on pouvait écrire des cantiques sur des airs de complaintes, et vice-versa. Du coup, ce sont 5700 chansons ou cantiques qui ont été relevés comme ayant été composés « sur l’air de… » Le chercheur a identifié 1800 timbres différents, dont 50 sont majoritairement employés. Fait notable : le Barzaz-Breiz, recueil publié par La Villemarqué en 1839, sert de référence musicale à une composition, chanson profane ou cantique, sur 10 depuis sa date de parution.
. Par ailleurs la thèse met bien en évidence la popularité du chant dans la société bretonne d’autrefois, et grâce à Dieu le chant est encore bien vivant en Bretagne aujourd’hui !
Bernard ne recherche pas les honneurs : mentionnons cependant qu’il a été chaleureusement félicité par les membres du jury. Rien d’étonnant, car il y a de quoi être épaté par l’ampleur et la profondeur d’une telle recherche. Un honneur, en fait, pour la culture bretonne tout entière.
Bravo monsieur! J’espère qu’un jour votre thèse sera publiée pour le public. Que les cantiques bretons sont beaux à entendre et à jouer! Une telle lecture de leur passé serait très enrichissante.