Une lecture / Ur lennadenn
Sed amañ lennadenn eus al lizher d’an Hebreed, evit Gwener ar Groaz
Ur beleg-meur dispar hon eus : Jezuz Mab Doue, treuzet gantañ an neñv ; dalc’homp eta start d’ar feiz, rak n’hon eus ket ur beleg-meur dic’halloud da drueziñ ouzh hor sempladurezhioù, met amprouet eo bet eveldomp-ni e pep tra, nemet ar pec’hed. Gant hardizhegezh, kerzhomp eta war-zu tron ar c’hras, ma kavimp trugarez ha gras evit hor skoazellañ, bewech ma vo ezhomm.
Eñ a ginnigas e-pad e vuhez war an douar, pedennoù hag aspedennoù gant ur youc’hadenn greñv ha daeroù, d’an Hini a c’helle e saveteiñ eus ar marv. Selaouet eo bet en abeg d’e zoujañs da Zoue. Goude dezhañ bezañ Mab, e teskas diwar e boanioù petra oa sentiñ. Ha, deuet da vezañ parfet, ez eo ivez pennkaoz eus ar silvidigezh peurbadus evit ar re holl a sent outañ.
Hent ar Groaz / Chemin de croix
Un chant / Ur c’hantik
Le cantique Piu e rei d’em daoulagad est habituellement chanté durant la Semaine Sainte. Le style musical porte d’ailleurs parfaitement à ce moment fort de la liturgie chrétienne. Les paroles sont tout aussi fortes, remettant en perspective la raison de la mort du Christ : nous sauver !
Il peut être chanté à l’unisson. Il peut aussi être chanté en alternance avec un récitatif. La partition de Più e rei d’em daoulagad à 4 voix mixtes a été composée il y a plusieurs années par Goulven Airault pour les Gedourion ar Mintin.
Ar Gedour Actualité spirituelle et culturelle de Bretagne

Dans une vie il arrive que le calendrier réserve des surprises.
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Ce jour-là, à l’hôpital, en Bretagne, l’anesthésiste me dit : « maintenez le masque à oxygène ». Et son assistante, en charge du cathéter: « vous allez ressentir des sensations inhabituelles. C’est normal ». Je me concentre sur la perte de connaissance annoncée… C’est l’instant d’avant. Et puis…
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J’entends une voix masculine : « Monsieur, vous pouvez vous réveiller… ».
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Mes yeux s’ouvrent sans réticence. Je suis à la même place. Rien n’a bougé. Tout juste ai-je l’impression indéfinissable que l’éclairage solaire a un peu changé. Je réalise alors, étonné, que l’intervention a eu lieu. « Combien de temps suis-je resté endormi ? » demandai-je. « Environ quarante minutes » me répond le professionnel, tandis que le système de surveillance (prise de tension automatique à intervalle régulier…) continue de fonctionner…
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« Quarante minutes… » songeai-je…Maintenant, je suis dans l’instant d’après. Impossible de raccorder les deux instants mentionnés, celui d’avant et celui d’après. Ces quarante minutes, comme volées, échappent à ma conscience. Entre ces deux instants : UN BLANC DANS LE TEXTE de mon existence. A jamais.
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En attendant l’autorisation de sortie de l’hôpital, je parcours seul l’évangile bilingue breton-français que j’ai apporté avec moi, en prévision de ce processus de sortie, qui peut être un peu long.
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Je compare les différents évangiles du temps de Pâques. Tout à coup, une chose me frappe à la jointure des chapitres 19 (verset 42) et 20 (verset 1) de Saint Jean. Le chapitre 19 s’achève sur la mise au tombeau, le vendredi en fin d’après-midi avant le Shabbat. Le chapitre 20 s’ouvre sur la découverte graduelle du tombeau vide (Marie-Madeleine, puis Jean, puis Pierre) le dimanche de bon matin, c’est-à-dire à l’aube du troisième jour de cette séquence historique, unique, annoncée.
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Entre les deux versets : rien. UN BLANC DANS LE TEXTE. Les théologiens vous diront que c’est le moment de la descente aux enfers (au pluriel), c’est-à-dire au séjour des morts (le Shéol, un peu flou, des juifs), là où nos trépassés attendent depuis les débuts de l’humanité, la visite salvatrice. Comme cela est sculpté dans la pierre du Calvaire de Pleyben/Pleiben, par exemple.
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S’il fallait que Jésus meure, c’était précisément pour cette visite-là. Il fallait qu’il reçoive la mort, puisque Dieu, le vivant absolu, ignorant de la mort, est incapable de se plonger à son initiative dans les territoires de la mort. On ne le dit pas assez, ou pas assez clairement. D’où le « bienheureuse faute », formulation paradoxale, connue des Chrétiens.
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UN BLANC DANS LE TEXTE. Les Evangiles ne nous disent pas tout. Au soir du Vendredi saint, s’étend un grand silence, débute un Shabbat vertigineux. Que fit-il ? Je ne sais. Peut-être rien. Sinon peupler de sa présence vivante cet endroit jusqu’alors inaccessible. UN BLANC DANS LE TEXTE.
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Au sortir de l’hôpital, je n’irai pas au Chemin de Croix. Encore un peu choqué ou faible. Mais je me souviendrais, durablement de ce Vendredi Saint. Derc’hel a rin soñj eus Gwener ar Groaz er bloaz-mañ, a-dra-sur.
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Dans une vie il arrive que le calendrier réserve des surprises.
A-wechoù e c’hell c’hoarvezout souezhadennoù, e-kreizig ur vuhez, n’eo ket ’ta ?