En ce jour où nous commémorons ceux qui sont passés, où est célébrée Gouel an Anaon, nous vous livrons cet extrait de la page Facebook de Per-Vari Kervarec, talabarder dont nous avons déjà parlé sur Ar Gedour :
Dans la nuit des Trépassés les morts s’adressent aux vivants. Qui veut connaître la date de sa mort doit aller à l’ossuaire en cette nuit si particulière ou les morts énumèrent la liste de ceux qui vont rejoindre leur cohorte… Mais celui qui entend ce qu’il n’avait pas à apprendre peut devenir le premier nom de la liste, car nul ne peut entendre ce qui n’est pas prêt à comprendre.
« Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, bonne santé à vous, gens de cette maison; bonne santé nous vous souhaitons : nous venons vous mettre en prière.
Quand la Mort frappe à la porte, tous les cœurs sont frappés d’effroi ; quand à la porte se présente la Mort, qui la Mort doit-elle emporter ? Mais, vous, ne soyez pas surpris si nous sommes venus à votre porte : c’est Jésus qui nous envoie pour vous éveiller, si vous dormez ; Vous éveiller, gens de cette maison ; vous éveiller, grands et petits ; s’il est encore, hélas ! de la pitié dans le monde, au nom de Dieu ! secourez-nous.
Frères, parents, amis, au nom de Dieu ! écoutez nous ! au nom de Dieu ! priez ! priez ! car les enfants, eux, ne prient pas. Ceux que nous avons nourris nous ont depuis longtemps oubliés ; ceux que nous avons aimés nous ont sans pitié délaissés. Mon fils, ma fille, vous êtes couchés sur des lits de plume bien doux, et moi, votre père, et moi, votre mère, dans les flammes du purgatoire. Vous reposez là mollement, les pauvres morts sont bien mal ; vous dormez là d’un doux sommeil, les pauvres morts sont dans la souffrance. Un drap blanc et cinq planches, un bourrelet de paille sous la tête et cinq pieds de terre par-dessus, voilà les seuls biens de ce monde qu’on emporte au tombeau. Nous sommes dans le feu et l’angoisse ; feu sur nos têtes, feu sous nos pieds, feu en haut et feu en bas ; priez pour les trépassés Jadis, quand nous étions au monde, nous avions parents et amis; aujourd’hui, que nous sommes morts, nous n’avons plus de parents ni d’amis.
Au nom de Dieu ! secourez-nous ! Priez la Vierge bénie de répandre une goutte de son lait, une seule goutte sur les pauvres trépassés. Sautez vite hors de votre lit, jetez-vous sur vos deux genoux; à moins que vous ne soyez malades ou appelés déjà par la mort. »