Retour sur le Pardon de la chapelle saint Yves de Lignol

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Dimanche 16 juin 2019, fête de la Sainte Trinité

Nous sommes toujours dans le mois qui suit le 19 mai, fête de Saint Yves, de la Bretagne et des bretons. Et après Tréguier et Saint Yves-Bubry, c’est à Lignol que se déroule le pardon qui lui est consacré dans une jolie petite chapelle située dans la haute vallée du Scorff entre Lignol et Inguiniel, qui a reçu tous les soins d’un comité vigilant.

En réalité, c’est une double chapelle : les deux bâtiments, bien distincts, se rejoignent pour former un « T » : la chapelle domestique du château de Coscro, tout proche, consacrée à un Eon, peut être Eon de l’Etoile évoqué par le Père Stéphane Torqueau dans un livre à paraître aux éditions AR GEDOUR sous le titre « L’ermite et la comète ». Par assimilation phonétique, Eon a laissé la place à Iwan et c’est Monsieur saint Yves qui est encore aujourd’hui prié là : la rançon de la gloire !

Elle ouvre par un magnifique clocher porche qui vient d’être parfaitement rénové.

L’autre bâtiment, plus récent, qui lui est perpendiculaire est consacré à la Sainte Trinité. C’est là que la messe du pardon a été dite par le Père Jo Galerne devant une assemblée particulièrement recueillie et priante.

Chantante, aussi : il faut dire que la chorale était pas moins constituée par une bonne douzaine de chanteurs des Kaloneu Derv Bro Pondi, sous la conduite de leur chef de Chœur, Michel Morvan, un chœur d’hommes qui vient d’éditer un CD « trois siècles de chants sacrés en Bretagne ».

Et nous avons eu du goût à chanter avec eux les cantiques dédiés à Monsieur Saint Yves :

Eutru Sant Iwan beniguet

A lein en Néan hou sekouret

O patrom lan a garantez

Kleuet pedenn hou pugalez

 

Hag eit klosein an overenn

 

Nann, n’eus ket é Breiz

Nann n’eus ket unan

Nann n’eux ket ur Sant

Evel Sant Iwan

 

Entre les deux, le Gloria (Gloér, ô men Doué, d’ho karantez tiner !), l’Alléluia (melasion deoh, ô Aotrou Doué), le Crédo (avel hon tadeu, ni vo tud a feiz), la Prière Universelle (Aotrou Doué, ô Tad santel, cheleuet hor pedenn), l’anamnèse (re vo melet en Aotrou Doué) et le chant de communion (kalon sakret Jezus, kalon sakret men Doué) ont été chantés, comme il se doit, en breton.

C’est mon rédac’chef Eflamm qui va être content …. C’est vrai, on ne chante plus assez en breton sous prétexte que certains n’en comprennent pas les paroles ; mais si on chantait un peu plus en breton, on finirait bien par en comprendre mieux le sens et chacun y mettrait vraiment tout son cœur, tant la mélodie y est ancrée ! …

Il n’y a eu en français que la prière pénitentielle, le sanctus et l’agnus Dei, et encore, chantés sur des airs traditionnels anciens.

Ah ! J’oubliais : à l’offertoire, la chorale nous a donné le veni creator et le chant de pentecôte : deit ni ho ped, Spered Santel. Puis, après la communion, le célébrant ayant omis de lui céder la parole en temps utile, le Notre Père (ou plus exactement une paraphrase de la prière) en breton : hun Tad e zou én néan, ho hanu re vo melet, Ged en éled, er sent, en tud, en treu kroéet !

Une belle cérémonie, c’est Monsieur Saint Yves qui va être content.

Et les pardonneurs qui ont si bien chantés n’ont pas hésité à accompagner les membres de la chorale au pot de l’amitié qu’ils ont largement mérité !

Déjà, le Père Galerne nous a donné rendez-vous pour le 7 juin 2020 : nous y serons encore plus nombreux que cette année tant il est difficile de se refuser, tant au Père Galerne qu’à Monsieur Saint Yves

D’ici là les statues et images auront réintégrés leurs emplacements usuels désertés pour cause de rénovation !

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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2 Commentaires

  1. Merci pour ce bel article. Bine entendu, je me joins à vous pour déplorer le peu de place que l’on fait généralement aux cantiques bretons. Cependant, je dirais que le plus important c’est de faire entendre le breton comme une langue vivante, par exemple dans la prière universelle ou une lecture. La langue bretonne ne doit pas être mise au musée fusse-il liturgique. Il faut la faire entendre comme langue parlée et plus comme langue conquérante !
    Autre remarque concernant le chant grégorien lui aussi si abandonné : les cantiques bretons et le chant grégorien s’accordent à merveille comme l’avant remarqué le cardinal Sarah. Je pense que le chant grégorien doit toujours avoir sa part dans nos liturgies bretonnes. Tant pis pour les barbares qui ne chantent qu’en français !

  2. Bonjour, petite précision : le Pardon de St Yves Bubry se déroule non pas à Bubry, comme on le claironne souvent mais dans la commune de Saint-Yves. Qui fait partie, contrainte et forcée, de l’actuelle paroisse de Bubry ! Encore faut-il l’entendre dire par les paroissiens locaux, quelques-peu mécontents de cette fusion. Signalons également une splendide chapelle (ou église) dans laquelle il est permis d’admirer de très beaux souvenirs du saint patron breton. NB : Maître Yves Daniel, si vous le désirez je peux vous envoyer quelques photos sur lesquelles vous apparaissez, ce qui pourrait compléter votre album. Cordialement, Kenavo !!

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