Luce Loyant vient de décéder quelques semaines avant de célébrer ses 100 ans, après une vie totalement donnée pour la Bretagne.
Elle est partie discrètement, Luce, en ce 29 octobre 2024, quelques jours avant la Toussaint. Comme la petite dame qu’elle a toujours été et qui partout se faufilait sans se faire remarquer. Ceux qui ne la connaissaient pas se demandaient qui elle était, car elle était de toutes les fêtes bretonnes, de toutes les manifestations, de tous les événements. Dans le milieu breton, presque tout le monde la connaissait pourtant, car elle avait la Bretagne chevillée au corps. En 2009, toujours vaillante, elle avait encore encore participé à la finale vannetaise des éliminatoires du Kan ar Bobl qui s’était déroulée à Caudan.
Elle était la fille de Job Loyant, compagnon de route de Camille Le Mercier d’Erm à la création du premier PNB en 1911. Ne parlant pas très bien le breton mais le comprenant parfaitement depuis son enfance à Nantes, elle avait même tardivement pris des cours pour parler couramment la langue qu’elle chérissait tant. A tel point qu’elle avait bien fait parler d’elle dans les médias lorsqu’en 2014 GDF lui avait refusé un chèque rédigé en breton. Brezhoneg e peb lec’h ! Mais pas seulement, car elle était totalement tournée dans cette dimension Feiz HA Breizh. La foi en Dieu et la Bretagne avaient bonne place en son coeur, qui ne s’en est jamais départi même lorsqu’elle a rejoint sa maison de retraite en Loire-Atlantique. Feiz, pour elle, Soeur Claire-Joseph de son nom de religieuse au sein de la Congrégation des Petites Soeurs de St François d’Assise, au service des autres, en tant qu’infirmière. Breizh également pour elle, Luce Loyant, militante d’une Bretagne ardente.
En effet, toutes jeunes déjà, avec Madeleine sa soeur, elles étaient de grandes promotrices du journal Ololê, travaillant à sa diffusion. Elle avait également épaulé les débuts d’Ar Gedour. Elle soutenait également beaucoup les écoles Diwan. Luce avait également adhéré à de nombreux mouvements bretons depuis la fin de la guerre. Non par adhésion directe à la totalité des idées mais parce que pour elle, la Bretagne comptait avant tout : na gwenn, na ruz… Breizhad hepken !! Tu te battais evit Breizh et tu la soutenais au-delà de toute barrière !
Des souvenirs…
Quand j’étais gamin, je me souviens d’elle encore, la vieille dame (qui pour moi n’a jamais vraiment changé en plusieurs décennies) venant régulièrement chez mes parents dans sa 2CV et nous offrant affectueusement des bonbons légèrement poisseux qui avaient vécu la chaleur de la journée. Ramenant quelques salades qu’elle avait cultivées au naturel en bannissant tout engrais et pesticides… bien avant les écolos et Greta Thunberg. Et je la revoyais au fil du temps, lors des grands événements bretons ou parfois lors des veillées de prière avec musique celtique que nous organisions, à l’occasion des rendez-vous interceltiques ou au détour d’un fest-noz. Un personnage passionnant qu’il fallait absolument connaître mais qui aujourd’hui s’efface comme son histoire riche qu’ignorent les nouvelles générations.
Elle fait partie de ces grandes dames qu’aura pu compter la Bretagne, mais elle est partie vers l’au-delà, toujours aussi discrètement, en cette fin du mois d’octobre 2024. Kenavo deoc’h, Luce, ha trugarez vraz deoc’h a wir galon ‘vit o puhez evit Breizh. Et ce Kenavo, que tu chantais pour ton amie d’enfance Deneza Bricaud (Denise Cadat), avec qui tu étais allée à vélo à Rome pour le Jubilé de 1950, est désormais pour toi :
Lidet e vo obidoù Luce Loyant d’an 8 a viz Du 2024 da 10 eur hanter, en iliz Savenneg (Liger-Atlantel). Les obsèques de Luce Loyant seront célébrées le 8 novembre 2024 à 10h30, en l’église de Savenay (Loire-Atlantique).
Trugarez vraz, benos Doue Luce evit ar pezh a fes graet evidomp.
Trugarez vraz Luce
Gwenn