[BILLET D’HUMEUR] Bretons, où êtes-vous ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Il y a quelques mois, un événement religieux avait lieu comme chaque année en centre-Bretagne. Il n’y avait pas foule, mais ce qui est certain, c’est que plusieurs personnes qui se targuent d’être militants bretons n’avaient cure de la messe qui était proposée, mais étaient plutôt là comme militants. Un manque de respect certain quand on pense que cet événement était là notamment pour faire mémoire d’un prêtre mort pour Dieu et la Bretagne. Pas que pour la Bretagne, mais bien pour Dieu ET la Bretagne, les deux étant pour lui indissociables. Premier fait.

 

Deuxième fait : nombreux sont les jeunes qui s’impliquent dans les bagadoù, cercles celtiques… Nous les avons croisé dans les différents festivals de l’été. Mais où sont-ils le reste de l’année, outre les cours de musiques et entraînements ? S’impliquent-ils tous pour que vive la Bretagne en-dehors des beaux jours exposant leurs superbes atours ? S’intéressent-ils à l’Histoire du pays, à sa langue, à son patrimoine, à sa foi ?

Troisième fait, très récent : la fermeture de l’Ecole Diwan de Paris. Si certains déplorent la gestion de l’école, il n’en demeure pas moins que le nombre restreint d’élèves a eu raison de la structure. Et c’est le cas un peu partout, que ce soit dans les filières bilingues (privées ou publiques) ou dans les écoles immersives. Beaucoup de monde pleure parce que la langue bretonne se meure. Certaines statistiques disent que le bilinguisme se porte bien actuellement. Foutaises : il suffit de voir combien de classes se ferment ou se réorganisent, que ce soit dans le privé, l’associatif ou le public. Tous ceux qui se font les chantres d’un humanisme et d’un accueil à la diversité, que font-ils pour la langue bretonne ? Inscrivent-ils tous leurs enfants dans des écoles bilingues ou immersives ou participent-ils passivement à l’éradication d’une des richesses du patrimoine de l’humanité : le breton ?

Disons-le nettement : les gens ne semblent pas tant que cela tenir à la Bretagne puisqu’en privant la jeunesse de l’enseignement du breton, ils participent à la destruction de la langue. On a beau jeu d’aller aux journées du patrimoine, mais si c’est pour laisser mourir le patrimoine essentiel d’une culture -sa langue – quel sens cela a-t-il ?

Quant aux décideurs, font-ils vraiment tout pour que la jeunesse, avenir de la Bretagne, puisse appréhender de manière efficace son patrimoine linguistique, culturel, historique, religieux, ou se drapent-ils dans l’indifférence et le rejet passif, faisant parfois preuve d’un chauvinisme proche d’un nationalisme jacobin qui ne dit pas son nom.

Certains sont des fossoyeurs volontaires. D’autres sans le savoir. Les  faits évoqués ne sont que des illustrations récentes auxquelles nous avons été confrontés. Mais cela arrive bien plus souvent qu’on ne le croit.

Attendrons-nous que le cercueil du dernier bretonnant franchisse la porte du cimetière pour réagir ? Il sera trop tard. Alors…Bretons… où sommes-nous ? Arrêtons les jérémiades et réagissons ! Inscrivons TOUS nos enfants dans les écoles bilingues ou immersives de nos communes respectives (au-delà des barrières public/privé), inscrivons-nous en cours du soir pour apprendre la langue, parlons breton, engageons-nous dans les paroisses pour proposer du caté enraciné (dans le Christ mais aussi dans l’héritage nos saints fondateurs), impliquons-nous dans l’animation de manière à enfin retrouver des cantiques bretons à la messe (cantiques portant à la fois à la transcendance mais aussi à une certaine communion ancestrale), montrons que notre écologie culturelle (comme dit le Pape François dans Laudato Si) est à mille lieues d’une attitude fermée tendant à gommer les racines, et que notre démarche est d’avenir et non dans un jacobinisme ringard et mortifère.

Enfin, arrêtons de croire que la Bretagne se relèvera par des voeux pieux et en laissant de côté le religieux ! Tout est lié ! Car, comme le disait l’abbé YV Perrot, « si la France est tombée si bas, pour peut-être ne plus se relever,  c’est parce qu’en elle toutes les vertus chrétiennes se sont éteintes les unes après les autres. Si on veut restaurer la Bretagne, qu’on la construise sur la pierre angulaire qu’est le Christ : rien de durable ne se fera autrement », ajoutant que « nous ne pouvons concevoir une Bretagne qui ne serait pas chrétienne, qui ne serait pas bretonne car toutes autres voies ne seraient que des impasses. Un pays a aussi un corps et une âme. Le corps de la Bretagne, c’est sa terre, son peuple, son histoire, ses traditions, ses paysages. L’âme de la Bretagne c’est sa foi, et c’est cela qui est premier.  Il faudra s’en souvenir le jour où le foisonnement de ses activités culturelles semblera reléguer au second plan le combat pour la foi ; nous avons surtout à restaurer en Bretagne une grande tradition spirituelle ». Il n’y a pas plus clair !

À propos du rédacteur Tudwal Ar Gov

Bretonnant convaincu, Tudwal Ar Gov propose régulièrement des billets culturels (et pas seulement !), certes courts mais sans langue de buis.

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3 Commentaires

  1. Si on veut sauver le breton, il faut que chacun s’y mette… c’est vrai !
    Mais inscrire ses enfants dans les filières bilingues, c’est aussi se voir infliger des programmes et des méthodes aussi mauvaises qu’ailleurs. A choisir, j’ai préféré le hors-contrat pour mes enfants, hélas sans breton.
    J’ai appris le breton à l’âge adulte et j’espère que mes enfants suivront mon exemple… « à chacun, l’âge venu, la découverte ou l’ignorance… »

  2. Comme vous Anne, j’ai appris le breton sur le tard, je l’ai ensuite inoculé à Mammig, et les 4 enfants sont en écoles Diwan, bien qu’ils fussent tous bretonnants « de naissance. »

    En outre, je confirme, qu’il y a bien quelques pédagogols dans les établissements de Diwan… un peu moins qu’ailleurs peut-être quand-même ! — ret eo diwall diouzh ar re a ra gant ar gwenedeg dreist-holl, a gav din !!! 😉

  3. Ha perak éma ret diwall get er ré a ra get gwénedeg ?
    Gwahoh int aveit ar ré rall ? Int a zo ar « pédagogols » ?

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