Hier, j’ai eu le malheur de parler à table en breton à un proche à qui je m’adresse toujours en breton. Une phrase courte et banale du genre « passe moi l’sel ! » Il y avait ce soir-là un invité, qui parle un (tout petit) peu breton. Cette personne nous dit, en bref, que par politesse, on devrait parler en français pour s’adapter à ceux qui ne parlent pas le breton. Ce que je fais quasiment tout le temps ! On s’adapte constamment à ceux qui ne parlent pas le breton. Ar Gedour est ainsi : faire connaître la culture bretonne et sa place dans l’Eglise, le tout majoritairement en français, de manière à exercer une certaine pédagogie et à s’adresser aussi aux non-brittophones, en les encourageant à apprendre et à pratiquer la langue bretonne.
Ce n’est pas la première fois que j’ai affaire à ce genre de discours, mais là, ce soir, c’est le bouquet. Etre chez moi et recevoir des leçons de politesse : défense de parler breton (et de cracher par terre ?)
On s’adapte tout le temps, disais-je ! La vie courante est presque totalement francophone et, dans la sphère privée, par égard pour les autres, on doit encore taire notre langue ! La langue bretonne est presque morte, mais à ceux qui la font encore (sur)vivre, on leur demande de ne pas déborder. Un peu comme la religion et la laïcité : tu as droit de parler breton mais uniquement dans la sphère privée… et ne venez pas emmerder les gens civilisés avec votre breton ! Un coup de biniou de temps en temps pour amuser les touristes et un gwenn-ha-du que tu stickes sur ton coffre ou que t’agites lors d’un match ou des JMJ, c’est assez pour assumer sa bretonnitude. Le reste…
La majorité écrase la minorité, gentiment, sans vague, ou parfois avec violence et rejet… On traite encore ceux qui s’expriment en breton comme Bécassine :
« La langue française est majoritaire, alors tu fermes ta gu… et tu t’adaptes : tu vas chez des francophones, tu parles français. Normal ! Les francophones s’invitent chez toi et tu es prié de causer français. Aussi ! Par politesse… L’adaptation, c’est bon pour toi, le bouseux qui cause breton. Tu parles aussi le français, alors ton breton, t’es gentil, mais si tu pouvais te l’garder pour draguer pendant le Festival Interceltique… Le génie de la langue française, c’est tellement mieux et plus poli !
Alors, à l’adresse de ceux qui n’ont pas la chance de parler le breton et, tombant sur ce billet, se sentiraient visés :
… nous, bretonnants qui faisons à longueur de temps des efforts pour parler français en votre présence, pour vous traduire nos phrases même les plus insignifiantes afin d’éviter que vous ne vous sentiez exclus (ou parce que vous pensez à tort qu’on cause de vous), serait-ce trop vous demander de faire de votre côté un effort pour appréhender cette langue de la Bretagne où vous vivez, pour vous ouvrir un peu à la compréhension et à la beauté de la langue bretonne, et au moins nous permettre, même en votre présence, que l’on puisse vouloir communiquer en breton avec ceux qui comme nous participent à la sauvegarde de ce patrimoine en péril et transmettent cet héritage ancien aux générations futures. Cela sans constamment avoir à se justifier et à s’excuser.
Car, sachez-le : parler breton en votre présence, ce n’est pas vous exclure ! C’est vous associer à cette richesse que vous méconnaissez mais qui ne demande qu’à sonner à vos oreilles, à fleurir en vos mains et à se poser sur vos lèvres. Parler breton en votre présence, ce n’est pas vous priver de compréhension mais c’est vous aider à développer votre capacité de connaissance de la matière de Bretagne et vous ouvrir au monde !
Voici des citations de politiques « humanistes » concernant le breton. J’ose espérer que ces propos sont d’un autre âge … :
« Il faut extirper le dialecte breton, barbare relique d’un autre âge »
(Bienvenu-Martin, ministre de l’Instruction publique. Circulaire aux Préfets de Bretagne, 1905)
« Il y a un intérêt de premier ordre à ce que les Bretons comprennent et parlent la langue nationale : ils ne seront vraiment français qu’à cette condition. Ce sont des Français qu’il faut pour franciser les Bretons, ils ne se franciseront pas tous seuls . » (I . Carré , Inspecteur général de l’Enseignement, de son livre, « Méthode de langage », A . Colin, 1922) .
« Pour l’unité linguistique de la France, il faut que la langue bretonne disparaisse » ( Anatole de Monzie , ministre de l’Instruction publique , discours du 29 juillet 1925) .
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Trugarez !!!!
Bonjour ! Quand on sait, certains l’ignorent, que c’est l’Europe entière qui puisa dans la littérature bretonne et plus amplement celtique, on pourrait aisément s’esclaffer de rire devant ces comportements inquisiteurs. Bientôt les Bretons bretonnants vont être à deux doigts d’être dénoncés pour comploter en douce, derrière le dos de la sainte dite normalité !
C’est le célèbre Théodore Hersart de la Villemarqué qui disait : Dans L’Avenir de la Langue Bretonne, il expose : « En effet, les épopées chevaleresques de la Table Ronde que la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, et jusqu’à la Scandinavie et l’Islande, ont tour à tour traduites, imitées, reproduites en vers et en prose, qui ont fait les délices et le plus beau titre littéraire de l’Europe du XIIème au XVème siècle, et dont la renommée dépasse toute imagination, ces épopées nous appartiennent, elles ont pris naissance en Bretagne… » Rajoutons que l’Education nationale de l’époque lui fit rechercher des traces de littérature celtique dans la langue française ! C’est pour dire !!
On ne peut alors en vouloir à ces ignorants de la propre langue de leurs ancêtres, car, je suppose, on ne leur en dit rien ! Il est vrai que la langue bretonne fut classée au même titre péjoratif que la langue allemande. Ce qui est incompréhensible dans mon esprit est la pauvreté intellectuelle de ces sbires dit républicains qui avaient un bien piètre idée des Bretons, de la richesse bretonne, et qui ont tout fait pour provoquer cet ethnocide !
C’est la curiosité d’esprit qui fait que l’on s’intéresse à cette langue millénaire. Un esprit d’ouverture, autre chose, autre langue, autre pays, autres cultures. En s’enfermant dans une seule langue unique, l’esprit se fige, s’atrophie, se vaporise, s’anglicise (franglais), se meurt !! Entre les yaca (il n’y à qu’à), et les faucon (il faut que l’on) des médias tous confondus, le choix est vite fait. Il est vrai que les contractions, comme en anglais, sont de mode,
mais ce sera pour accoucher bientôt d’un charabia, adjectif que certains osent encore attribuer à notre antique langue bretonne. Kenavo !
eh ben, mouai qu’ej cause el berrichon, vu qu’ej suis né natif de Châteauroux, suis tout à fait d’accord anque touai !
Bon, sur que j’ai marié une bertonne, comme tout l’monde (… de censé !), ça fait que’ej d’meure, à présent su la commune d’Inzinzac. Mais, a cause pas l’breton ! qui qu’tu veux ? c’est coumme ça, pis pas auterment, pis son p’pa, non puïe…
heureusement, y a les prières aux pardons pis les noms de lieux pour m’apprivoiser anque c’te langue bertonne que tu causes et qu’est quand maême bien bizarrre …
même Albert et Thérèse qu’habitent au bout du ch’min, y comprennent pas le berton qu’y causent à la télé …
Alors tu penses ben, celui-là qu’est causé à Plouay ou ben au Pouldu, j’te raconte paou! …
Et pourtant, un ‘tit effort et on comprend le breton de celui d’en face. Dans l’ensemble, un gars du Léon ou quelqu’un de Groix, un gars de Riantec ou quelqu’un du Porzay, je n’ai aucun mal à comprendre 🙂
Monsieur DANIEL, ça ne coûte rien de s’adapter dans le pays ou la région dans laquelle ont vit. Vous verrez alors les visages s’éclairer et vos interlocuteurs se plier en quatre pour accéder à votre demande. Pour connaître très bien votre Châteauroux natal, et Bourges, je n’ai jamais entendu un tel langage digne de la Soupe aux Choux. Votre Gérard (Depardieu) national fait quand même mieux dans ses interprétations cinématographiques. Pour connaître le nord et ses chtis, on ne m’a pas imposé non plus un tel dialecte, fort amusant au demeurant.
Bon séjour en Bretagne, a Degemer mad !!
çà fait du bien de constater que tout le monde n,est pas laminé par le rouleau compresseur de la sous culture ambiante petite histoire : mon père venant du pays gallo (autres ploucs) venu s,installer à auray en 1936 et ,tres occupé par son travail avait demandé à une vielle personne en coiffede bien vouloir me garder ce n,était pas innoçent de la part de mon père ,car, il éspèrait bien que cette vieille personne me donnerait les premiers rudiments de la langue et bien , c,était de sa part une grossiere erreur car cette vielle bretonne sans doute par honte ( honte aux bouseux) n,a jamais voulu me parler breizonneg ce qui fait que je suis resté completement ignorant et ,à ce jour celà m,emmerde beaucoup de ne pas jacter breizonneg a part kénavo
Bonjour. Je me permets d’intervenir pour préciser quelques points qui me semblent importants :
– Tout d’abord, que ce soit en Bretagne ou dans une autre région de France, je pense qu’il est légitime de mettre en oeuvre les moyens de conserver et de restaurer le patrimoine régional, qui est une richesse pour le pays tout entier.
– Ceci étant dit, je trouve que le ton de ce billet d’humeur n’est pas à la gloire des bretons, car il sent le complexe d’infériorité et la maladie de la persécution. Or les jérémiades contre « envahisseur français » sont d’un autre temps. Je constate que nombre de bretonnants sont très passéistes. Regardons devant nous !
– Et puis si nous nous plaignons de certains communautarismes empoisonnant notre patrie à l’heure actuelle, soyons cohérents et n’agissons pas de même. Ne confondons pas culture et nature.
Nous sommes avant tout des êtres humains, et pour BIEN vivre ensemble, il nous faut nuancer nos susceptibilités et oeuvrer au bien commun sans tomber dans le piège du sectarisme.
– En parlant de susceptibilité : ceux qui tiennent ce discours semblent s’approprier la « bretonnitude »; or ils sembent oublier qu’ils sont loin d’être les seuls Bretons. Il y a tous les Bretons qui ne sont pas breizhonneg et qui ont autant le droit de se réclamer de cette culture. Il y a trop souvent mépris à leur égard de la part de leurs frères bretons brittophones !
Figurez-vous que je me suis laissé dire il y a quelques temps que de jeunes bretons refusaient de fréquenter régulièrement certains de leurs amis (bretons pourtant eux aussi), parce que quelques-uns ne parlaient pas breton ! Où va-t-on ? Deux millénaires de christianisme et nous en sommes encore aux guerres de tribus ? Nous ne sommes pas loin de Babel !
– Elargissons notre regard, ôtons nos oeillères ! Nous sommes au XXIème siècle ! N’y a-t-il pas des enjeux autrement plus graves et importants dans l’actualité ? Dépensons notre énergie et notre zèle pour ce qui en vaut vraiment la peine; soyons artisans de Paix en n’instillant pas le poison de l’ostracisme.
– Dernier point : la paranoïa de certains bretons déforme leur interprétation des événements. Que ce soit en breton, en russe ou en chinois, il est extrêmement impoli de parler une langue étrangère devant des personnes qui ne la comprennent pas, c’est tout. La personne qui a fait la réflexion ci-dessus citée a to
ut simplement voulu donner, je crois, un conseil de savoir-vivre, voire de charité chrétienne ( J’étais étranger ….).
Sans rancune.
Signé : une bretonne parmi d’autres.
A Fanch :
Vous dites
Oui mais… pour les sauvegarder, doit-on muséifier tout cela ? La conservation va de pair avec la volonté de pérennisation. Sinon, ça s’appelle de la sauvegarde et on met tout cela dans le formol en attendant les visiteurs ou les fêtes d’été, de manière à amuser le touriste.
Vous dites :
Le billet sent surtout le ras-le-bol. Pourquoi ceux qui tiennent à parler leur langue se font-ils traiter de passéistes ? Ne pensez-vous pas qu’au contraire c’est le manque d’ouverture à l’autre dans ce qu’il a de plus cher – son identité – qui est une attitude passéiste ?
1 – Imaginons qu’une autre langue que le français devienne hégémonique en France et que l’on vous empêche de parler le français « par politesse envers les autres »? Mettez-vous une seconde dans cette situation. Tiendrez-vous le même discours ?
2 – Vous séparez culture et nature. Cela se défend, et pourtant je ne suis pas d’accord avec vous. A mon sens la culture est ce par quoi l’essence de l’homme se réalise. Elle est intrinsèquement liée à sa nature. Le problème est que la langue française utilise un même mot pour la culture comme ensemble de connaissances et pour l’identité culturelle d’un peuple. Dès l’instant où la définition même que nous donnons à la culture est confuse, on ne peut certainement pas arriver à comprendre ce que représente la problématique présente.
Je suis d’accord avec vous, à un point près : le milieu breton a ses sectaires, je ne le nierai pas. Mais je croise bien plus souvent des gens ouverts chez les brittophones (qui parlent souvent plusieurs langues) que chez les monolingues. Ceux qui refusent de s’ouvrir à l’autre en comprenant une part de son identité (dont la langue) font preuve d’un sectarisme épatant : à la différence que ce sectarisme se masque derrière des excuses comme la politesse.
Ne pensez-vous pas qu’il s’agisse ici « d’un complexe d’infériorité et d’une maladie de la persécution » ?
La bêtise existe partout. Un juste milieu avec un regard charitable vers l’autre (des deux côtés) est à espérer.
Par contre, vous vous trompez en mentionnant Babel : il existait alors une seule langue. Allant à l’encontre de ce que voulait Dieu, ce dernier fit en sorte que les gens ne se comprennent plus, et se dispersant cessèrent la construction de leur cité. La multiplicité des langues est donc action divine, non action de l’homme. Sous le feu de l’Esprit Saint, à la Pentecôte, chacun était capable d’entendre à nouveau le message divin, chacun dans sa propre langue. Le langage est fait pour s’entendre, non pour s’écouter. Le langage est fait pour une relation entre les hommes et mener à une unité. Mais plus encore, le langage désigne aussi un au-delà de soi. Il ouvre à une transcendance, mais qui commence avec la capacité de voir l’autre, celui qui est en face de nous et que nous ne faisons pas que « tolérer », mais que nous tentons de comprendre dans son identité propre, au-delà de notre propre schéma imposé. Le peuple de Babel s’était limité à la seule entente, en se libérant de toute transcendance, avec leur seul ego comme horizon. Imposer une seule langue (en invoquant n’importe quelle raison), n’est-ce pas un des fruits de l’incapacité à voir au-delà de soi et se mettre soi-même comme vecteur de guerres ? On ne peut sans cesse rejeter la faute sur les autres. Si des gens comme Tudwal sortent de tels billets ou se révoltent face à des discours niant leur être profond, c’est qu’il y a des raisons, non ?
Et justement, si les oeillères n’étaient pas là où vous le croyez ? Si les oeillères étaient finalement (à quelques exceptions près) chez ceux qui refusent à l’autre la capacité d’exister en plénitude ? Vous évoquez les enjeux plus graves et importants dans l’actualité ? Avez-vous pensé que ces enjeux plus graves et importants ont peut être leur source dans l’incapacité de certains à comprendre l’autre dans son identité propre, en ce qu’il est profondément ? Car, vous évoquez l’ostracisme : il conviendrait de ne pas inverser. Ceux qui sont victimes d’ostracisme sont justement ceux qui ne peuvent plus être eux-mêmes car d’une certaine façon on les démembre. La paix commence dans la capacité de compréhension de l’autre, pas en imposant notre seule vision.
Il y a surtout une méconnaissance de l’histoire de la part de certains qui elle déforme l’interprétation des événements. Vous pensez qu’il est impoli de parler une langue étrangère devant ceux qui ne la connaissent pas ? Commençons déjà par rappeler que la langue bretonne n’est pas une langue étrangère… puisqu’on est en Bretagne. Passons… Mais ajoutons cependant que, lorsqu’on se rend chez quelqu’un, on se plie aux us et coutumes des hôtes. Il est souhaitable qu’il y ait un juste milieu entre les compréhensions des uns et des autres, mais disons quand même que ce qui est extrêmement impoli, c’est justement s’imposer en méprisant ceux qui reçoivent. Et ça… c’est pas très chrétien !
Fanch: Il est dit, dans les 10 commandements: tu aimeras ton prochain comme toi-même. Pourtant, le fait d’interdire aux Bretons de parler leur langue (car on ne peut même plus la parler en famille puisque dans une même famille, il y a des monolingues), va à l’encontre de ce commandement puisque dans ce cas, on coupe les Bretonnants d’une partie de leur âme. Vous interdire de parler Français serait la même chose. Le fait d’interdire aux Bretons de parler leur langue, c’est aussi les voler. Tu ne voleras pas…..
Je suis d’une famille dans laquelle, cet été, j’entendais parler Breton, Français, Allemand et Anglais! Cela me gênait-il? Et bien non, parce que tout cela est une richesse! Et, en écoutant les langues de chacun, c’est la personnalité, l’âme de ces personnes que je pouvait au passage découvrir en partie.
• Réponse à Eflamm Caouissin
Je tiens d’abord à dire que c’est vous-même, dans votre titre, qui vous traitez de bouseux. Je n’ai jamais pensé cela en ce qui me concerne !
Je réponds ci-dessous à vos différents paragraphes:
1- Oui mais… pour les sauvegarder, doit-on muséifier tout cela ? La conservation va de pair avec la volonté de pérennisation. Sinon, ça s’appelle de la sauvegarde et on met tout cela dans le formol en attendant les visiteurs ou les fêtes d’été, de manière à amuser le touriste.
R- Doit-on comprendre, à travers ces mots, qu’il faudrait en quelque sorte constituer une communauté d’Amish Bretons, vivant à l’écart du reste du Pays ? Ne serait-ce pas une attitude sectaire (de « secare = couper ») ?
2- Le billet sent surtout le ras-le-bol. Pourquoi ceux qui tiennent à parler leur langue se font-ils traiter de passéistes ? Ne pensez-vous pas qu’au contraire c’est le manque d’ouverture à l’autre dans ce qu’il a de plus cher – son identité – qui est une attitude passéiste ?
R- Je parlais de passéisme non pas concernant la langue si vous relisez bien mon texte, mais concernant l’envahisseur français, c’est-à-dire certains faits de l’histoire de la Bretagne déjà passés de plusieurs siècles : il faut en finir avec le passé !
Je pense que la langue fait peut-être partie de l’identité, mais que cette dernière ne se résume pas à la langue seule ; je suis convaincue que la langue est le trait d’union entre les hommes, et que, tout en évitant qu’une langue disparaisse, il faut avant tout œuvrer pour que le dialogue et l’échange puissent être facilités. On voit déjà combien, en parlant une même langue, les malentendus et les interprétations peuvent induire facilement des incompréhensions, voire des fâcheries. Que dans un groupe qui échange, on fasse implicitement le choix de la langue comprise par tous me semble être le B-A BA du bon sens et de la courtoisie.
Les langues régionales sont du passé en ce sens qu’elles étaient utilisées autrefois pour communiquer dans certaines zones du territoire, et comme les régions, les unes après les autres, (la Bretagne plus tardivement), sont devenues françaises, il était devenu nécessaire de choisir une langue commune afin de pouvoir communiquer quel que soit le lieu du territoire. L’unité d’un pays ne commence-t-elle pas par le langage ?
En quoi y a-t-il manque d’ouverture à l’autre dans ce que je dis ? Faut-il qu’en voyageant dans chaque région de France, nous devions, nous monolingues comme vous dites, apprendre la langue régionale ancienne pour discuter avec les « autochtones ouverts, eux ». Je n’ai pas besoin d’insister pour souligner le grotesque du sujet !
Vous dites que vous en avez « ras le bol ». De quoi au juste ? peut-être faudrait-il vous demander si, à force de vous plaindre d’on ne sait quelle persécution, vous ne lassez pas même ceux qui vous aiment et qui aiment la Bretagne. Quand on veut convaincre, il faut positiver, être enthousiaste et surtout ne pas agresser ceux qui « semblent» ne pas comprendre. Car en fin de compte, ceux qui ne sont pas brittophones sont peut-être tout de même de grands amoureux de la Bretagne, et sont peut-être, eux aussi bretons, et fiers de l’être !
3– Imaginons qu’une autre langue que le français devienne hégémonique en France et que l’on vous empêche de parler le français « par politesse envers les autres »? Mettez-vous une seconde dans cette situation. Tiendrez-vous le même discours ?
R- Je pense que là encore, il y a confusion : la France est un pays, la Bretagne est une région. Je pense que le problème est là. Sous couvert de sauvegarde de la culture et de la langue, n’y aurait-il pas UN REFUS DE SE RECONNAITRE FRANÇAIS avant tout ? Et là, c’est grave !
4– Vous séparez culture et nature. Cela se défend, et pourtant je ne suis pas d’accord avec vous. A mon sens la culture est ce par quoi l’essence de l’homme se réalise. Elle est intrinsèquement liée à sa nature. Le problème est que la langue française utilise un même mot pour la culture comme ensemble de connaissances et pour l’identité culturelle d’un peuple. Dès l’instant où la définition même que nous donnons à la culture est confuse, on ne peut certainement pas arriver à comprendre ce que représente la problématique présente.
R- Je ne parlais pas de culture en tant qu’ensemble de connaissance, mais bien au sens où vous l’entendez.
Or la culture d’une partie d’un peuple peut très bien, à mon avis, cohabiter sans pour autant vouloir occulter la culture commune au reste du peuple, ni vivre dans une bulle plus ou moins hermétique, car alors on pourrait parler d’extrémisme, de fondamentalisme, voire de fanatisme culturel… (… ou bien de désir d’indépendance, et alors là, je préfère ne plus discuter)
C’est en tous cas ce qui pourrait être ressenti de la part de ceux qui ne se réclameraient pas de cette culture qui, il faut le reconnaître, est quand même géographiquement très limitée.
5- Je suis d’accord avec vous, à un point près : le milieu breton a ses sectaires, je ne le nierai pas. Mais je croise bien plus souvent des gens ouverts chez les brittophones (qui parlent souvent plusieurs langues) que chez les monolingues. Ceux qui refusent de s’ouvrir à l’autre en comprenant une part de son identité (dont la langue) font preuve d’un sectarisme épatant : à la différence que ce sectarisme se masque derrière des excuses comme la politesse.
R- Donc pour vous, lorsqu’on ne parle pas breton et qu’on ne fait pas l’effort de l’apprendre pour parler avec des bretons qui évidemment parlent français, on n’est pas ouvert et on ne respecte pas l’autre !? Et quand on trouve impoli que l’on parle devant nous dans une langue qu’on ne comprend pas (que ce soit du breton ou autre), on n’est pas ouvert ?
Nous ne devons pas avoir la même notion de l’ouverture. Qui est le moins ouvert ? Celui qui parle une langue que tous les autres comprennent autour de lui, ou celui qui parle « en code » sachant très bien que l’autre ne comprendra pas ? Qui est offensé dans l’histoire ?
Qui provoque sciemment l’autre ?
On marche sur la tête je crois ! Il faut arrêter de se « masturber » avec des mirages !
6- Ne pensez-vous pas qu’il s’agisse ici « d’un complexe d’infériorité et d’une maladie de la persécution » ?
R- Facile !
Et inexact. Ceci est un fait constatable partout en Bretagne. Les brezhonegs en général ne considèrent pas les bretons qui parlent « gallo » comme de vrais bretons. Quelle ouverture d’esprit ! Et si les Bretons eux-mêmes sont divisés entre eux à cause de la langue (je ne parle même pas des vannetais et autres KLT), on voit bien que cela pose des problèmes et que ce n’est pas ce sujet qui ouvrira les esprits, bien au contraire.
7- La bêtise existe partout. Un juste milieu avec un regard charitable vers l’autre (des deux côtés) est à espérer.
R- Oui, mais des articles du genre de celui-ci sont-ils constructifs, et n’agissent-ils pas plutôt dans le sens de l’extrémisme et de la division ?
8- Par contre, vous vous trompez en mentionnant Babel : il existait alors une seule langue. Allant à l’encontre de ce que voulait Dieu, ce dernier fit en sorte que les gens ne se comprennent plus, et se dispersant cessèrent la construction de leur cité. La multiplicité des langues est donc action divine, non action de l’homme. Sous le feu de l’Esprit Saint, à la Pentecôte, chacun était capable d’entendre à nouveau le message divin, chacun dans sa propre langue. Le langage est fait pour s’entendre, non pour s’écouter. Le langage est fait pour une relation entre les hommes et mener à une unité. Mais plus encore, le langage désigne aussi un au-delà de soi. Il ouvre à une transcendance, mais qui commence avec la capacité de voir l’autre, celui qui est en face de nous et que nous ne faisons pas que « tolérer », mais que nous tentons de comprendre dans son identité propre, au-delà de notre propre schéma imposé. Le peuple de Babel s’était limité à la seule entente, en se libérant de toute transcendance, avec leur seul ego comme horizon. Imposer une seule langue (en invoquant n’importe quelle raison), n’est-ce pas un des fruits de l’incapacité à voir au-delà de soi et se mettre soi-même comme vecteur de guerres ? On ne peut sans cesse rejeter la faute sur les autres. Si des gens comme Tudwal sortent de tels billets ou se révoltent face à des discours niant leur être profond, c’est qu’il y a des raisons, non ?
R- Je ne pense pas m’être trompée en parlant de Babel, je ne me suis pas suffisamment expliquée je crois. C’est justement parce qu’avant il existait une seule langue que les hommes pouvaient construire ensemble. La multiplicité des langues est divine peut-être, mais c’est un châtiment !
Le Feu de l’Esprit Saint ne cesse de nous pousser à être unis, à travailler à l’unité.
Pour être unis, commençons par parler la même langue quand nous sommes ensemble (ce qui n’empêche pas de parler la langue qu’on veut quand on est entre gens qui la parlent tous bien entendu).
Et justement, en parlant de transcendance, si le langage, comme vous l’écrivez, ouvre à une transcendance qui commence avec la capacité de voir l’autre que soi-disant « nous tolérons » (paranoïa !), commençons peut-être par voir et surtout écouter l’Autre, l’Esprit Saint, qui nous demande de quitter les choses d’en bas pour rechercher celles d’en haut.
Ainsi notre vision s’élargira et nous pourrons accepter d’écouter le point de vue de l’autre sans nous refermer sur une douleur qui n’est pas justifiée, car personne, à ce que je sache, ne refuse que les Bretons parlent leur langue entre eux à notre époque.
Les persécutions sont terminées depuis des décennies. Et même si quelques anciens récriminent encore parce que eux, ils en ont souffert, de grâce, montrons-leur que ces temps sont révolus, que personne n’en veut à la Bretagne ni aux Bretons, et que cette région attire des foules par sa richesse culturelle et naturelle !
9- Et justement, si les oeillères n’étaient pas là où vous le croyez ? Si les oeillères étaient finalement (à quelques exceptions près) chez ceux qui refusent à l’autre la capacité d’exister en plénitude ?
R- Mais de quoi parlez-vous ! ?
« Ceux ! » Mais qui donc, en fait ?
Exister en plénitude : qu’est-ce ?
Parler en breton n’importe où et devant n’importe qui ? Pour moi, la plénitude est autrement plus élevée que cela. Dommage pour vous qu’elle se limite à un problème de langage.
10- Vous évoquez les enjeux plus graves et importants dans l’actualité ? Avez-vous pensé que ces enjeux plus graves et importants ont peut être leur source dans l’incapacité de certains à comprendre l’autre dans son identité propre, en ce qu’il est profondément ?
R- Et quand vous parlez un langage incompréhensible devant quelqu’un, le comprenez-vous et le respectez-vous dans son identité propre ? Allons, soyons sérieux et cessons ces enfantillages.
11- Car, vous évoquez l’ostracisme : il conviendrait de ne pas inverser. Ceux qui sont victimes d’ostracisme sont justement ceux qui ne peuvent plus être eux-mêmes car d’une certaine façon on les démembre. La paix commence dans la capacité de compréhension de l’autre, pas en imposant notre seule vision.
R- Quelle vision ? Vous vous faites vraiment un film.
Vous parlez de victimes qui ne peuvent plus être elles-mêmes car on les démembre !
Et vous n’avez pas conscience de l’EXAGERATION de vos propos ?
Je suis absolument certaine que ceux qui pensent aussi exagérément sont une minorité infime et heureusement !
En tous cas, ce n’est pas avec ce genre d’attitude que vous gagnerez les autres à votre cause. Cela ne peut que générer de l’agacement au minimum, et du rejet bien souvent, car trop, c’est trop. Même pour des bretons fiers de l’être !
Vous vous débattez contre des fantômes. Personne ne persécute personne.
Cessez de pleurer et faites découvrir votre culture sans agresser ni provoquer, en toute générosité et bienveillance : cela portera des fruits certains ; alors qu’actuellement, votre comportement est stérile, ou plutôt porte des fruits vénéneux.
12- Il y a surtout une méconnaissance de l’histoire de la part de certains qui elle déforme l’interprétation des événements. Vous pensez qu’il est impoli de parler une langue étrangère devant ceux qui ne la connaissent pas ? Commençons déjà par rappeler que la langue bretonne n’est pas une langue étrangère… puisqu’on est en Bretagne. Passons… Mais ajoutons cependant que, lorsqu’on se rend chez quelqu’un, on se plie aux us et coutumes des hôtes. Il est souhaitable qu’il y ait un juste milieu entre les compréhensions des uns et des autres, mais disons quand même que ce qui est extrêmement impoli, c’est justement s’imposer en méprisant ceux qui reçoivent. Et ça… c’est pas très chrétien !
R- Je disais étrangère dans le sens : étrangère à la personne qui ne la comprend pas. Ne jouons pas sur les mots.
« S’imposer en méprisant » ? Et vous n’appelez pas ça maladif comme réaction ?
EN RESUME :
Il serait dommage que le site d’Ar Gedour se transforme en syndicat ou en bureau des pleurs. Il y a tellement de choses constructives à y faire.
Les extrêmes ont toujours tort et ne convainquent jamais. On peut être convaincu et passionné et rester modéré et pacifique.
Il est important aussi de ne pas « formater » les nouvelles générations comme l’ont fait certains anciens pour la nôtre. Il serait bon de laisser nos enfants libres de penser et de choisir sans jouer sur la corde de l’affectif, car en fin de compte, il semble que ce soient des réactions d’ordre affectif et passionnel qui engendrent des propos aussi extrêmes.
Ce mal-être assez incompréhensible au XXIème siècle serait un piètre héritage à offrir à nos enfants et petits-enfants, dont l’idéal de vie, il faut l’espérer, s’élèvera au-dessus des querelles de clocher stériles et diviseuses.
Il serait aussi très grave que le sentiment du patriotisme français soit tué dans l’œuf dans les âmes des jeunes bretons français.
Or de tels propos ne peuvent qu’engendrer du mépris et de la haine pour le pays qui est le leur.
Si je me suis permis de répondre à ce billet alors que j’ai bien autre chose à faire, c’est à cause de ces dangers que je viens de citer, qui m’inquiètent beaucoup et pour lesquels je souhaiterais éveiller quelques consciences parmi les lecteurs et autres bretons aimant la Bretagne et la France.
Mon propos s’arrête donc ici. Je ne prétends pas détenir la vérité, mais j’espère avoir été porte-parole de quantité de Bretons d’ici et d’ailleurs, lecteurs d’Ar Gedour ou pas.
En toute fraternité, avec les vœux qu’Ar Gedour continue de promouvoir une culture bretonne riche et diversifiée, sans être la tribune d’une idéologie ou d’une autre, mais en faisant montre d’une ouverture au monde, à la manière de certains grands artistes bretons comme Stivell et d’autres.
Réponse à Matilin
Qui interdit aux Bretons de parler leur langue actuellement ?
Voler veut dire s’approprier le bien d’autrui : ce terme ne correspond donc pas au sujet.
Quant à entendre les autres parler leur langue, il est évident que cela permet de les découvrir en partie ; mais si on ne connaît pas leur langue et qu’on ne peut pas communiquer avec eux, notre découverte sera très limitée et nous ne les comprendrons pas totalement ; c’est déjà assez difficile quand on parle la même langue, alors …
J’avais préparé une réponse, mais je me dis que ça ne servira à rien, car comme vous, j’ai d’autres choses à faire que d’être dans des polémiques stériles. Comme trop souvent, ceux qui veulent simplement vivre la Bretagne y compris linguistiquement ont tort, et vous (c’est-à-dire ceux qui tiennent le même discours que vous) avez raison…
Je ne publie donc pas (pour l’instant) ma réponse. On verra si…
Et.. finalement, vivement le jour où le cercueil du dernier bretonnant franchira la porte du cimetière. Tous ceux qui considèrent la langue bretonne comme langue du passé pourront alors se réjouir, car enfin, tout le monde parlera la même langue, tout le monde sera heureux et on pourra enfin vivre sereinement…
Alleluia ! Les cloches sonneront pour entonner un Te Deum (ah non, pardon… c’est du latin, langue du passé…)
@ Fanch
Je vous cite : « Ainsi notre vision s’élargira et nous pourrons accepter d’écouter le point de vue de l’autre sans nous refermer sur une douleur qui n’est pas justifiée, car personne, à ce que je sache, ne refuse que les Bretons parlent leur langue entre eux à notre époque. »
Vous parlez d’écouter l’autre, mais vous semblez sourde à ce que j’entends pointer du doigt, de manière sans doute directe, mais qui invite volontairement à réagir. Si j’ai écris ce billet d’humeur, c’est bien parce qu’il y a des raisons que vous semblez ne pas saisir, et qui sont partagées par bien des gens.
Et, si je puis me permettre, rappelez-vous que fréquemment, quand on n’est pas d’accord avec quelqu’un, on le traite d’extrémiste, de paranoïaque. C’est facile, ça disqualifie tout discours et ça évite de se remettre en question. On est toujours l’extrémiste de quelqu’un, n’est-ce pas ?
Essayez d’élargir un peu votre vision et vous accepterez alors d’entendre nos points de vue (sans pour autant les partager)
J’aime assez le passage de Fanch sur « L’unité d’un pays ne commence-t-elle pas par le langage ? » et sur la notion de « langues régionales […] utilisées autrefois pour communiquer dans certaines zones du territoire ». Suivi du « choix du français » comme langue du rassemblement et de l’unité.
D’une part, en Bretagne, il n’y a pas eu de choix du français : il a été imposé.
D’autre part, pour avoir vadrouillé dans le sud de l’Inde, je ne partage pas du tout cette croyance qui affirme que l’unité d’un pays vient de l’unité de sa langue. Il y a 23 langues officielles en Inde et beaucoup plus qui n’ont pas ce statut officiel.
Si vous voulez sortir des sentiers battus, des circuits purement touristiques et toucher un peu du doigt la culture et découvrir le quotidien des Indiens, il vous faudra faire l’effort d’apprendre quelques mots des différentes langues officielles des Etats que vous traverserez. L’anglais seul ou l’hindi n’y suffiront pas. Mais ce que vous accepterez pour du loisir et du tourisme exotique, vous ne l’acceptez pas près de chez vous, en Bretagne.
Il y aurait beaucoup plus à en dire, en étayant par d’autres exemples de par le monde.
Essayant de parler autant que faire se peut en breton avec mon fils, je remarque trois attitudes :
– la première est l’indifférence : la personne n’a pas écouté, sait que cela ne la concerne pas ou ne marque aucune réaction. C’est le plus fréquent.
– la seconde, c’est l’intérêt : je suis Breton, je l’affiche dès que j’écris mon nom et la personne qui m’entend parler breton avec mon fils trouve cela bien pour l’aspect bilingue, mais aussi l’aspect culturel. Souvent, on me demande alors des exemples de mots, de phrases.
Les personnes s’émerveillent également que mon fils comprenne de la même façon la phrase en breton et la phrase en français…
– la troisième, c’est une critique passéiste à l’instar des commentaires de Fanch : ça ne sert à rien de parler breton ou d’apprendre le breton, c’est une langue morte. Je parlerais anglais à mon fils que j’en serais encensé, mais le breton est inutile et dépassé. Donc je laisse dire et continue, surtout que cette troisième attitude n’intervient jamais lorsque je m’exprime en breton avec mon fils, seulement quand je dis que je parle breton avec mon fils : on reste dans la sphère théorique et rhétorique.
Mais personne ne m’a empêché de parler breton, personne n’a osé me dire que j’étais impoli. Et heureusement !
Affirmer qu' »il serait bon de laisser nos enfants libres de penser et de choisir » sans laisser le choix, c’est un peu contradictoire, non ? Mais comment donc choisir ce que l’on ne connaît pas ? Comment choisir une langue que l’on a jamais entendue ?
Cela se rapproche étrangement des dérobades au sujet du baptême des enfants : « il choisira plus tard ».
Réponse à fanch: qui interdit aux Bretons de parler leur langue, dites-vous? Et bien tous ceux qui estiment qu’il est impoli de parler Breton en Bretagne, dans un foyer Bretonnant dès qu’une personne ne comprenant pas le Breton est présente! CQFD
Vous dites aussi: la différence est que la France est un Pays et la Bretagne une région. Mais la Bretagne était un pays, et est devenue région par annexion. De plus, si nous nous acheminons vers un état Européen, alors dans votre logique, il faudrait parler une seule langue. L’Anglais? L’Esperanto? Et dans ce cas, le Français, langue régionale d’Europe, devrait en FRANCE sortir de l’espace public et même privé dès l’instant où nous serions en présence d’une personne ne parlant pas Français. Il faut aller au bout de la logique!
Vous dites aussi: voler n’st pas le terme adapté, car cela veut dire s’approprier le bien d’autrui: c’est au contraire très adapté. Voler, c’est prendre sans permission et disposer de la chose volée comme bon semble au voleur: l’utiliser, le jeter, le détruire ou le vendre. La Terre de Bretagne a été volée, et la langue détruite.
J’ai rencontré jeudi dernier un Bantou, marié à une personne d’origineS Bretonne et Basque. Ce monsieur, d’une grande culture, était choqué de voir que beaucoup de Bretons ne connaissaient pas leur langue et leur histoire, estimant que les racines sont très importantes, et qu’une langue n’exclue pas une autre. Ainsi, son fils parle le Français, le Portugais, l’Anglais le Bantou, le Breton et le Basque. Ce monsieur, venant d’Afrique, a voulu que son fils apprenne le Breton parce qu’il venait vivre en Bretagne!
Franchement, il est bien dommage qu’en Bretagne, en France, trop de gens n’aient pas l’ouverture d’esprit de cette personne.
Voici une chose qui se fait de plus en plus : dans un groupe de bretonnants avec des apprenants et des monolingues, pour que la conversation ne se déroule pas entièrement en français(« pour ne pas humilier ceux qui ne savent pas ») , il est efficace et assez satisfaisant qu’un des bretonnants présents ne parle que breton, les autres traduisant s’il le faut.
Il suffit d’annoncer aux personnes présentes qu’il en sera ainsi, et leur expliquer pourquoi.
Si nous ne trouvons pas de solutions de ce genre, on ne parlera plus jamais breton « par respect » pour ceux qui n’ont fait aucun effort pour apprendre la langue.
eh ben on peut dire que le sujet n’est pas sans intérêt et engendre la controverse, c’est autre chose pour la culture générale et l’élévation de la réflexion qu’une discussion sur une tenue de bain ! ….
1°) le breton, comme beaucoup d’autres langues, est initialement une langue orale, alors c’est vrai que d’écrire la berrichon en phonétique, ça ne donne pas grand chose. Ceci étant je suis à votre disposition pour vous le parler.
quelle différence entre bugale et vugale, mané et menez ??
le breton n’est ni indo européen, ni sémitique. les langues sémitiques n’écrivent pas les voyelles, voyez l’hébreu pré-massorétique et l’arabe !!
2°) les grands parents parlaient bretons entre eux, mais en français à leurs enfants qui, curieux de nature, captaient des phrases en breton quand les parents échangeaient de façon à ce que les enfants ne puissent rien comprendre… croyaient ils !
quant aux enfants, ils n’ont jamais transmis le breton à leurs propres enfants : la rupture a donc eu lieu à notre génération (1970) .
on a fini d’enterrer, au début du présent siècle, des femmes qui n’ont jamais parlé ni compris le français… je précise les femmes parce qu’elle n’étaient pas soumises au service militaire …
3°) pourtant, je suis sur qu’élevé en 2 langues « maternelles » cela donne une souplesse pour l’acquisition postérieures des langues étrangères comme l’anglais et l’allemand ; c’est la cas des jeunes arabophones de la 2° génération (les beurs et beurettes) !!
J’ai du mal à saisir votre propos. je ne vois pas ce que les langues sémitiques et leur absence ou non de voyelles à l’écrit viennent faire dans ce débat…
Vous faites erreur lorsque vous affirmez que le breton n’est pas une langue indo-européenne.
Et si, figurez-vous, c’est bien une langue indo-européenne de la branche italo-celtique, de la sous-branche celtique et de la famille britonnique. C’est une langue indo-européenne au même titre que les langues latines. germaniques, le grec, l’hindi, le persan, les langues romani des tziganes.N’importe quel linguiste vous le dira.
De plus le breton, quoique langue celtique a tout de même emprunté (comme les autres langues celtiques) plus du tiers de son vocabulaire au latin…
Il est aussi erroné de dire que le breton est une langue avant tout orale. En effet, le breton est écrit depuis au moins le VIème siècle (il reste quelques inscriptions épigraphiques, dont la plus vieille se trouve à la chapelle de Lomarec en Crac’h. Il s’agit d’un sarcophage où sont inscrit les mots : « IRHA EMA IN RI » (ci-gît le roi) certains y voient le tombeau du mythique roi Waroc’h…
On trouve çà et là dans de nombreux manuscrits latins des gloses en breton tout au long du Haut-Moyen Age. Le premier texte intégralement en breton est un traité de médecine du VIIIè siècle, soit un siècle avant le serment de Strasbourg (842) qui est le premier texte attesté en français.Au cours des siècles, le breton, tout en étant une langue populaire, n’a jamais cessé d’être une langue écrite et savante, même si à certaines périodes, on ressent un peu trop l’influence du français dans les écrits…
Quand à la différence entre bugale et vugale, il s’agit du système des mutations qui est propre aux langues celtiques. La consonne initiale d’un mot peut changer selon l’article, le genre, le pronom personnel, les possessifs… Ce système est un vrai casse-tête pour les débutants.
La différence entre mané et menez pour résumer une différence dialectale, mané (montagne) est utilisé en vannetais, menez, dans les autres dialectes (même si le Z final n’est pas toujours prononcé).
Pour plus d’informations, je vous conseille de lire un bon ouvrage de vulgarisation : Histoire de la langue bretonne, d’Hervé Abalain aux éditions Gisserot. Il existe de plus de nombreuses méthodes bien faites pour l’initiation au breton. Pour le vannetais, je vous conseille celle de l’abbé Mériadec Herrieu. Sans oublier qu’il existe aussi des cours du soir pour adultes.
Ne vous découragez pas, étant avocat, vous avez toute la subtilité et les capacités intellectuelles pour venir à bout du breton !
A galon,
Si on reprend l’exemple de la soirée de Tudwal, il n’y a que trois scénarios possibles :
1. Tudwal n’invite chez lui que des brittophones, et interdit à toute personne ne parlant pas breton de venir (conjoints inclus). La soirée est uniquement en breton.
-> Ostracisme des francophones
2. Tudwal invite chez lui des brittohpones et non brittophones. On peut y parler breton et français, et si les brittophones font un effort pour ne pas exclure les francophones, les francophones font aussi un effort pour accepter de se plier au jeu et de ne pas toujours tout comprendre.
-> Soirée en bonne intelligence
3. Tudwal invite chez lui des brittohpones et non brittophones, et le breton y est interdit. C’est au final ce que souhaite Fanch et qui entraîne de nombreuses vexations.
-> Interdiction du breton
Je suis d’ailleurs franchement sidéré de lire le commentaire de Fañch. Tudwal pousse un cri du coeur que beaucoup de birttophones partagent, et c’est limite si on ne lui dit pas qu’il doit fermer sa gueule et ne pas parler breton par politesse.
La politesse et le savoir vivre, c’est déjà de ne pas critiquer son hôte, et d’accepter les « règles du jeu » de la soirée. Si la soirée est bilingue, c’est une richesse, et l’invité est libre de ne pas accepter l’invitation.
Vous allez rire, mais, ma mère, bretonne mais plus francophile que les francophones de Paris, nous a imposé le français à la maison « par politesse », parce que « c’est sale » etc alors que nous parlions en majorité breton (sauf elle). Résultat des courses… toute la famille parle français et la nouvelle génération n’a jamais entendu de breton.
Soyons pragmatique, aujourd’hui le breton est extrêmement minoritaire. Les chances d’être en bretonnants sont plus que faibles à moins de faire du sectarisme. Penser aussi aux apprenants qui cherchent à l’entendre ! Si la langue n’est pas présente, elle disparaitra, elle n’attisera aucune curiosité et l’ignorance s’étendra.
De même qu’à l’étranger, on n’impose pas l’anglais car nous sommes la seule personne à ne pas parler, on peut faire la même chose ici.
C’est dommage car certains qui n’étaient pas au courant de l’histoire ne savait même pas que ça parlait breton/gallo en Bretagne ! La langue pourrait être un déclic ! Les langues régionales, c’est voir la France avec plusieurs couleurs différents et quel bonheur d’aller en Alsace, en Occitanie en sachant qu’il y a bien plus qu’un bout de France avec du soleil ! Moi ça m’enthousiasme en tout cas !
Un francophone entend du breton ? On le lui traduit ! On lui parle en français ! Le futur, c’est cette France multicolore !
St Paul dit de faire comme les romains chez les romains.
En breton on dit Pep ki zo mestr e e di
Chez moi le français est interdit : c’est clair.
Si dans n groupe il n’y a ne serait-ce qu’une seule persone ne maîtrisant pas assez le breton, en Bretagne colonisée tout le monde parle uniquement le français.
Hé bien pas chez moi.
Ce n’est pas un manque de charité chrétienne, c’est du pragmatisme qui fait qu’un néo bretonnant, chez moi apprend très vite la langue : en moins de quinze jours on peut se débrouiller si on fait preuve de bonne volonté. Si la personne vient chez moi pour parler yezh ar Gall, il n’est pas le bienvenu, un point c’est tout. Je refuse d’être colonisé chez moi.
Lorsque mes enfants se marieront, si le morceau rapporté ne parle pas breton il restera de fait un étranger chez moi, c’est ainsi. Je n’ai jamais parlé français à mes enfants.
Le français est et restera toujours par essence étranger en Bretagne.
Je parle bien sûr de la Bretagne en tant que nation bretonnante et chrétienne. La Bretagne géographiue c’est une colonie. Quand je quitte le seuil de chez moi, je vais en pays colonisé c’est ainsi.
C’est exactement la même chose au point de vue chrétien :
France est antichrétienne depuis la Révolution et même avant (Les Lumières), mais pas chez moi.
Bous n’acceptons chez nous aucun compromis à la morale chrétienne. Il y a prière matin et soir bénédicité en breton évidemment, et si cela ne plait pas, hé bien ils ne comprennent pas voilà tout.
Il arrive qu’il y ait des gens de langue uniuement française qui viennent même dormir chez nous, hé bien ils acceptent sans difficulté le dépaysement et acceptent l’état de fait. Si ce n’était pas le cas je pense que je ne seais pas long à leur dire leur pegement et à leur faire honte à jamais.
Un pays sans langue n’est plus un pays. La France sans le français ne serait plus la France! C’est la même chose pour la Bretagne et sa langue.
J ‘enseigne le breton et certains me disent : » A quoi ça sert que les enfants apprennent le breton? c’est une langue morte!!! cela ne leur sera pas utile pour leur métier plus tard. »
Il ne faut enseigner que des choses utiles pour leur future profession.
Et l’âme dans tout cela????????
Ne parlons pas des collègues non brittophones qui lèvent les yeux au ciel lorsqu’on converse en breton, croyant toujours que l’on parlent d’eux.
Comment peut-on sauvegarder une langue sans pouvoir la parler dans son propre pays!
Vive la pensée unique, la langue unique et les moutons de Panurge!!!
J’avais lu un commentaire contre cet argument utilitariste qui est un réflexe plus qu’une réelle pensée. La charge était virulente et voici la réponse qui consistait à remplacer le français par le breton :
« A part le folklore, quelle utilité y-a-t-il de parler français ?
Le français est parlé par moins de 2% des terriens, ce qui en fait une langue tout à fait marginale. Le Nigéria anglophone, à lui tout seul, a plus d’habitants que tous les pays francophones additionnés !!!
Pourquoi mêler le français aux écoles bretonnes ?
Ne serait-il pas beaucoup plus utile d’apprendre directement l’anglais, l’espagnol, le chinois, l’arabe ou le portugais…
Je considère que parler le français est un loisir, tout comme la chasse, la pèche et les autres activités..
Je ne rejette pas le côté culturel et nostalgique, mais il ne faut pas exagérer.
Laissez l’apprentissage du français ouvert à ceux qui le souhaitent, et n’en faites pas un cheval d’orgueil…
Je vous renvoie donc votre argumentation jacobine condescendante… »
De mon expérience, c’est souvent l’ignorance qui fait parler les gens à ce sujet. Ayant été à l’école républicaine, je me souviens très bien comment je voulais que mon père arrête de parler breton à la maison aider par ma mère qui trouvait ça malpolie (on connaît tous l’histoire, c’est une pensée arriérée). Chose étonnante, sans qu’on me l’ait dit, dans ma tête j’avais « on est en France, on parle français ». Par chance, grâce au voyage et par intelligence (si vous me l’accordez), j’ai compris ma bêtise et c’est avec grand plaisir que j’apprends et que je converse en breton avec ma famille et les bretons d’un peu partout. Et quel plaisir, quelle énergie positive !
LA DESTRUCTION DE LA LANGUE BRETONNE PAR LA FRANCE, par Louis MELENNEC (Extraits du Livre bleu de la Bretagne, téléchargeable gratuitement sur Internet : 300 000 téléchargements à ce jour).
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LA LANGUE ET LA CULTURE FONT L’OBJET D’UN ASSASSINAT ORGANISE.
La langue bretonne, infiniment subtile et beaucoup plus ancienne que le français, est non seulement dévalorisée d’une manière outrancière, mais INSULTEE. Ce n’est pas une langue : c’est un jargon, un idiome, un patois, un dialecte corrompu, un baragouin, un charabia, un « instrument de dommage et d’erreur » (sic). Ceux qui l’utilisent ne parlent pas, ils « patoisent », ils « baragouinent », ils « déblatèrent », ils « parlent vicieusement ». Cet idiome est un reste des cavernes de Cro-magnon, une séquelle de la préhistoire, un « dernier reste de la féodalité », un langage de sorciers, une « relique barbare et arriérée d’un autre âge ». Il obscurcit et engourdit la pensée, « prolonge l’enfance de la raison et la vieillesse des préjugés », empêche de raisonner, de comprendre, d’assimiler les idées nouvelles, en particulier les « idéaux » révolutionnaires, la démocratie, la République. C’est, dit Hugo, « une tombe pour la pensée ». Il est d’ailleurs auditivement hideux, inélégant, grossier, guttural, imprononçable, et ne peut l’ être qu’au prix de grimaces, et de contorsions du visage et du corps. Cette « grande vaincue de l’histoire » (sic), selon les « sçavants » français qui n’en comprennent pas le premier mot, décrètent qu’elle n’a produit aucune poésie, aucune littérature, aucune oeuvre littéraire de valeur. Il serait impossible que celà soit, puisqu’il n’y a pas de grammaire bretonne (!). Les prêtres, qui continuent à l’utiliser pour prêcher ( les débiles de Paris ignorent que cette vieille et vénérable langue nationale est la seule langue parlée et comprise dans les diocèses de l’Ouest), sont particulièrement visés. Ils se servent de « ce jargon infâme pour maintenir les Bretons dans leurs superstitions religieuses », pour les asservir, pour faire entrer dans leurs pauvres crânes de demeurés des idées perverses, pour « les fanatiser », pour « chasser des têtes bretonnes les idées de liberté ». etc. Ils deviennent des « sorciers », des « ratichons », des « calotins bretons ensoutanés ». Ces insultes se prolongent jusqu’à la veille de la deuxième guerre mondiale. Plusieurs des rédacteurs du présent mémoire ont été bercés, dans leur enfance, de ce refrains immondes.
Dans l’administration, la langue est formellement interdite. La France met en place UN SYSTEME MEDIEVAL DE PERSECUTIONS, DIGNE DE L’INQUISITION, et de sanctions à l’encontre de tous ceux qui entendent perpétuer la culture qui, jusqu’alors, avait été, pour les lettrés, un sujet de fierté. Des escouades d’instituteurs français sont envoyés dans les écoles bretonnes, avec des directives précises réitérées par les préfets et les sous préfets : » assassiner la langue bretonne », « éradiquer totalement l’idiome local », (nombreux textes et directives ministérielles accablantes, cette politique étant initiée, surveillée, amplifiée depuis Paris); « la corrompre, afin qu’on ne le comprenne plus » (sic!) interdire, manu militari au besoin, de parler breton (des gendarmes rendent parfois visites aux parents dans les fermes, pour les intimider), infliger des punitions aussi vexantes que possible aux enfants, sinon aux parents, qu’on culpabilise chaque fois que cela est possible. Les prêtres, curés et religieux, qui prêchent dans la langue nationale, la seule qui soit comprise, sont privés de leur salaire (la séparation de l’église et de l’Etat n’intervient qu’en 1905). Dans les écoles, les enfants sont terrorisés. On les montre du doigt, on rit d’eux lorsqu’ils confondent un terme français avec un terme breton; on les entraîne à se moquer des autres; (isolation au piquet, coups de règle sur les doits, gifles, voire coups de pied; on les punit lorsqu’on les surprend à parler breton dans la cour; on accroche à leur cou un objet infamant tel qu’un sabot, une corne de vache, ou tout autre objet ridicule. Dans certaines écoles, fait criminel pour ceux qui s’en sont rendus coupables, on accroche au cou de ces malheureux l’ardoise d’infamie : « BRETON = COCHON « . (Cette dernière pratique a marqué les esprits, d’une manière définitive, les Bretons ne l’oublieront pas, et ne la pardonneront jamais). Une autre ignominie est inventée : la culture de la délation; l’enfant surpris à parler le breton, conserve le « symbole » infamant au cou, jusqu’au moment ou il aura réussi à dénoncer à l’instituteur un autre délinquant. Certains n’osent plus rentrer chez eux, attendent la nuit, et contournent le village. Les parents ont eux-mêmes été tellement formatés et conditionnés par l’occupant, qu’ils infligent de nouvelles punitions à l’enfant, après le coucher du soleil.
Les prêtres sont l’objet de sanctions graves : avertissements, suspensions, blâmes, PRIVATIONS DE SALAIRE (la loi de séparation de l’église et de l’Etat n’intervient qu’en 1905). Le ministère Combes invente le concept » d’usage abusif du breton », pour empêcher qu’il ne soit utilisé, en particulier dans les églises. Le pire, sans doute, dans ce pays traditionnellement très religieux : PRIVER LES ENFANTS DE CONFIRMATION, et même de COMMUNION, s’ils ne connaissent pas suffisamment le Français. La langue du colonisateur, dénommée « langue nationale » dans un pays qui en en possède une, bien avant les français, autorise les plus zélés à traiter le breton de « langue étrangère » (!).
Des journalistes, des hommes politiques connus, que l’on avait cru sains d’esprits, préconisent des mesures extrêmes : » Il faut FRAPPER les curés »; « tapons dessus, de toute la rigueur des lois, de tous les poings des gendarmes » (La Lanterne), » il faut prendre des mesures énergiques, sans hésiter »; « il faut utiliser des commissaires de police courageux, des préfets, des magistrats, des fonctionnaires républicains pour entreprendre la COLONISATION DE LA BRETAGNE » (!!!!); « il faut faire totalement disparaître la langue bretonne » (de Monzie, ministre,1925); « la seule réponse, c’est D’EMPRISONNER tous ceux qui formulent les revendications linguistiques bretonnes » Albert Dalimier, ministre du travail, 1932).
Détail horrible : la « Déclaration Universelle des droits de l’Homme », pendant qu’on procède à un véritable lavage des cerveaux, est enseignée dans les écoles de Bretagne, là ou l’héritage culturel arthurien rendait cela inutile, car les sauvages venaient de l’autre côté de la frontière brito-française ! Les enfants bretons y croient. Ils sont tellement infériorisés, tellement convaincus d’appartenir à une race de sous-débiles, qu’ils regardent la lumière française comme étant leur planche de salut : comme les esclaves, ils sont des esclaves, et ne mettent même plus leur condition en cause.
LES RESULTATS de cette politique sont spectaculaires. En1850, à l’exception des villes, toute la moitié ouest de la Bretagne est encore bretonnante. En 1850, 160 communes du Finistère sur 160 parlent le breton. On dénombre à l’époque 1,6 million de locuteurs. En 1940, la langue de communication, dans les campagnes bretonnes, chez les marins, chez les artisans, les commerçants des villages et des petites villes, est le breton. EN 2000, ce chiffre est tombé à ZERO.
En 2008, les efforts de la France ont abouti à un résultat étonnant : il reste 200000 locuteurs bretons, tous âgés. Pour entretenir l’illusion, et perpétuer l’ hypocrisie, la France a « autorisé » la création de quelques classes bilingues, mais freine de toutes ses forces en s’opposant à toute progression de la langue nationale. Après un simulacre de débat au Parlement, en 2008, elle a fait semblant d’autoriser les langues régionales, ce qui est fermement démenti sur le terrain. La politique de la France est L’ERADICATION TOTALE DU BRETON.
NOTA BENE. Ce texte a été lu à Bruxelles, en 2009. Il a été publié deux fois, en 2009 puis en 2014. Il est en libre téléchargement depuis 2014. Je suis effaré que vos lecteurs ne le connaissent pas !
LOUIS MELENNEC, historien de la Bretagne, docteur en droit et en médecine.
Merci Pour ces commentaires, Louis Melennec, qui ne sont hélas que la triste vérité!
Il serait peut-être bon, puisque Victor Hugo est enseigné dans l’apprentissage du Français, et des lettres en général, d’apprendre tous les écrits de cet homme sur ses considérations à l’égard de tout ce qui n’est pas Français au lieu de le présenter comme quelqu’un de bien, une référence….Mais ses références ne peuvent être que dans sa manière de manier sa langue, mais pas dans ses idées.
La langue Française est belle, très belle même. Mais cela n’autorise pas certains tels que Hugo à mépriser les autres, à un degré de racisme très élevé, tant à l’encontre des Bretons que des personnes d’origine Africaine.