Parmi les groupes musicaux bretons, certains sont méconnus. Les Deri Dowlas sont de ceux-là, alors même que l’ensemble – à l’instar d’artistes aujourd’hui connus – a représenté la Bretagne au Celtavision, alors l’équivalent celte de l’Eurovision.
Cherchez sur le net : vous ne trouverez rien ! Cherchez dans les livres : rien non plus, sauf dans l’ouvrage « Le breton parlé vannetais » de Meriadeg Herrieu. Ar Gedour a donc décidé de les sortir de l’ombre.
Le groupe, originaire de Daoulas dans le Finistère, est initialement composé de trois soeurs : Essyllt, Enid et Tegwenn Raude, filles du linguiste et historien groisillon Alan J. Raude et de son épouse la peintre Kristell Raude. Elles commencent à chanter en public en 1972, après une inscription au Kan ar Bobl de Rennes. La même année participeront au concours les Dir ha Tan ou encore les Breizerien.
L’originalité du groupe tient notamment dans un style qui à l’époque défrisait un peu les puristes : les soeurs ne chantaient pas à la manière dite traditionnelle du nez pincé, mais avec des voix plus classiques. En kan ha diskan mais aussi en polyphonie… le tout a capella, ce qui plaisait beaucoup. Aujourd’hui, plusieurs groupes ont repris ce style.
A leur répertoire principalement en breton, des chants traditionnels à danser (Garnison Lanuon, War bont an Naoned, An durzhunell, Joa e ia d’em c’halon, …) mais aussi des gwerzioù (An durzhunell, Tri moraer, Me zo ganet… ), des mélodies (Sonenn er gewier, An teir seizenn, Janig Kerlaw, Ar voraerion), des chants en basque, des adaptations de chanson française en breton (Acropolis) et enfin des compositions qui ont encore toute leur actualité (« Le cercueil du dernier bretonnant », « J’étais un paysan »… ).
Le Kan ar Bobl et l’ensemble de la scène musicale bretonne s’enrichit alors au fil des ans. Ce sont les années où l’on retrouve Stivell, Myrdhin, Kristen Noguès et bien d’autres. A cette époque, on retrouve aussi des groupes comme Gwendal, les Kistinidiz, les Tri Yann, An Triskell, les Sonerien Du, les Trouzerion, les Diaouled ar Menez, les Bleizi Ruz, Dir ha tan ou Ar Breizerien, pour ne citer qu’eux. Tout ce petit monde se connait et se retrouve dans cette vague bretonne montante.
Ecumant les festoù-noz à travers la Bretagne (mais beaucoup dans le Léon), chantant régulièrement pour Radio Brest, les Deri Dowlas seront notamment programmées à la dernière minute au festival des cornemuses de Lorient pour remplacer un artiste montant qui avait fait défaut. Elles accompagnent aussi le cercle celtique Brizeux lors d’un déplacement au festival de Murcie (Espagne) en 1973.
En 1974, les Deri Dowlas seront programmées lors d’un Congrès Celtique à Nantes, durant lequel les Tri Yann an Naoned – qui débutent alors- chanteront aussi.
Les Deri Dowlas remportent le Kan ar Bobl à Lorient les 22 et 23 mars 1975. Erik, un frère du trio, le rejoint. Daniel Le Tonquèze (guitare, harmonica, flûtes) sélectionné la même année, rejoindra aussi le groupe pour représenter la Bretagne sur la scène du Celtavision de Killarney, dans le cadre de la semaine pan-celtique (mai 1975).
Le guitariste André (Dédé) Riwal rejoindra aussi le groupe par la suite. L’enregistrement d’un 33 tours était prévu mais malheureusement, faute de manager sérieux, la carrière prometteuse des Deri Dowlas s’arrêtera là.
A titre d’illustration sonore, nous vous livrons ici un le titre « MOUEHIEU EN NOZ » de Alan J. Raude et A. Alvar, chanson qui fut interprétée à Killarney et ici enregistré à Lorient avant de partir en Irlande en présence d’Armel Henriot et de Mr Cloître.
Nous vous proposons aussi un extrait d’une émission consacrée à Yann-Bêr Calloc’h qui avait été diffusée sur Radio Sainte Anne :
Nous recherchons tout témoignage et document photo, vidéo, sonore sur ce groupe. Merci à ceux qui nous ont aidé dans la réalisation de cet article :
- Archive sonore et photos « Killarney » : Daniel Le Tonquèze
- Archive sonore « Er voraerion » : Herry Caouissin / Radio Ste Anne / Ar Gedour
- Photos : Anita Heinemeyer, Elowenn Renaud
- Infos : Essyllt Raude, Daniel Le Tonquèze, Anita Heinemeyer.
Merci Efflam pour ces extraits. Je me souviens bien de ma voisine de Daoulas, je ne savais pas qu’elle chantait si bien. Une personne si discrète.
Elowenn était l’amie de ma fille Nolwenn Arzel qui fait maintenant 15 ans des concerts de harpe celtique. On a eu l’occasion de se rencontrer il y a 3 ans au FAOUET.
Amitiés celtes et merci pour tout ce que vous faites avec votre si belle revue »ar gedour »
C’est très beau.
Je cherche les paroles du cantique « Kenavo » qui se chantait à Sainte Anne d’Auray, au moins à l’époque de l’abb Derian. Merci.