Alors que le temps de Noël s’est achevé il y a quelques semaines, penchons-nous sur un des Noëls breton les plus connu: Kanomp Noël (chantons Noël).
Ce cantique vannetais à l’écriture musicale très simple nous parle de la naissance du Sauveur avec sobriété. Son caractère doux et paisible possède un aspect un peu profane. On peut l’assimiler au répertoire de ce que l’on appelle les « chants de quête » ou « chant des tournées » que les enfants de chœur interprétaient passant de maison en maison dans les campagnes la nuit de Noël, pour leurs étrennes.
Les paroles nous laissent très bien imaginer la marche joyeuse des enfants parcourant les campagnes pour annoncer la Naissance de Jésus :
« Setu ni erru, va breudeur, da gana kanenn hor Zalver, Kanomp Noël ! » (Nous voici arrivés mes frères, pour chanter le cantique de notre Sauveur, Chantons Noël!)
Elles expriment aussi le dénuement dans lequel le Fils de Dieu naît sur Terre, non pas dans un palais bien chauffé mais dans une pauvre et froide étable. Elles évoquent en même temps la détresse de St Joseph et de la Sainte Vierge qui ne trouvent pas de logement pour passer la nuit:
« Joseph et Marie bénis, marchant de part le Monde; à chercher un logis qu’ils ne trouvent pas »
Notons que, dans la version en écriture vannetaise proposée sur le site Kan iliz (qui comporte 39 couplets) les paroles font référence à Sainte Brigitte, d’où le Noélenn Berc’hed (Noël de Brigitte) entre parenthèse à coté du titre.Elles nous racontent le miracle dont elle bénéficia la nuit de Noël.
La version présente dans le recueil de cantiques vannetais « Gloer de Zoué » est plus courte avec seulement 4 couplets, et ne fait pas mention de Sainte Brigitte.
Remarquons que ce cantique possède aussi une écriture en KLT et que celle-ci utilise le mot français « Noël » à la place du mot breton le plus couramment utilisé: Nedeleg (qui donne le nom de famille Nédélec).
Sur le plan musical la gamme utilisée est défective (c’est à dire qu’elle comporte moins de 7 notes) allant presque à l’octave par rapport à la tonique Mi. Du point de vue rythmique il y a comme sur certains cantiques un changement de rythme : après la première mesure on passe du 9/8 au 6/8.
Bien que le caractère sacré de ce cantique ne s’y prête pas, on pourrait très bien grâce au rythme 6/8 l’interpréter comme une valse, lui donnant un caractère encore plus léger et enlevé qu’il n’a déjà dans son interprétation initiale.
La mélodie qui possède un refrain, se chantant sur le même air que les couplets est construite (comme le Noël « Pe trouz zo war an douar ») sur un mode de Mi ou La mineur harmonique (sans sensible).
Voici l’interprétation de « Kanomp Noël » par les Kanerion Pleuigner. Le cantique est introduit par un duo bombarde et orgue:
Le site Kan Iliz propose les paroles du cantique: cliquez ici
« Kanomp Noël, Noël Noël; ganet eo Jézuz hor Zalver, kanomp Noël »(Chantons Noël, Noël, Noël; Jésus notre Sauveur est né, chantons Noël)
Le mot Nedeleg ou Nendeleg est utulisé pour désigner la fête en elle-même. (gouel Nédeleg ou gouél an Nedeleg)Le mot Noel ou Nouel est utilisé comme en vieux français, comme une acclamation ou pour désigner un cantique de Noël dans ce ca on dira un noélenn.
La version longue proposée par Ar Gedour est celle établie par Loeiz Herrieu à partir de différentes variantes populaires collectées.
A remarquer que ce cantique a fait tardivement son apparition dans les églises (peut-être dans les années 60 ou 70, quand il n’était plus chanté comme chant de quête, c’est alors que les couplets concernant Brigitte ont été écartés.
Trugarez deoc’h Uisant pour cette explication !
J’ajoute une petite précision musicale à mon article: le cantique est écrit en mode de La (si l’on parle en modal) et en La mineur (si l’on parle en tonal).
Il y a (comme c’est souvent le cas dans les cantiques bretons) entre la partition qui illustre l’article et l’interprétation des Kanerion Pleuigner une variante musicale sur la finale du refrain (dernière mesure).