Gilles Servat, on aime ou pas… Il a un style très particulier qui touche mais qui parfois par certains engagements peut faire reculer. J’aime son style que j’ai découvert dans mon adolescence. J’aime cette voix si particulière qui chante Groix comme personne. J’apprécie sa poésie et les mélodies qui les portent et brossent des tableaux d’Armorique. J’aime la Blanche Hermine, traditionnel que je reprenais comme beaucoup avec le groupe que j’avais formé au lycée, ou encore Tregont ble zo, ce titre osant si bien dire :
Les hontes qui nous pesaient dessus, nous ne les avions pas méritées. Pendant longtemps nous les avons bues. Maintenant nous les avons jetées.
J’aime L’Hirondelle ou Kalondour. Les Quais de Dublin ou La vie et la mort. Je vous emporte dans mon coeur ou Yezhoù vihan. La route de Kemper ou Me zo ganet e kreiz ar mor. Des moments de vie qui résonnent à travers l’Armor et l’Argoat. Mais j’ai détesté les vers jaillissant de certains titres comme La paroisse de prêchi-prêcha (Ailes et Iles) qui même s’il souligne des faits réels n’en demeure pas moins ici l’expression d’un sentiment flirtant avec l’anticléricalisme.
Mais il est de ces poètes engagés, dont les textes parlent, interpellent et se départissent d’une langue de bois… ou de buis. Glenmor et l’Eglise, ce n’était pas non plus le grand amour. Peut-être que Servat lui aussi avait des comptes à régler avec l’institution ecclésiale. En tous les cas, ayant découvert il y a peu son album Ailes et Iles évoqué plus haut, qu’à part deux titres je n’ai pas du tout aimé, je me suis demandé si j’allais parler de son nouvel opus 70 ans à l’Ouest, d’autant qu’il me paraissait être un best of de ses titres phares, à quelques exceptions près. Mais après de nombreuses années, j’ai recroisé Gilles sur une aire d’autoroute. Le week-end précédent, il venait d’enregistrer l’album à Kergrist. Et je me suis dit que j’allais en causer sur Ar Gedour. Je n’allais pas mettre une croix sur tant de chansons que j’aimais reprendre.
Et j’ai découvert, grâce à une amie, que dans son nouvel album, il reprenait un répertoire connu, mais aussi des nouveautés, dont un extrait du poème Pedenn ar Gedour (la prière du veilleur), de Yann-Ber Calloc’h. Certes, ce n’est pas la première fois qu’il reprenait les vers du Bleimor, mais en tant que créateur du blog Ar Gedour, j’ai comme qui dirait été interpellé par le titre. Et puis j’ai écouté l’album. En entier. Et j’ai vécu ce petit moment intimiste durant lequel le piano accompagne sobrement la douce voix de Servat. Violon et guitare, whistles et uillean-pipe, percussions et instruments au diapason offrent à l’auditeur cette fenêtre sur l’océan par laquelle l’âme peut s’envoler. A 72 ans, Gilles Servat invite par cet album à vous laisser porter et emporter… dans son coeur, offrant ici comme une transmission qui dépasse les âges, une sorte d’héritage que les années passées n’ont pas flétri.
Un disque à découvrir et à écouter en traversant la montagne de Brasparts, à regarder l’automne sur le lac et les oiseaux sur le départ, en passant sur les herbes jaunies du mont Frujy ou en filant sur la route de Kemper, ce lieu où le monde est celtique et les canards sont bleus.
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bel article pour un très bon compositeur interprète qui pour moi aussi à marqué ma vie tout comme et d’abord Glenmor le grand poète.
Concernant Ar Gedour pour commander le CD dommage que le lien renvoie vers Amazone alors que nous avons Coop Breizh ? !
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