Saints bretons à découvrir

L’Eglise cherche-t-elle vraiment Dieu ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Chronique de Guillaume de Prémare, publiée sur AR GEDOUR avec son aimable autorisation, diffusée le 21/02/2014 sur Radio Espérance et en version écrite sur le blog CAHIERS LIBRES

 

Il y a quelques jours, je lisais un article d’Aymeric Christensen, dans La Vie, sur un catholicisme qui serait poussé à s’assumer comme contre-culture. Le propos était intéressant bien sûr, mais je fus pris d’une certaine lassitude. J’eus le sentiment que nous tournions en rond dans des débats sans fin.

Ce thème de la contre-culture est le développement contemporain du grand débat sur le « mode de présence au monde », décliné depuis plus de 50 ans. Nous avons eu les catholiques de l’enfouissement, nous aurons maintenant les catholiques de contre-culture. Avec probablement les mêmes désillusions.

Au fond, quel est le contenu réel de la question du « mode de présence au monde » ? Le monde n’est pas le même pour un Français de la classe moyenne et pour un Indien des basses castes. Et même dans un contexte identique, il y a mille manières de le voir et de l’appréhender.

Chaque fois, on croit trouver le fil à couper le beurre. « Il faut dire la foi avec les mots de notre temps », dit-on par exemple. La belle affaire ! Et quel langage parlons-nous déjà sinon celui de notre temps ? « Il faut aller vers le monde », dit-on encore. Mais nous vivons déjà de plain-pied dans ce monde, tant il est vrai que bien peu de privilégiés se paient le luxe d’être Amish…

Et diverses considérations de s’enchaîner : pour servir la nouvelle évangélisation, l’Eglise doit être « davantage ceci et moins cela » ; les catholiques doivent se comporter « comme-ci et pas comme ça ». J’ai un peu l’impression d’une Eglise à la recherche d’une quadrature du cercle qu’elle ne trouvera jamais ; ou encore d’une Eglise édictant un code de comportements à usage interne. Pitié ! De l’air ! J’étouffe dans cette Eglise-là !

Cherchant un peu d’air frais, je me suis remémoré ce que m’avait dit récemment un ami prêtre et qui m’avait troublé : « Ce qui est fondamental, ce n’est pas la nouvelle évangélisation, c’est d’être ce que nous sommes. » En effet, quelle est notre identité fondamentale ? Quel est cet « être catholique », en tout temps et en tous lieux ?

Notre « être catholique », nous ne nous le donnons pas à nous-mêmes au gré des circonstances sociales et historiques, par la force de nos raisonnements. Seul Dieu peut nous le donner par sa grâce. Que nous cherchions vraiment Dieu avec l’Eglise dans notre quotidien le plus ordinaire et les mots nous seront donnés, et les comportements avec. Chacun selon sa vie, son histoire, son tempérament, ses goûts, ses choix, chacun selon sa liberté intérieure ; et non chacun formaté par le moule clérical.

Finalement, l’Eglise ne souffre-t-elle pas davantage dans son mode de présence à Dieu que dans son mode de présence au monde ? L’Eglise cherche-t-elle vraiment Dieu de toute son âme ? Pour moi, c’est une vraie question.

 

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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