« Dans l’événement pascal et dans l’Eucharistie qui l’actualise au cours des siècles, il y a un “contenu” vraiment énorme, dans lequel est présente toute l’histoire en tant que destinataire de la grâce de la rédemption. Cette admiration doit toujours pénétrer l’Eglise qui se recueille dans la Célébration eucharistique. Mais elle doit accompagner surtout le ministre de l’Eucharistie.
(…) Malheureusement, (…) dans tel ou tel contexte ecclésial, des abus contribuent à obscurcir la foi droite et la doctrine catholique concernant cet admirable Sacrement. Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s’il n’allait pas au-delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle. (…) Comment ne pas manifester une profonde souffrance face à tout cela ? L’Eucharistie est un don trop grand pour pouvoir supporter des ambiguïtés et des réductions.
(…) La tension eschatologique suscitée dans l’Eucharistie exprime et affermit la communion avec l’Eglise du ciel. (…) C’est un aspect de l’Eucharistie qui mérite d’être souligné : en célébrant le sacrifice de l’Agneau, nous nous unissons à la liturgie céleste, nous associant à la multitude immense qui s’écrie: “Le salut est donné par notre Dieu, lui qui siège sur le Trône, et par l’Agneau !” (Ap 7, 10). L’Eucharistie est vraiment un coin du ciel qui s’ouvre sur la terre ! C’est un rayon de la gloire de la Jérusalem céleste, qui traverse les nuages de notre histoire et qui illumine notre chemin.
(…) Le Concile Vatican II a rappelé que la Célébration eucharistique est au centre du processus de croissance de l’Eglise. (…) Aux origines mêmes de l’Eglise, il y a une influence déterminante de l’Eucharistie. (…) L’Eucharistie édifie l’Eglise et l’Eglise fait l’Eucharistie ; il s’ensuit que le lien entre l’une et l’autre est très étroit.
(…) Si l’Eucharistie est le centre et le sommet de la vie de l’Eglise, elle l’est pareillement du ministère sacerdotal. C’est pourquoi (…) l’Eucharistie est la raison d’être principale et centrale du sacrement du sacerdoce, qui est né effectivement au moment de l’institution de l’Eucharistie et avec elle.
(…) Du caractère central de l’Eucharistie dans la vie et dans le ministère des prêtres découle aussi son caractère central dans la pastorale en faveur des vocations sacerdotales. Tout d’abord, parce que la prière pour les vocations y trouve le lieu d’une très grande union avec la prière du Christ, grand prêtre éternel ; mais aussi parce que le soin attentif apporté par les prêtres au ministère eucharistique, associé à la promotion de la participation consciente, active et fructueuse des fidèles à l’Eucharistie, constitue, pour les jeunes, un exemple efficace et un encouragement à répondre avec générosité à l’appel de Dieu.
(…) De ce qui vient d’être dit, on comprend la grande responsabilité qui, dans la Célébration eucharistique, incombe surtout aux prêtres, auxquels il revient de la présider in “persona Christi”, assurant un témoignage et un service de la communion non seulement pour la communauté qui participe directement à la célébration, mais aussi pour l’Eglise universelle, qui est toujours concernée par l’Eucharistie.
(…) C’est pourquoi (…) les normes liturgiques [doivent être] observées avec une grande fidélité. Elles sont une expression concrète du caractère ecclésial authentique de l’Eucharistie ; tel est leur sens le plus profond. La liturgie n’est jamais la propriété privée de quelqu’un, ni du célébrant, ni de la communauté dans laquelle les Mystères sont célébrés. (…) Il n’est permis à personne de sous-évaluer le Mystère remis entre nos mains : il est trop grand pour que quelqu’un puisse se permettre de le traiter à sa guise, ne respectant ni son caractère sacré ni sa dimension universelle. »
S. Jean-Paul II, Encyclique “Ecclesia de Eucharistia”, 17 avril 2003 (Extraits).