« Le chapelet des tranchées, hommes et femmes de Dieu dans la guerre »

Amzer-lenn / Temps de lecture : 7 min

chapelet des tranchéesL’auteur a dédié son livre à l’abbé Auguste Fouqueray, aumônier volontaire de la Légion des Volontaires de l’Ouest, commandée par le célèbre général baron Athanase de Charrette de la Contrie (1832-1911) qui s’est illustrée à la tête de ses zouaves pour la défense des Etats pontificaux dans les années 70 (1870 ! …)

Alors qu’il était venu rendre visite à l’un de ses frères sur le front autour du Mans, le Père Fouqueray s’était proposé pour remplacer le Père Antonin Doussot fait prisonnier la veille, à l’issue des combats contre les prussiens. Il a été tué d’une balle au cœur à la bataille d’Auvours, près du Mans, tandis qu’il se penchait sur le capitaine Henri Fournier de Bellevue qui venait de tomber. C’était le 11 janvier 1871.

Voici un hommage appuyé qui augure bien de la suite : raconter les années de la grande guerre, celle de 14, celle dont on ne cesse de fêter le centenaire, vécue par un curé, une bonne sœur et un moine que leur vocation ne destinait pas, à priori, au métier des armes, une gageure donc !

Voici donc Auguste de Lampaulay,  34 ans, fils d’un colonel de cavalerie, vicaire instituteur de la paroisse de la cathédrale Notre Dame des Doms qui jouxte l’antique palais des papes en Avignon,  la jeune et jolie Armande Bodet, docteur en médecine et titulaire du permis de conduire, sœur profès de la communauté des filles de Saint Benoît à Poitiers et Philibert Le Garrec, breton de Plouharnel en Morbihan, moine bénédictin exilé en Belgique par les lois anticongrégationistes du « petit père Combes », Emile de son prénom (1835-1921).

Ils vont se retrouver par un heureux hasard que seuls maitrisent avec bonheur les romanciers de la trempe de Catherine Bertrand-Gannerie, dans le même compartiment au départ de la Gare de l’Est dans le train des conscrits en route vers le front, « nach Berlin », disaient-ils alors joyeusement, pour une guerre éclair qui allait montrer au Kaiser Guillaume et à son Chancelier Bismarck de quel bois on se chauffe !

Nos trois héros sont tout à la découverte de leurs nouvelles fonctions : l’abbé Auguste en qualité d’aumônier militaire d’un régiment d’artillerie, sœur Armande comme médecin auxiliaire d’une antenne chirurgicale et le Père Philibert, mobilisé dans une unité combattante d’infanterie, avec armes et bagage, comme tout un chacun, dans une France anticléricale en butte à l’impérialisme prussien depuis la sinistre défaite de 1870 qui a fait de l’Alsace et la Lorraine un land allemand, et de la « ligne bleue des Vosges », un motif de revanche pour tout patriote français, quelle que soient ses convictions et sa religion, s’il en a une, enthousiasmé par les dessins des albums de l’Oncle Hansi.

Nous sommes le 21 août 1914, le lendemain du décès à Rome à l’âge de 79 ans du pape Pie X qui avait, en 1903, succédé à Léon XIII, né en 1810. Son successeur, Benoît XV (1854-1922) sera élu le 3 septembre suivant. La mobilisation générale a été ordonnée en France le 1° août et le 3, la guerre a été déclarée par le Reich allemand. Triste mois d’août 14, endeuillé par le glas des cloches par-dessus les moissons inachevées   !

Une guerre qui va durer  plus de 4 ans et faire des millions de blessés et de morts de part et d’autre, mais cela, personne ne le sait encore …

Un conflit qui va opposer entre elles des nations européennes et chrétiennes avant de s’internationaliser. Un conflit mondial qui va mettre aux prises les indigènes des colonies africaines, malgaches, indochinoises et océaniques des puissances belligérantes.

De quel côté est Dieu ? « Gott mit uns » « Dieu avec nous » affirme la devise figurant sur la boucle des ceinturons des soldats allemands. Tandis que règne en France, fille aînée de l’Eglise, un anticléricalisme de moins en moins rampant qui peine à masquer une déchristianisation marquée sous un laïcisme proclamé et bientôt triomphant.

 Qui mène la guerre juste ? Comment composer avec le commandement divin, « tu ne tueras point » ?

Voilà les questions auxquelles les personnages ci-dessus sont confrontés… Et c’est chaque jour qu’il faut y apporter une réponse adaptée, ajustée à sa conscience que le concile Vatican II définira un demi-siècle plus tard comme étant « le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (Gaudium et Spes n° 16).

Mais aussi à ses sentiments  et  à sa culture : comment ne pas être insensible à la narration de cette nuit de Noël 1914 vécue par le père Philibert et qu’il raconte à son Père abbé, aux larmes du Padre recueillant le cadavre de son chien Crapouille, soufflé par l’explosion d’un obus, lui qui s’efforce de garder toute sa dignité face à la détresse de ses frères d’armes confrontés quotidiennement à la mort ?

Et la sœur Armande qui désobéit sciemment pour prendre le volant de l’ambulance et conduire à l’arrière les blessés dont elle avait la charge et qu’elle a tiré des gravats du poste de secours bombardé.

1914, 1915, 1916, 1917 et la paix manquée sous l’égide du pape Benoît XV : il s’agissait pour les responsables politiques de mettre définitivement à genoux l’Empire austro hongrois et de faire disparaitre à jamais la dynastie des Habsbourg dont le dernier représentant ayant régné, Charles I° (1887-1922), époux de Zita de Bourbon-Parme (1892-1989) sera béatifié en 2004, tout comme Nicolas II Romanoff (1868-1918), dernier Tsar des Russie, contraint par les bolcheviques d’abdiquer cette même année 1917 avant d’être massacré avec toute sa famille l’année suivante, l’avait été en 2000, par l’Eglise orthodoxe russe, avec toute sa famille.

Enfin 1918 et l’armistice que les plénipotentiaires de part et d’autres avaient mis au point depuis quelques jours déjà, signée le 11 novembre, jour de la fête de Saint Martin, un des saints patrons de la France : Les cloches se mettent de nouveau à carillonner plus joyeuses qu’en août 1914 pour la mobilisation…. La guerre se sera écoulée entre deux sonneries de cloches, à 43 mois de distance…

L’abbé de Lampaulay retrouvera ses ouailles de Notre dame des Doms en Avignon. Après un cours noviciat chez les Dames Blanches du cardinal Lavigerie, sœur Armande s’embarque pour Alger, tandis qu’avant de rejoindre son abbaye, le Père Philibert s’est offert, en guise de nécessaire catharsis, le pèlerinage à saint jacques de Compostelle.

Hommes et femmes de Dieu, âmes d’élite, prêtres et religieuses exemplaires, vous avez donné le vrai visage du clergé français et de l’Eglise. Votre présence auprès des blessés, mais aussi en partageant la dure vie des poilus, vous avez permis de fissurer, de « pétarder »l’anticléricalisme militant qui ronge le catholicisme de notre pays…

C’est ainsi qu’à plusieurs reprises s’exprimera le Haut-Commandement à leur sujet.

Catherine Bertrand-Gannerie est étudiante en théologie, elle a été officier de marine et sait de quoi elle parle en faisant revivre ces témoins dont les héritiers se nomment aujourd’hui : Christian Venard, Éric de Lagarde, Jean-Charles Bozanski ou Eflamm Caouissin, pour ceux d’entre eux que j’ai l’honneur de compter au nombre de mes amis.

Voilà une bonne idée de cadeaux de Noël pour des jeunes curieux d’histoires et de l’Histoire, à la recherche d’un idéal que les batailles virtuelles des jeux vidéo ne leur offriront jamais…

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Et pour ceux que l’aumônerie militaire intéresse d’une façon plus générale :

https://www.youtube.com/watch?v=A-PG8qNkXP0&feature=share

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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Un commentaire

  1. Bonjour,

    Je suis de la famille de l’Abbé Fouqueray et je fais des recherches sur lui. Pourriez-vous me mettre en contact avec l’auteur s’il vous plait ? Je suis à la recherche de sources le concernant. Merci à l’avance, Cordialement, Armelle BRULON

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