Il y a bien longtemps alors que résonnait encore dans le firmament le scintillement infini, tandis que flottait dans les airs un parfum d’ère que l’on croyait à jamais chassée de la Terre, s’envolait à travers l’espace un corps céleste éclatant de lumière. La musique des étoiles accompagnait le moment qui paraissait suspendu dans le temps. Faisceau de lumière diaphane se dévoilant peu à peu dans le ciel et aperçu par des mages venus d’Orient. Le cosmos s’offrait en harmonie pour chanter l’offrande absolue du Créateur à l’humanité. Comme annoncé depuis les temps anciens, un enfant naissait en terre de Judée, alors que Quirinus, gouverneur du secteur, procédait à l’important recensement voulu par l’empereur Octave Auguste. Des bergers et des anges, un berceau et des langes, et pour abri rien qu’une grange. Le souffle chaud d’un bœuf et de l’âne qui avait porté la Vierge-Mère offrait au nouveau-né la chaleur qu’il n’avait pu trouver ailleurs. L’enfant allait changer la face du monde : Jésus de Nazareth, Dieu éternel et Fils du Père éternel est né à Bethléem, de la Vierge Marie. Le rappel annuel de ce don divin allait devenir la fête de Noël.
Jezuz Krist, Doue peurbadus ha Mab an Tad peurbadus, a zo ganet e Bethleem Bro Jude ag ar Werc’hiez Vari ! (Martyrologe de Noël)
Noël, moment de souvenirs joyeux et mélancoliques d’un temps passé, de la messe de minuit chantée avec ferveur dans une campagne endormie tant que brillent les guirlandes festives d’une nuit votive. En Bretagne, si Noël se dit Nedeleg, il peut aussi porter le nom de Pellgent, qui se traduirait par « Aurore », « renaissance » mais aussi « longtemps avant ». Et l’on vit ces heures de renaissance par cet enracinement initié par nos parents et les parents de nos parents… longtemps auparavant, chacun ainsi porté via une tradition bien vivante par ceux qui nous ont précédé à l’église aujourd’hui trop souvent désertée. Noël, ce jour rêvé où l’on communie en famille, à ces douces minutes que l’on goûte, que l’on chérit, et qui s’échappent en quelques instants, secondes durant lesquelles on se rappelle ceux qui sont et ceux qui ne sont plus, dans une sorte de communion des saints. Peut-être une larme peut-elle s’échapper, mais le bonheur est là, dans la reconnaissance de ce que nous offre la célébration de cette naissance.
Noël, période privilégiée – loin des bombances et d’une surabondance gargantuesque – pour penser aussi à ceux qui s’endorment affamés dans la froidure des mordants hivers, tandis que se réchauffent les foyers. Peut-être une pensée, un acte, si petits soient-ils, deviennent alors pour eux étoile de Noël ? Le bonheur est là, dans la reconnaissance de ce que nous dit la célébration de cette naissance.
Noël, bien plus qu’une simple fête de la Paix gommant peu à peu l’Incarnation de Dieu sur Terre. Noël, bien plus qu’un célébration de l’Amour. Noël, époque bénie pleine d’espérance, amenant à lever les yeux vers le Ciel sans omettre l’autour de soi ; regarder l’autre sans oublier de nous tourner vers l’Essentiel, le Christ, l’Emmanuel.
Nedeleg laouen deoc’h ! Pellgent laouen deoc’h !
Illustration : Micheau-Vernez
Article diffusé en décembre 2015 et réactualisé.