Renouveau de nos pardons : Et si les reliques de nos saints bretons passaient de chapelles en chapelles ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

reliques

A Sainte Anne-la-Palud (Diocèse de Quimper & Léon) se trouvent des reliques de Sainte Anne, qui proviennent du sanctuaire d’Apt. A l’abbaye de Boquen, dans la belle abbatiale, reposent des reliques de plusieurs de nos saints fondateurs comme par exemple le fémur de Magloire. A Tréguier, c’est le chef (la tête) de Saint Yves qui est vénéré.

Mais quel est le sens de la vénération des reliques ?

Dans l’Église catholique, la vénération des reliques des saints remonte à la coutume d’enterrer les corps des martyrs qui ont imité le sacrifice du Christ et de prier sur leurs tombes.

Les tombes des saints ont de tout temps fait l’objet de vénération, suscitant même la construction de basiliques, d’oratoires, de centres de pèlerinage. Dans les cryptes sous l’autel se trouvent régulièrement des tombeaux dont la construction relève souvent des premières heures du lieu de culte. En fait, le culte des saints fait partie de la foi catholique, et les reliques, qui ne sont pas seulement les ossements d’un saint, mais aussi ses vêtements et les objets lui ayant appartenu, nous aident à rejoindre Dieu.

Certes, au Ve siècle, les autorités de l’Église mirent en garde contre certains abus. Il fallait en effet s’assurer de l’authenticité des reliques et ne pas en faire le commerce. Mais au-delà des dérives possibles, comme la superstition ou la magie, l’Église a toujours considéré comme légitime la vénération des reliques qui connut un regain d’intérêt au Moyen Âge. C’est durant cette période que nous trouvons de magnifiques reliquaires fabriqués avec des matériaux précieux et qui contiennent les restes des saints et saintes pour être exposés à la vénération des fidèles, reliquaires qui parfois ont disparu dans des pillages et trafics divers. Dans son document sur la liturgie, le concile Vatican II rappelle que, « selon la Tradition, les saints sont l’objet d’un culte dans l’Église, et l’on y vénère leurs reliques authentiques et leurs images. » (n°11)

Dans le Catéchisme de l’Église catholique pour les jeunes, on reconnaît que « vénérer des reliques relève d’un besoin que les hommes ont naturellement de témoigner respect et dévotion à certains saints. On vénère convenablement les reliques des saints, si, dans le don de leur vie à Dieu, on loue l’action de Dieu lui-même. » (Youcat, n°275)

Benoît XVI, dans son discours aux Jeunes des JMJ de Cologne le 20 août 2005 rappelait :

« Les reliques nous conduisent à Dieu lui-même : en effet, c’est Lui qui, par la force de sa grâce, donne à des êtres fragiles le courage d’être ses témoins devant le monde. En nous invitant à vénérer les restes mortels des martyrs et des saints, l’Église n’oublie pas qu’il s’agit certes de pauvres ossements humains, mais d’ossements qui appartenaient à des personnes visitées par la puissance transcendante de Dieu. Les reliques des saints sont des traces de la présence invisible mais réelle qui illumine les ténèbres du monde, manifestant que le règne de Dieu est au-dedans de nous. Elles crient avec nous et pour nous : « Maranatha » – « Viens Seigneur Jésus. »

Nous avions déjà évoqué sur Ar Gedour la possibilité de jumeler certaines chapelles vénérant les mêmes saints, permettant de redynamiser les pardons qui périclitent, de donner un nouveau souffle. De nombreuses églises et chapelles ont des reliques. Pourquoi ne pas inviter, dans un même diocèse mais même en interdiocésain, les bénévoles qui viendraient un jour de pardon avec leurs bannières, leurs costumes,… et leur reliquaire. Le saint vénéré en ce lieu aurait ses reliques portées durant la procession, peut-être exposées auprès des cierges et veilleuses. On évoquerait plus encore sa vie, exemple de don de soi dans les pas du Christ. On pourrait même imaginer que les reliques puissent passer de chapelles en chapelles, passant dans chaque édifice portant le nom du saint éponyme. Une sorte de grande litanie des saints à cieux ouverts pour Dieu et la Bretagne…

Certains ne voient pas l’utilité de vénérer des reliques. Mais dans l’optique de ce que disait Benoît XVI, cela peut être une piste à explorer. Au pire, que risque-t-on à essayer : remettre le saint au centre de la fête et le prier, dans une optique de ré-évangélisation, dans une optique missionnaire, et non plus assurer le pardon comme se suffisant à lui-même et étant son propre but. Créer des liens entre les comités de chapelles et créer un réseau qu’autrefois n’aurait rien à envier à aujourd’hui. Puis faire grandir ces réseaux en appelant nos proches, nos voisins, nos amis….

Voilà une idée que nous souhaiterions voir germer à travers la Bretagne ! Et pas que nous : bien des gens de divers comités de chapelles sont enthousiastes à cette proposition. Reste à convaincre les décideurs et à propager l’idée…

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD". En 2024, il a également publié avec René Le Honzec la BD "L'histoire du Pèlerinage Militaire International".

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