Retour sur le concours “orgue & bombarde” 2016 à Chantepie

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Le concours de duos “orgue & bombarde” de Chantepie, que nous vous avions annoncé sur Ar Gedour, a été encore une fois un bon cru en cette année 2016. Ce 15 octobre, des musiciens, amateurs ou confirmés, se sont affrontés pour proposer une prestation musicale de haut niveau. Nous vous avions signalé que deux couples étaient composés d’artistes issus des Gedourion ar Mintin (un en catégorie A et un en catégorie B). Un troisième couple avait prévu de concourir cette année en catégorie B, mais avait finalement remis sa participation à l’an prochain, faute de temps.

Vous pouvez écouter la participation de chaque duo directement sur le site du concours de Chantepie. Vous vous régalerez ! Nous pourrions parler de chacun d’entre eux, d’autant que nous connaissons plusieurs des artistes qui se sont présentés, sonneurs ou organistes : ainsi, le duo Deletang -Riffet (catégorie A) a débuté sa prestation par le cantique à Saint Efflam, emportant de suite mon adhésion, vous le comprendrez aisément. Le couple gagnant en catégorie A, ce sont les frères Beaumin, dans un registre assez moderne qui interpelle au premier abord mais séduit notamment grâce à un Toutouig bien arrangé. Lorsque j’entends sonner la bombarde dans une église, accompagnée de l’orgue, j’attends que cela me transporte. Il me suffit alors de fermer les yeux et de me laisser porter. C’est le cas aussi avec, par exemple, le duo de Guingamp “Jean-Cédric Salaün – Nicolas Perrot” (qui a remporté la première place de la catégorie B) ou encore avec celui composé de Dédé Le Meut et de Philippe Bataille, pour ne citer qu’eux. Mais nous nous attarderons ici sur les couples suivants :

manzano-bouesselEn catégorie A : Jean-Michel Manzano et Gwenolé Bouessel-Dubourg, dans leur inimitable style, ont hérité de la 3ème place. J’ai connu Jean-Michel Manzano à l’époque où il a enregistré le superbe petit album “La clef” qui en quelques titres brosse une histoire et un paysage, m’inspirant les lignes d’une nouvelle au titre éponyme. Il a ensuite sorti “Une journée au Parc Montsouris”, un régal musical qui nous fait percevoir les limonaires et autres anciens manèges d’un univers révolu. Nous avons ensuite pu nous retrouver sur plusieurs événements animé par les Gedourion ar Mintin qu’il accompagnait aux orgues, Gwenolé Bouëssel-Dubourg sonnant quant à lui de la bombarde, nous enchantant chacun par la maîtrise de leurs instruments respectifs.

Manzano place avec brio ses basses comme un souffle créateur qui au-delà du grondement fait ressortir les ressources, la personnalité et le timbre de ses orgues comme le chant des oiseaux printaniers ou le rugissement sauvage d’une mer en colère. L’instrument liturgique devient semblable à une guitare sur laquelle s’envolent les doigts de l’artiste dans des riffs organiques, des notes saturées ou empreintes de douceur, invitant la bombarde à envoyer sa puissance. Et Gwenolé Bouëssel Dubourg, en véritable virtuose tenant compte de l’acoustique du lieu, ne devient plus qu’un avec l’instrument, dans un dynamisme à couper le souffle ou dans une délicatesse permettant de percevoir les subtilités des pièces que le duo nous offre, dans une approche originale et assez moderne. Ce qui était autrefois considéré comme l’instrument du diable devient avec les grandes orgues un lien vers le sacré, capable de nous porter vers une transcendance authentiquement bretonne et des sons qui font vibrer tout votre être.

Ce répertoire était ici inspiré des titres qu’offre l’album “Pedenn ar Gedour” publié en 2004 par les Gedourion ar Mintin, et sur lequel déjà les deux compères intervenaient. Mais pas seulement… car certains reconnaîtront probablement des passages comme ce final sur une libre interprétation du fameux Ian Morrisson Reel, voire cette légère incursion sur une version bretonnisée d’un passage du film Mission se mariant parfaitement avec le thème du cantique qui était imposé cette année : “Santez Anna Radeneg” (chanté traditionnellement lors du pardon de Bulat-Pestivien dans les Côtes-d’Armor)

Gwénolé Bouëssel du Bourg et Jean-Michel Manzano
Eliminatoires, catégorie A
Ecouter (14m36s)

Gwénolé Bouëssel du Bourg et Jean-Michel Manzano
Concert-finale du soir
Ecouter (20m56s)

le-nabat-ruelloEn catégorie B : Henri-Pierre Ruello (à l’orgue) et François Le Nabat (à la bombarde), dans une approche plus traditionnelle, ont remporté eux aussi la 3ème place de leur catégorie. L’organiste est un personnage à part entière, dévoué à la musique et le c(h)oeur sur la main.

J’ai rencontré celui-ci par le biais d’un des chefs de choeur des Gedourion ar Mintin, et depuis, quand il le peut, il accompagne les messes, concerts ou veillées animées par l’ensemble. L’homme à l’oreille absolue est capable d’improviser sur un air, de transposer à l’envol. Il s’approprie et vit les pièces qu’il joue et c’est pourquoi c’est un régal de jouer avec lui. Il offre ainsi à son compère François Le Nabat un bel écrin dans lequel peut se déployer le son si particulier de la bombarde. Leur prestation commence là aussi par un morceau traditionnel breton pour le temps de la Passion, intitulé “Get Goéd Santél” ou encore “Kanamb a voéh ihuel”, qui font justement partie du répertoire habituel des Gedourion ar Mintin qu’Henri-Pierre Ruello accompagne si souvent. Puis nous reconnaîtrons aussi des titres comme Silvestrig, ou encore une danse bien connue.

François Le Nabat et Henri-Pierre Ruello
Eliminatoires, catégorie B
Ecouter (09m38s)

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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Un commentaire

  1. Louis-Marie SALAÜN

    Gourc’hemenoù d’ar sonerion! Oui félicitations aux sonneurs et à leurs compères organistes vainqueur de l’édition 2016!!!
    Originalité, virtuosité et caractère: ce sont les 3 qualités, les trois caractéristiques que l’on retient de leurs prestations après écoute des extraits proposés! Et on leur pardonnera volontiers les quelques erreurs dues à ce foutu trac! Il parait que même les meilleurs artistes ont le trac alors…

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