Saints bretons à découvrir

Rhiannon Giddens & Denez, ou LE concert de l’Interceltique 2018

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 min

Une des découvertes du festival Interceltique 2018 aura certainement été la dynamique et talentueuse Rhiannon Giddens.

A l’origine, en ce 7 août, nous nous étions rendu à l’espace Marine pour écouter Denez, accompagné de l’Orchestre Symphonique de Bretagne. Nous ne nous attendions pas à une grande surprise, puisque Denez, fidèle à lui-même et capable d’emporter avec lui un public envoûté, aurait certainement récidivé, porté par la puissance orchestrale et des musiciens qui n’interprètent pas mais vivent leur jeu. Nous ne connaissions vraiment pas Rhiannon… et l’erreur aurait été de l’ignorer.

 

Rhiannon Giddens, une artiste exceptionnelle

Lorsque nous sommes arrivés, la première partie du concert avait déjà débuté, et nous avons découvert une femme extraordinaire, musicienne de banjo et fiddle et surtout une chanteuse à la voix puissante, pleine de virtuosité et de lyrisme, baignée de gospel. L’artiste, plusieurs fois primée aux États- Unis, dont un Grammy, a présenté à une salle comble un répertoire préparé spécialement pour le FIL : du gospel blues, de la country, du bluegrass, mais aussi de la folk américaine et de la musique celte. Dire ce qu’elle a offert au public ne rendrait pas justice à son passage scénique, tellement elle a donné d’elle. Le succès a été tel que les milliers de spectateurs lui on fait une première puis une seconde standing ovation, faisant dire à Denez qu’elle avait mis la barre très haut. C’est donc un excellent choix du FIL que d’avoir programmé cette artiste hors-norme en première partie d’un autre artiste hors-norme, celui qui, avec des textes souvent sombres est toutefois capable de ravir les âmes pour les amener dans un univers bien à lui, son jardin enchanté.

 

Denez, l’alchimiste breton

Le chanteur breton, s’il a évidemment décliné ses tubes, a offert toutefois le répertoire de son dernier album Mil Hent, synthèse musicale et un aboutissement de tous ces chemins parcourus depuis des décennies, ces chemins escarpés de Bretagne qui sont comme ces volets qu’on ouvre sur l’océan et offrant le large comme horizon et une certaine mélancolie portée par cette alchimie musicale. Tantôt intimiste, tantôt exalté, le répertoire est d’une intensité forte. La voix enracinée se nourrit ici du terreau vivant que constituent les bruits de la nature intégrés pour la première fois dans l’univers sonore du chanteur : coassements de corbeaux, feu crépitant ou puissant orage, bise giflant les visages et vagues déferlantes, cloches d’églises sonnant le glas…

Pour ce concert, pas d’effets spéciaux, mais cordes, cuivres et percussions d’un superbe orchestre symphonique de Bretagne capable de sublimer des chants déjà magnifiquement interprétés par Denez, textes anciens collectés ou compositions récentes. Interprétés n’est même pas le mot adapté puisqu’à l’instar de ses excellents musiciens, il vit ce qu’il chante. Il vit et le partage. Certes, quelques spectateurs ont abandonné en cours de route, laissant échapper quelques commentaires du style « il ne parle que de mort » ou « on ne comprend rien, il ne chante qu’en breton ». Mais laissons-les et ne boudons pas notre plaisir. Le public ne s’y est pas trompé, et comme toujours, en fin de concert, après ce mariage tradi-symphonique de gwerzioù et danses, c’est un triomphe.

Nous aurions aimé vous partager quelques séquences vidéos de ces moments magiques, mais cela n’étant pas possible pour des raisons de droits, terminons simplement en vous disant que ce soir-là, entre Rhiannon Giddens et Denez, il y a eu une alchimie qui montre un Festival Interceltique avide d’offrir des spectacles de qualité et capable de faire découvrir des artistes parfois méconnus du grand public. Nous osons même dire qu’il s’agit pour nous DU concert 2018.

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

Articles du même auteur

Abbaye de Landevennec

Le 1er mai 2024, Pardon de St Gwenolé à Landévennec

Amzer-lenn / Temps de lecture : 1 minL’abbaye de Landévennec se prépare à célébrer Le …

La finale du Kan ar Bobl, c’est ce week-end à Pontivy

Amzer-lenn / Temps de lecture : 3 minLa finale 2024 des grandes rencontres de pays …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *