Saints bretons à découvrir

Salm ar Grouadelezh (Psaume à la Création, e brezhoneg)

Amzer-lenn / Temps de lecture : 2 min

Certains de nos lecteurs seront certainement surpris de découvrir cet article. En effet, s’il ne fait pas partie du répertoire que nous mettons en avant dans la liturgie, le panel des cantiques bretons sur le sujet étant riche, un constat s’impose : le Psaume de la Création est parfois chanté dans des veillées de prière. Nous avons ainsi appris qu’en certains lieux de Bretagne, ce psaume est même chanté en plusieurs langues… sauf en breton.  C’est le cas cet été, particulièrement dans des grands pardons.

Après réflexion, notre rédaction a opté pour la publication d’une version bretonne de ce chant, à découvrir ci-après. 

Comme nous proposons aussi la traduction bretonne de certains chants du Renouveau, nous invitons donc désormais tous les animateurs qui intègrent le Psaume de la Création à leur programme de le proposer en breton (MP3 à venir). Nous rappelons au passage que ce chant de louange a plus sa place lors de rassemblements paroissiaux, de veillées de prières que lors d’une liturgie dominicale, dont les lectures et les psaumes sont prévus par l’Eglise. Pour rappel, voici ce que dit la Présentation Générale du Missel Romain (PGMR) qui donne toutes les indications sur la liturgie : 

 

61. La première lecture est suivie du psaume responsorial qui fait partie intégrante de la liturgie de la Parole et a une grande importance liturgique et pastorale, car il favorise la méditation de la parole de Dieu.

Le psaume responsorial correspond à chaque lecture et se prend d’ordinaire dans le lectionnaire.

_____________________

Salm ar Grouadelezh — (psaume à la création).
 
 
Dre an neñv dirazout, splannder ha dreistelezh
Dre gement tra zo bras, ha kement tra bihan
Dre an oabl uhelañ, da vantell steredek,
Ha dre hor breur heol
 

Huchal Doue ‘fell din
Bras ez out, brav ez out
Doue bev, Doue uhel, Doue a garantez
Doue en holl oberennoù.
 
Dre an holl veurvorioù, ha dre an holl vorioù
Dre an holl zouaroù-bras, ha dre zour ar stêrioù
Dre an tan a lâr dit, ‘vel ur vodenn tanflamm
Dre askell an avel
 
Diskan
 
Dre an holl venezioù, ha dre an holl draoniennoù
Ha dre skeud ar c’hoadoù, dre vleunioù ar parkeier
Ha dre vroñsoù ar gwez, ha geot ar pradeier
Toc’hadennoù an ed
 
Diskan
 
Dre an holl loened, eus an douar, eus an dour
Dre richan an evned, dre richan ar vuhez
Dre an den a rejout, bihanoc’h egedout
Hag e holl vugale
 
Diskan
 
Dre an dorn astennet, a bed da gorolliñ
Dre an af-mañ strinket, diouzh ul luskad a spi
Dre sell ar garantez, a sav, a ro tommder
Dre ar bar’ hag ar gwin
 
Diskan

Komzou / Musik : Patrick Richard

Troidigezh : Tepod Mab Kerlevenez / Ar Gedour

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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5 Commentaires

  1. Salm ar grouadelezh

    Je profite de ce « Salm ar grouadelezh » pour livrer quelques réflexion personnelles au sujet de la création ou de l’adaptation de nouveaux cantiques en breton.

    Je reste comme toujours quelque peu perplexe devant les tentatives d’adaptations en breton de chants français « récents » . On ne peut pas dire que le répertoire de chants liturgique ou même religieux des dernières décennies soit spécialement brillant tant sur le plan musical que littéraire.

    Ce « psaume de la Création » qui d’ailleurs remplace parfois à la messe les véritables psaumes issus de l’Ecriture Sainte – ne fait pas exception. La musique comme le texte reflète la médiocrité et les bons sentiments politiquement corrects en cours actuellement dans l’Eglise de France – avec une vague teinte d’écologie bon marché éco-citoyenne. Il est par ailleurs hasardeux de vouloir transcrire en breton un des « tubes » musicaux des apparatchiks de la liturgie paroissiale les plus hostiles envers la présence du breton dans nos églises. (ce n’est pas cela qui va les radoucir)

    Sur le plan purement technique et musical, l’air est non seulement médiocre mais aussi inchantable à cause de son ambitus trop important. Combien de cacophonies innomables continuent à se faire entendre dans nos églises lors du refrain, quand de braves paroissiens pleins de bonne volonté cherchent à attraper la phrase : « Mon Dieu ! tu es grand tu es beau… » dans des hauteurs improbables et insondables pour retomber bientôt dans les abysses les plus caverneuses du « en toute création » L’effet est le plus souvent déastreux sur le plan musical.
    Sans compter que ce chant en dehors de quelques cercles restreints n’est pas si populaire que ça, notamment chez les jeunes générations, toutes sensibilités confondues. Pour illustration, voici une petite anecdote.
    Il y a une vingtaine d’années, lorsque j’étais adolescent, lors des pélés jeunes à Lourdes ou lors des rassemblements de la pastorale des jeunes du Diocèse de Vannes, ce même « psaume de la création » pouvait déclencher une certaine hilarité lors des célébrations. Moi et d’autres camarades, nous prenions alors un malin plaisir à chanter en lieu et place du : « je veux crier : mon Dieu, tu es grand tu es beau.. » le vieux slow, tube des sixties « et j’ai crié, crié : Aline, pour qu’elle revienne.. » Tout cela à la fureur et consternation de nos animateurs en pastorale à qui ce chant « parlait ». Ils appréciaient peu notre parodie qui était considérée à la limite du blasphème… Je ne sais si de tels pastiches irrévérencieux ont encore cours chez les plus jeunes générations de catholiques (quand elles vont encore en pèlerinage à Lourdes avec le diocèse.) Il est vrai qu’on était à l’époque de la sortie du film culte ‘le péril jeune » qui a remis à l’honneur cette chanson chez les collégiens et lycéens des années 90. Toujours est-il que cette petite farce d’ados d’il y a vingt ans est révélatrice du sérieux dans lequel est tenu ce genre de chansonettes démagos pour cathos désabusés. Le rapprochement entre la variété issue des années 60 et la chanson d’Eglise n’est malheuresement pas anodin, quand ce n’est pas la triste ressemblance avec la musique de générique de dessins animés des années 80.
    A présent, un bref mot sur l’auteur, Patrick Richard. Je n’écris nullement pour le clouer au pilori et je le respecte personnellement en tant que chrétien sincère qui cherche avec bonne volonté à élever à sa manière la piété de ses frères et sœurs en Jésus Christ.
    Il n’empêche… Ce genre de musicien est le prototype même du musicien auteur-compositeur-interprète qui a bâti sa carrière en surfant sur la vague de la musique officielle post-conciliaire qui envahit encore de nos jours les paroisses. Comme Akepsimas, Scouarnec, Gianadda, et leurs consorts du studio SM, (ça ne veut pas dire ici sado-maso) filiale du groupe mercantile Bayard-presse, ils se sont taillés la part du lion dans le domaine de la musique jetable (ou trop durable, au choix) d’Eglise grassement payés aux frais du fidèle .
    Ce système de cooptation empoisonne depuis plusieurs décennies la musique sacrée dans l’Eglise de France. Tout le budget musical des diocèses part en droits d’auteur(s), en droits de partitions, en C.D(s) officiels pour la catéchèse, en frais de »concerts » quand dans le même temps, il existe aussi d’autres compositeurs et musiciens qui essaient de faire vivre- souvent à leurs propres frais le chant grégorien, la musique polyphique sacrée comme les expressions locales traditionelles de la musique sacrée.
    Toutes ces considérations ne signifient pas que je sois un puriste absolu, hermétique à tout emprunt à la musique française pour notre musique sacrée bretonne.
    Bien au contraire, depuis le XVIIème siècle (voire le XVIè) jusqu’au début du XXème siècle, il y a eu une saine circulation et de bons emprunts faits à la musique française dans le domaine des cantiques bretons.
    Le P. Michel le Nobletz et le Bx Julien Maunoir ont été parmi les premiers à emprunter des airs français pour mettre en musique leurs cantiques bretons. Nombreux sont nos cantiques que l’on croirait bretons en apparence de toute éternité tant la naturalisation a été bien faite. Il est vrai que pendant des siècles, quand ont empruntait un air français, il était la plupart du temps passé à la moulinette bretonne et adapté afin qu’il paraisse plus breton que nature, et tout cela se faisait de la manière la plus organique et naturelle.
    Je pense en particulier aux cantiques suivants :
    -Mab-Den soñjit : Vive Henri IV !
    -Tostamp holl, pobleù fidél : accourez, peuples fidèles…
    -Mall bras é dein, péhour : Il est grand temps, pécheur…
    – Amañ pell doh en trouz : Ah, que ces lieux champêtres…
    -Piw e ray d’em daoulagad : J’ai perdu mon innocence…
    – Jézuz, dré er garanté : Chant du pèlerin de St Jacques…
    – Na braset ur sakremant : Oh l’Auguste Sacrement !…
    – O Mamm ér baradoéz : Au ciel, au ciel, au ciel…
    -Doue a c’houlomp : Nous voulons Dieu…
    -An noz teñval : minuit, Chrétiens…
    – D’er groéz santél, kristenion : Exultate Cherubim…
    – Da feiz hon tadoù kozh : ô sainte religion…
    Hag ‘all hag ‘all… (etc..)
    Tous ces cantiques ont été composés à des époques où le génie français avait encore quelque chose à dire au génie breton, où il y avait une véritable communication entre les deux, une époque où la musique française et la musique bretonne avaient encore des liens de parenté. D’ailleurs, beaucoup de ces airs ont disparu en français, et n’ont été conservés que par leur version bretonne. Nos prêtres et nos paysans qui les ont adaptés sur des paroles de leur cru les ont souvent sélectionné avec beaucoup d’intuition. Si certains emprunts ou adaptations font aujourd’hui sourire par leur style ou leurs paroles, les moins heureux sont passés dans les oubliettes, même s’il reste quelques jolies perles à faire sortir de l’oubli. Et l’on peut considérer avec la patine du temps avec un peu de second degré et d’indulgence certaines compositions comme certains emprunts maladroits.
    A partir de la seconde moitié du XIXème siècle, il existe un mouvement de retour aux sources par des emprunts non à de vieux airs français mais plutôt à des airs du répertoire populaire breton (via le Barzaz Breiz et toute la mouvance des collecteurs des airs de nos campagnes bretonnes)
    De même, la langue bretonne fut peu à peu épurée de tous ses emprunts récents et abusifs au français, son orthographe s’est affinée. C’est dans ce contexte passionnant, entre vieux corpus des cantiques français issus de le Renaissance comme de l’époque Baroque ou classique, voire du triomphalisme du XIXème siècle ou des emprunts au chants latins populaires comme du plain-chant sans oublier les airs populaires bretons collectés que s’est forgé notre répertoire actuel des cantiques bretons, sans oublier les nouvelles compositions musicales faites dans la première moitié du XXème siècle par des clercs empreints de traditions musicales populaires bretonnes comme de chant grégorien.
    Je pense en particulier à Dom Loeiz Hervé, OSB, moine de l’abbaye bénédictine de Kergonan, après avoir été maître de chapelle au petit séminaire et à la Basilique de sainte Anne d’Auray, moine dont nous sommes redevables d’une bonne partie de nos airs « nouveaux » bretons (notamment le re vo mélet) .
    Paralèlement à ce mouvement de réappropriation des mélodies populaires bretonnes ainsi que de nouvelles compositions, le mouvement interceltique nous a fourni de splendides et inoubliales emprunts aux répertoires gallois
    (Bro gozh ma zadoù) ou écossais (hirvoudoù). Depuis longtemps certains compositeurs ont essayé de retranscrire notre musique selon les critères du temps, pour l’ arranger à 4 voix. Ce travail est resté inachevé. Les tentatives ne sont pas toujours du meilleur effet car elles dénaturent trop souvent la musique bretonne. Il est vrai que nous n’avons pas comme en Corse ou au Pays Basque ou au Pays de Galles de vieille tradition polyphonique. Pendant des siècles, la mélodie à l’unisson s’est suffi à elle-même. Pour créer une polyphonie qui soit bretonne, il faut d’abord s’imprégner de notre longue tradition musicale et la clef serait peut-être de voir au cas-par-cas l’origine des cantiques. Pour les cantiques d’origine française adopter une polyphonie dans le style de l’époque de composition. Pour les airs d’origine populaire bretonne adopter un organum ou des bourdons comme dans le chant grégorien médiéval. A méditer…
    Avant de faire œuvre d’innovation, soyons fidèles à nous-mêmes, reprenons les choses où elles se sont arrêtées,
    Notre langue bretonne est ancienne et vénérable, elle a son propre génie, ses propres règles et elle est capable de digérer avec plus ou moins de bonheur beaucoup de choses , mais pas les médiocrités liturgiques françaises actuelles.
    Nous devons continuer à créer de nouveaux chants, de nouveaux cantiques, mais pas en s’inspirant des compositions actuelles en français. Rerouvons nos racines. Inspirons-nous de la tradition de l’Eglise, des textes des Pères et des docteurs de l’Eglise, de l’Ecriture Sainte, des textes des hymnes latines, des textes de nos saints Bretons et celtiques qui nous sont parvenus, ( à quand la mise en musique de la Lorica de saint Patrick ou de celle de saint Gildas? ) inspirons-nous de notre musique populaire, de la musique dite « classique », fouillons dans la musique des siècles précédents, faisons œuvre d’audace ancrée dans la tradition, mais de grâce, laissons aux autres leurs propres médiocrités poétiques et musicales. Il est vain dans notre cas de vouloir poursuivre les chimères d’une hypotétique « modernité » qui entre nous commence sérieusement à dater.
    Il existe parfois aussi des tentatives de transcrire les chants du renouveau charismatique en breton. Le résultat est moins malheureux, du moins sur le plan littéraire, car dans la majorité des cas, ces chants ont le mérite d’être inspirés de l’Ecriture Sainte. Mais bon, sur le plan de la musique, c’est tout aussi affligeant. La musique des chants charismatiques est issue de la pop américaine christianisée par les Pentecôtistes-évangéliques. Rien de plus étranger au génie musical breton ! Cette musique est un produit commercial (pas du tout gratuit) dénué de toute ambition esthétique dont le seul but est une supposée efficacité pastorale en vue de l’évangélisation. On retrouve là curieusement plusieurs des griefs faits à « l’américanisme » catholique de la fin du XIXème siècle. Pour l’anecdote, faites le test : chantez les paroles du tube de l’Emmanuel : l’Esprit Saint qui nous est donné sur la musique de l’aventurier ou sur partenaire partuculier du groupe de rock français Indochine. Ça colle parfaitement sur les phrases comme sur le rythme. Là encore, une musique qui n’a rien à voir ni rien à faire avec notre culture. D’autant plus que les charismatiques dans la majeure partie des cas sont des gens enfermés dans leur monde qui sont rarement tentés par l’inculturation. Ils débarquent avec armes et bagages et leurs petites recettes pastorales perso sans se soucier des traditions locales (comme leurs homologues protestants d’ailleurs). Je ne vois pas pourquoi nous adapterions leurs chants colonialistes alors qu’ils nous regardent avec commissération. Pour finir sur ce sujet, voici un passage intéressant de Benoît XVI (alors encore cardinal Ratzinger) dans son livre un chant nouveau pour le Seigneur dans le chapitre intitulé
    « contre le pragmatisme pastoral en soi « :
    « […] Rock et pop sont inconciliables avec la liturgie de l’Eglise. Tous ceux qui se sentent acculés à justifier davantage leur mentalité progressiste n’ont pas tardé à faire entendre leurs protestations […] La musique pop, nous l’avons déjà noté, se veut musique populaire, « musique du peuple » à l’encontre de la musique élitaire. On peut dès lors comprendre la question : n’est-ce pas là précisément, ce dont nous avons besoin ? Et la musique populaire n’a-t-elle pas toujours été chez elle dans l’eglise? N’est-ce pas ce terreau de la musique populaire qui a toujours permis à l’Eglise de renouveler ses expressions artistiques? Il faut ici regarder de plus près Le peuple auquel se réfère la musique pop, c’est la société de masse. La musique populaire, au sens originel, en revanche, est l’expression musicale d’une vaste communauté unie par la langue, l’histoire et le mode de vie, qui élabore ses expériences avec Dieu, son expérience de l’amour et de la souffrance, de la naissance et de la mort, de la communion avec la nature. On peut qualifier cette musique de naïve, mais elle surgit d’un contact originel avec les expériences fondamentales de l’expérience humaine et elle est donc expression de vérité. Sa naïveté relève de cette sorte de simplicité qui peut donner naissance à ce qui est grand. La société de masse est quelque chose de tout à fait différent de la communauté de vie qui a porté la musique populaire en son sens ancien et originel. La masse, comme telle, ne connaît pas d’expérience de première main, elle ne connaît que des expériences reproduites et standardisées. Aussi la culture de masse vise-t-elle à la quantité, à la production et au succès. Elle est une culture du mesurable et du vendable. C’est dans cette culture que s’inscrit la musique pop. Elle est le miroir de ce qu’est cette société, la transposition musicale du kitch. […] Devient populaire dans le sens de la musique pop ce pour quoi il existe une demande. Dans la production de masse industrielle, on produit du pop comme n’importe quel produit technique, dans un système totalement inhumain et dictatorial. Pour la mélodie, l’harmonie, l’orchestration, etc le producteur dispose à chaque fois de ses propres spécialistes, qui agencent le tout selon les lois du marché. « La caractéristique propre de la musique pop est la standardisation » […] La musique pop est avant tout écrite pour gagner de l’argent. C’est pourquoi il faut offrir sur le marché ce qui ne contrarie personne et qui n’interpelle personne en profondeur, selon le slogan : « donne-moi ce que je souhaite à l’instant, sans dépense, sans travail, sans effort ». C’est pourquoi Paul Hindemith a qualifié de lavage de cerveau l’omniprésence de cette forme de bruit, que l’on peut difficilement appeler musique. Johanson ajoute qu’elle nous rend progressivement incapable d’écouter, d’entendre ; nous sombrons dans un coma musical. Fait-il encore montrer explicitement que ce principe est incompatible avec la culture de l’evangile, qui entend nous arracher à la dictature de l’argent, du faire, de la médiocrité, pour nous conduire à la discipline de la vérité, à laquelle on échappe précisément avec la culture pop ? Est-ce une réussite pastorale si nous parvenons à nous accrocher au train de la culture de masse en nous faisant ainsi les complices de la tutelle qu’elle impose à l’homme ? […] La banalisation de la foi n’est pas une nouvelle inculturation, elle est le désaveu de sa culture et la prostitution à l’inculture. » A méditer…
    Je ne fais que passer sur la transcription en breton du texte français. Il est vrai que la version « mod roazhoneg-diwaneg  » est tout à fait dans le même esprit d’indigence littéraire que les chants modernes en français.
    N’est-il pas possible de touver autre chose pour l’avenir ? Ce « Psaume de la Création » tant en français qu’en breton, ne mériterait-il pas de retourner à l’abîme ? Si nous voulons célébrer la Création (er Grouéañs) nous avonsd’autres chants plus beaux, plus dignes, plus anciens et plus vénérables ( Boéh er maezeù) ; ( Lakait de greskein, o men Doué) ;(Treménet é en noz, splannein e ra en dé)
    A greiz Kalon,
    Uisant.

  2. Merci Uisant pour cette intervention très complète et qui soulève plusieurs questions, que nous envisagions d’ailleurs de développer dans certains articles à partir de la rentrée.

    Toutefois, plusieurs choses pour éclairicir notre initiative de traduction de ce Psaume de la Création :

    1- Nous avions souligné que plusieurs lecteurs seraient surpris de cet article, car nous ne mettons pas en général en avant ce répertoire. Nous avions aussi précisé que le répertoire breton est suffisamment riche (et vous en avez montré plusieurs exemples dans votre commentaire, ce dont nous vous remercions, et nos colonnes vous sont ouvertes pour en publier les partitions, traductions et MP3, comme vous le savez). Nous avions hésité toutefois à publier ce travail, car nous nous doutions que cela serait mal compris de certains de nos lecteurs. Nous avons toutefois opté pour la publication, parce que nous savions pertinemment que cela serait productif dans certains lieux bien précis, mais aussi pour des raisons que nous vous développons ci-dessous.

    2- Nous avons en effet profité de cet article pour développer ce que dit la PGMR concernant les Psaumes dans la liturgie, et ce qu’il en est de l’usage de cet air dans la liturgie dominicale. Une approche pédagogique pour des gens qui souvent ne connaissent pas vraiment la liturgie, et proposent autre chose que ce qui est prévu par et pour la liturgie.

    3 – Par ailleurs, notre approche n’est pas dans la promotion d’un air, mais plutot dans une démarche missionnaire, dans la ligne d’un Louis-Marie Grignon de Montfort, d’un Julien Maunoir et bien d’autres. Mais aussi dans une démarche de vulgarisation de la langue bretonne dans des endroits délaissés. Nous proposons des choses y compris là où l’on ne nous attend pas (cela, tout comme l’adaptation bilingue de visuels pour certaines structures), ce qui interpelle forcément.

    Soit dit en passant, toutes les adaptations n’ont pas toujours été heureuses, mais l’idée n’était pas vraiment de créer à chaque fois un joyau musical, meme si certain par-delà les ages ont été reconnus comme tels.. Lorsque des chants paillards étaient adaptés en cantiques, l’idée meme était que les gens chantent facilement les nouvelles paroles, car ils connaissaient l’air.
    Notre idée, comme lorsque nous proposons un chant du Renouveau traduit en breton, ce n’est clairement pas pour remplacer nos superbes cantiques, que nous mettons régulièrement en avant soit sur AR GEDOUR soit sur KAN ILIZ, mais pour faire découvrir la langue bretonne à des gens qui en sont parfois très loin. Comme lorsque nous proposons un psaume bilingue (plutot que simplement en français), les gens chantent facilement et apprivoisent peu à peu la langue bretonne…. car ils connaissent déjà l’air, et sont donc moins rebutés à l’apprentissage. C’est une approche qui n’a que peu été tentée, car nous voudrions que le « changement soit maintenant ». Peu à peu, cela fonctionne dans certaines paroisses dont nous avons des retours. Mais nous ne pouvons etre partout, et c’est aux bretonnants locaux de s’impliquer là où ils sont (et ailleurs quand ils le peuvent) pour montrer que la Bretagne a ses cantiques propres qui méritent d’etre transmis en-dehors des seuls concerts, musées sonores d’un patrimoine spirituel et musical qui se meure.

    Mais pour cela, il faut déjà des gens partout sur le terrain, meme si la réalité du terrain est parfois démotivante. Or beaucoup de personnes ne connaissent souvent pas ce que nous évoquons et ce que vous développez aussi. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui nous ont poussé à la création d’AR GEDOUR puis de KAN ILIZ. A nous de le faire savoir via le numérique, mais ensuite sur le terrain. A nous, à vous (comme vous le faites déjà), à tous nos lecteurs de travailler ensuite à restaurer la liturgie, à travailler à la place de la langue bretonne dans cette liturgie. Comme l’a dit l’un de nos lecteurs, notre article sur le Gloria a permis que dans son secteur paroissial soit enfin comprise la nécessité de ne pas chanter de Gloria aux textes modifiés.

    Donc, évidemment qu’à l’avenir les cantiques bretons dédiés à la Création doivent etre mis en avant plutot que cette composition « hors-sol », mais nous savons déjà que notre travail sur ce « Psaume de la Création » a touché des personnes qui jusqu’à présent laissaient la langue bretonne de coté.
    A vous, à nous, à tous les catholiques bretonnants, de travailler ensuite plus profondément pour faire comprendre au plus grand nombre l’intéret missionnaire de l’inculturation, et ce que le Pape François appelle l’écologie culturelle.

    PS : l’un de nos lecteurs a proposé dimanche dernier à l’orgue un chant de communion breton qui se rapproche musicalement de « Devenez ce que vous recevez », et l’a fait savoir. Une autre façon de démocratiser aussi nos airs, là où on ne l’attend pas.

  3. Est-ce à dire que pour faire de la pastorale missionnaire et de l’évangélisation il faut se plier à la laideur ambiante ?
    Au passage, les chansons à boire qui étaient adaptées en cantiques au XVIIème siècle avaient infiniment plus de gueule que cette espèce de soupe insipide et mercantile.
    (Faudra-t-il payer les droits d’auteur à Patrick Richard pour le Salm ar Grouadelezh ?)
    D’autre part je reste un peu sur ma faim concernant les arguments que j’ai pu développer. J’aimerais avoir en réponse des arguments plus solides notamment sur la place de la variété dans la musique d’Eglise et sur les propos de Benoît XVI sur la question.

    Uisant

  4. 1 – Vous etes un fidèle lecteur (et contributeur) d’Ar Gedour, et vous savez donc pertinemment ce que nous mettons sans cesse en valeur. Nous vous proposons par exemple de vous référer à notre article « Prier sur de la beauté », l’un de nos nombreux billets sur le sujet de la beauté de la liturgie. Nous faire dire ici « que pour faire de la pastorale missionnaire et de l’évangélisation il faut se plier à la laideur ambiante  » est malhonnete, car vous savez évidemment que nous pronons l’inverse, et que nous nous prononçons dans la ligne de Benoit XVI… et plus récemment du Cardinal Sarah. Ce n’est pas pour rien que nous avons profité de l’occasion pour rappeler la PGMR. Ceux qui proposent le « psaume de la Création » sauront désormais en tombant sur notre article ce qu’il en est. Combien de ceux qui mettent ce chant au programme des messes savent ce que dit la PGMR sur le sujet ? Bien peu ! Rien que là, vous devriez voir l’apport du billet.

    2 – Si vous lisez notre article, vous constatez qu’il était prévu en certains endroits (et pas des moindres) que soit chanté ce psaume en plusieurs langues… mais pas en breton. Sans aller dans le détail, nous avons été sollicité par certaines personnes de notre réseau. Notre proposition fait que cela va changer la donne. On peut apprécier ou non que ce cantique soit désormais en breton, mais ce qui est sur, c’est que, alors que la langue bretonne était absente de ces célébrations (non pas des messes), elle sera présente. Encore une fois, c’est ensuite aux cathos locaux formés de faire en sorte que les choses évoluent par la suite.
    Par ailleurs, non, Patrick Richard ne nous demandera pas de droit d’auteur puisqu’il s’agit d’une traduction de notre part proposée sur ce blog, une traduction qu’à notre connaissance personne ne lui avait jamais proposé, alors que ce chant existe en de nombreuses langues.
    (Add : Patrick Richard a signalé à notre rédac’chef qu’il existe une version de Fulup Audinet, datant de 2013, différente de celle que nous proposons ici).

    3 – Vous dites que les chansons à boire des siècles passés avaient plus de gueule. Certes, vu d’aujourd’hui ! Mais mettez-vous un instant à la place des gens qui ont entendu pour la première fois leur chanson à boire avec des paroles religieuses ! Pensez un instant à la tête de certains clercs ou laics puristes qui ont entendu chanter Jésus sur un air à boire ou invitant à « courir la gueuse » ! Sans vouloir défendre « Le Psaume de la Création », précisons toutefois qu’aujourd’hui, on dit de certains morceaux qu’ils ont « plus de gueule », mais autrefois, cela devait certainement paraitre pour certains « d’une laideur » probables, voire d’une « soupe insipide ».

    4 – Vous dites rester sur votre faim pour le reste : sachez que non seulement nous prenons le temps de vous répondre alors que nous sommes en vacances, car nous tenons à ce que nos lecteurs et contributeurs (comme vous) puissent avoir une réponse rapide à leurs questions, ce qui mériterait un remerciement plutot qu’un lapidaire « oui mais encore ». Mais de plus, vous le savez, faire une dissertation sur une tablette n’est pas ce qu’il y a de mieux. Ce qui explique des réponses moins développées.
    Enfin, nous vous invitons une nouvelle fois à nous relire plus haut : nous avons dit que certains des sujets que vous évoquez plus haut font partie d’articles qui sont déjà prévus à la rentrée de septembre. Par ailleurs, l’une des interventions récentes de Benoit XVI – dont vous avez certainement déjà eu connaissance- dans la ligne de votre extrait, est programmée pour une publication prochaine.

    Il est étonnant de voir que ceux qui tentent de faire avancer les choses (et qui y arrivent sur certains domaines) se font toujours étriper par des gardiens du temple. Quand on fait des choses bien, il est rare d’avoir des remarques de soutien de leur part. Par contre, dès que l’on bouscule quelques consciences, arrivent alors avec vélocité les procès d’intention, les jugements hatifs et les critiques acerbes, sans parfois connaitre tous les paramètres qui mènent à des choix.

    Cela est bien dommage, car l’énergie déployée pourrait etre employée pour travailler tous ensemble plus efficacement pour Dieu et la Bretagne. Certains l’ont compris, d’autres peut-etre avec le temps …

    Espérons que tous comprennent l’urgence de la situation, avant que le cercueil du dernier catho bretonnant ne franchisse la porte du cimetière, chose qui se rapproche de jour en jour…

  5. Merci pour cette version en breton.

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