10 septembre 2016 : inauguration du clocheton de l’église de Lochrist

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Dans notre commune d’Inzinzac-Lochrist, il y a, comme dans les grandes villes, trois paroisses : celle du bourg, celle de Penquesten, de l’autre côté des bois de Trémelin, et celle de Lochrist, avec chacune son église.

Lochrist, c’est, sur les rives du Blavet, le plus ancien passage d’est en ouest de la rivière partagée en deux bras par l’îlot de Locastel. C’est là qu’étaient installées les forges d’Hennebont, fermées il y a tout juste cinquante ans. Une belle église y a été édifiée en 1902 sur un terrain donné à cet effet par de généreux donateurs. Les plans prévoyaient un magnifique clocher- porche comme on en voit beaucoup en Bretagne, par exemple à Penquesten. Les sous avaient manqués, ou avaient été dépensés ailleurs, les préoccupations avaient été autres que l’achèvement de l’église, les années ont passées et on s’était, peu ou prou, habitué à avoir une église démunie de clocher, les temps étaient venus de ce que les spécialistes ont appelé « la pastorale de l’enfouissement »…

Oh, il y avait bien une cloche, mais elle avait un petit air fêlé de sorte qu’on n’osait plus trop la solliciter.

Et puis, les temps ont passé et voilà-t-y pas qu’un membre de la communauté paroissiale s’est ému de la situation et s’est imaginé qu’à l’occasion de la nécessaire et indispensable remise en état de cette cloche on pourrait, tout simplement, en doubler le nombre et les installer dans un beffroi en charpente juché au-dessus de la porte d’entrée !
Comme toutes les idées bizarres et saugrenues, celle-ci a eu aussitôt son lot de détracteurs et de partisans qui se sont rapidement partagés en contributeurs et abstinents, cette dernière catégorie allant s’amenuisant au fur et à mesure qu’augmentait, avec le nombre des premiers, la collecte destinée à faire face à la dépense budgétée.

L’initiateur a tenu bon – en Bretagne, on n’est pas têtu, mais obstiné ! -, finalement le minimum fixé a été atteint plus vite qu’espéré et le projet a pris corps.

C’est ainsi, qu’après bien des péripéties, le beffroi a été mis en place, la vieille cloche prénommée « je suis la voix du Christ et de St Gildas, l’apôtre des bretons » a été refondue et une autre, baptisée : « amour, pardon, miséricorde » (tout un programme !) est venu prendre place, juste en-dessous.
Il y a des églises à vendre, d’autres que l’ont détruit pour laisser place à un parking ou à un magasin de grande surface ; à Lochrist, les travaux de l’église interrompus depuis 112 ans viennent de s’achever par l’installation des cloches dans un beffroi tout neuf qui désigne désormais de loin l’affectation cultuelle du bâtiment qu’il couronne !

Et l’inauguration avait lieu ce samedi en présence des responsables et initiateurs locaux, du recteur Ronan Graziana, curé doyen d’Hennebont, de son prédécesseur, Michel Audran, maintenant curé de Sainte Thérèse de Keryado à Lorient qui n’avait pas ménagé ses encouragements à l’équipe de promoteurs, de Madame le Maire de la commune d’Inzinzac-Lochrist, en personne, et de plusieurs membres de son équipe municipale. Antoine Brard, l’économe diocésain, lui-même, s’était déplacé de Vannes, il faut dire que l’évêché a contribué pour une large part au financement des travaux.

Etait présente également, voire surtout : la pluie. Enfin ! Depuis tant de semaines qu’on l’attendait, dans les jardins et les champs, où les feuilles de maïs et les cultures de légumes sous contrat commençaient à faire grise mine, elle a attendu tout ce temps pour être fin prête pour la bénédiction du clocheton de l’église de Lochrist…

Pensez donc, comment le Père Ronan aurait-il pu faire pour atteindre avec sa branche de laurier trempée dans la bassine d’eau bénite les cloches perchées à plusieurs mètres de hauteur ? C’est le ciel lui-même qui s’en est chargé – « tout ce qui tombe du ciel est béni ! » -, le toit du clocheton était tout mouillé de notre petite pluie bien bretonne qui fait si gracieusement briller les ardoises et leur donne cette nuance glazik du meilleur effet.

Pour être bénies, on peut dire qu’elles l’ont été les cloches de l’église de Lochrist !

Pour autant, l’une d’elle, l’ancienne, je crois, n’a pas voulu sonner à la volée et s’est contentée de nous faire entendre une voix grêle au choc du marteau.

cloches-lochristIl fallait bien que quelque chose « cloche » ! Le Père Ronan nous a rappelé que tel était le cas quand, à défaut de grain suffisant, les meules des moulins risquaient de s’échauffer : un mécanisme approprié actionnait une cloche pour alerter le meunier sur la nécessité de recharger la trémie ou de débrayer la meule.

Est-ce, après toute cette sécheresse, l’humidité survenue qui a détérioré le système électrique de mise en branle ? On ne peut tout avoir … un petit réglage viendra à point pour permettre aux cloches de remplir pleinement leur office : les heures qui s’écoulent, toutes dans le même sens, ponctuées par l’Angélus qui marque le début, le milieu et le fin de chaque journée qui passe, les offices dominicaux, le joyeux carillon des baptêmes et des mariages, le triste glas des obsèques qui rythment nos vies sur terre, ici, sur les bords du Blavet, comme ailleurs, maintenant.

La cérémonie terminée, la pluie a cessé et, après la messe dominicale, les paroissiens ont pu se regrouper dehors, au sec, derrière l’église, pour le vin d’honneur offert par la paroisse.

Il n’avait pas plu depuis près de 2 mois et, au retour, j’ai vidé presque 10 mm de mon pluviomètre que les araignées avaient eu tout le loisir d’occuper depuis tout ce temps de sécheresse.

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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