Alan Stivell jouera son concert intimiste Kalon & Ene (Coeur & âme) ce dimanche 28 janvier en la basilique Saint-Aubin, de Rennes. Nous vous avons déjà parlé de cette tournée des églises et cathédrales sur Ar Gedour. Nous laissons la présentation par le barde lui-même.
Il y a soixante-dix ans, je touchais la première corde montée sur la Telenn gentañ, première harpe celtique de la Bretagne des temps modernes. Elle venait d’être achevée par mon papa. Son éveil fut la source de toute ma vie musicale, avant de se réinstaller dans le paysage breton, Et, en novembre 1953, avant mes dix ans, je la faisais entendre en scène sur le cantique « Lavaromp ar chapeled », autrement appelé « Pedenn evit Breizh ». Dès l’été 1954, je faisais déjà résonner notre harpe dans la cathédrale de Vannes, en compagnie de deux petits chanteurs de Sainte Anne d’Auray.
Quand ma « carrière » professionnelle débuta en 1966, et que mon chant a commencé à surfer sur la magie de la harpe des bardes, mes réflexions m’avaient déjà amené à une spiritualité dépouillée de rites et de dogmes rattachés à telle ou telle culture. Je ne suis plus catholique, mais je ne peux faire totalement table rase d’une partie de ma formation personnelle. Je visite rarement une ville, un village sans entrer dans son église.
J’eu diverses occasions de laisser les théâtres ou les chapiteaux pour m’y produire. Vers 1973, je suis venu dans la cathédrale d’Auxerre avec mon équipe. On m’entendit dans les années quatre-vingt, en solo ou en formation acoustique réduite, à Saint Louis de Lorient, Hennebont, Paris, dans les cathédrales St Corentin à Quimper et Sainte- Croix de Barcelone, comme dans une église à la frontière des USA et du Mexique. Je suis revenu chanter, jouer dans les années 90 en l’église de Monterfil. En décembre 2014, je me produisis dans trois églises belges, pour honorer le centenaire des Noëls célébrés entre ennemis.
J’avais ce besoin de revenir à un certain intimisme. Les sonorités de mes harpes elles-mêmes y trouvent un écrin incomparable, dans une même quête de transcendance et de fraternité.
Je n’ai pas (encore ?) fait le choix de revenir au pur acoustique. Mais les nouvelles harpes que j’ai dessinées et fait réaliser (divers prototypes Hi-tech), ont eu comme but de retrouver la pureté cristalline, malgré l’amplification (s’approchant au plus près de la Hi-fi, prenant le son à la source de chaque corde). Il est vrai que ma curiosité me porte également vers les territoires infinis que permettent l’électronique, fidèle en cela à mes fascinations d’enfant.
Le concert comportera des titres bien ou peu connus, adaptés à une orchestration limitée au chant, à ma nouvelle harpe, accompagné d’un musicien hors pair, Tangi Miossec.
Kenavo,
Alan Stivell
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Réservations pour les personnes à mobilité réduite: 02 99 94 50 18
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