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[ARRADON] « Simone Le Moigne, mémoire et tradition d’une vie bretonne » jusqu’au 5 janvier 2020

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Simone Le Moigne, dont une exposition sur son oeuvre a lieu à Arradon jusqu’au 5 janvier 2020, s’est fait un nom dans l’art naïf. Selon un article publié sur le site de la Ville de Saint-Herblain où elle a vécu 26 ans, le livre écrit par sa fille Anne Vinesse sur sa vie résume à lui seul l’effet de résilience que la peinture a opéré sur Simone Le Moigne. Peindre est pour elle une façon de se plonger dans ses souvenirs et d’en garder le meilleur. Elle fait partie des grands peintres naïfs français du XXe siècle.

Née en 1911 dans une famille unie à Magoar dans les Côtes-d’Armor, Simone vit au rythme des saisons et de la vie paysanne aux côtés de ses trois sœurs, de ses parents et de la famille élargie aux tantes et aux oncles. Son enfance est ponctuée par les travaux de la ferme, la vie au village, les pardons, les mariages, les feux de la Saint-Jean. En pension chez les religieuses, la vie est dure et les élèves n’ont pas le droit de parler breton sous peine de porter un sabot autour du cou.

N’ayant pu poursuivre ses études après le certificat d’études primaires, Simone Le Moigne part travailler dans les champs. Bonne observatrice, elle engrange les images qui lui serviront plus tard pour sa peinture.

En 1935, elle épouse Guillaume Le Bris, sabotier. Les difficultés économiques, la dureté de la vie n’épargnent pas le couple qui doit déménager avec ses deux enfants à plusieurs reprises en région parisienne et trouver des emplois alimentaires. En 1968, le couple se sépare.

C’est alors qu’employée de maison, elle tombe sur une boîte de peinture abandonnée par le fils de la maison. À 58 ans, sans avoir jamais pris de cours, en parfaite autodidacte, elle ébauche ses premières peintures avec ce qu’elle a sous la main : des aiguilles à tricoter, une épingle à cheveux. Encouragée, elle consacre désormais sa vie à la peinture.

L’artiste laisse courir ses souvenirs, sa mémoire. Elle aime peindre et dessiner la vie rustique d’autrefois, les traditions de la vie paysanne et rurale de son enfance, s’inspirant parfois des cantiques bretons qui la bercent. Elle ne s’encombre pas de règles, de théorie, préférant inventer sa propre technique et son style. Et la voici alors qui, à son tour, devient conteuse, raconte sa fille : le pinceau d’une main, le tube de peinture de l’autre, e souvient des moissons, des fêtes, des pardons, de la vie quotidienne… « Tout est dans ma tête », dit-elle. Sa mémoire est intacte, l’imagination l’amplifie ; le résultat, ce sont tableaux d’une poésie toute simple et touchante.

Son village natal, elle l’aime et le dit, dans ses lignes ou dans ses tableaux :

Une pensée pour mon village natal
Bretagne, si je vous peins avec tant de joie
C’est que je vous aime comme autrefois.

Malgré les changements que vous avez subis,
Vos collines rient encore vers là-haut aujourd’hui.

Oui, vos collines sont fières
De leur robe d’ajoncs et de bruyères

Leurs fronts semblent penser
À nos aïeux pleins de courage et de fierté.

Aubépines et genêts ont beaucoup diminué
Dans les chemins creux cachés.

Mais, face à l’océan, blottis contre ses flancs
Ils fleurissent en été à l’ombre des rochers.

J’espère que la vitesse de destruction
Va oublier d’abattre ma chère vieille maison.

Ô ! mon grand chêne, allongez vite vos branches
Et recouvrez-la de feuilles et de chants de mésanges.

 

Simone Le Moigne est retenue par Anatole Jakovsky pour entrer dans son Dictionnaire des peintres naïfs du monde entier. Une reproduction de la gouache « Coin de vacances Bretagne », accompagnée d’un texte de l’auteur lui-même présente l’artiste :

[…] Cette paysanne, tout ce qu’il y a de Bretonne_ vivant au rythme des saisons, prenant une grande part  aux travaux de la ferme, a engrangé en même temps toutes les traditions et les légendes millénaires que cette terre recelait dans ses flancs. D’abord les rumeurs de ce temps, lorsque les chevaliers de la Table ronde partaient à la recherche de l’insaisissable Graal… Ce qui fait qu’elle n’a pas échappé non plus à la poursuite de son Graal à elle, c’est-à-dire d’un monde meilleur.

Une exposition à découvrir jusqu’au 5 janvier à Arradon( Morbihan).

À propos du rédacteur Eflamm Caouissin

Marié et père de 5 enfants, Eflamm Caouissin est impliqué dans la vie du diocèse de Vannes au niveau de la Pastorale du breton. Tout en approfondissant son bagage théologique par plusieurs années d’études, il s’est mis au service de l’Eglise en devenant aumônier. Il est le fondateur du site et de l'association Ar Gedour et assure la fonction bénévole de directeur de publication. Il anime aussi le site Kan Iliz (promotion du cantique breton). Après avoir co-écrit dans le roman Havana Café, il a publié en 2022 son premier roman "CANNTAIREACHD".

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