Vous ne connaissez peut-être pas encore Claire Connan. Pour ma part, c’est lorsque j’ai vu ses livres à la Vallée des Saints que j’ai découvert cet auteur originaire de Paimpol. Et « Graine d’écume, la malédiction de saint Budoc » paru aux éditions « Faucon d’or » de Saint-Quay-Portrieux en février 2017 est son premier roman.
Il a fallu assouvir d’abord la curiosité sur deux éléments antinomiques : un saint ne peut pas vouer à la malédiction. Un saint c’est pour le bien, n’en déplaise à ceux qui usaient des injonctions prenant à témoin Yves de Vérité ou quelques autres saints…
« Graine d’écume », nous dit Claire, c’est la rencontre de la terre et de la mer, des mondes réel et imaginaire. Les lieux qui y sont décrits existent, presque tous : Loguivy, l’île Lavrec à l’est de Bréhat, Cesson, sa plage du Valais et ses célèbres cabanons, sa grève des Courses et ses courses de chevaux, Châtelaudren et son petit écho de la Mode… Les personnages font partie d’une famille de pêcheurs de Loguivy.
Beaucoup de familles ont ces secrets qui remontent à des temps qui échappent aux vivants. C’est le casdans cette ouvrage dans lequel la romancière raconte un mystère : une malédiction qui frappe cette famille dont les aînés meurent en mer l’année de leurs vingt ans. Les graines d’écume ce sont aussi eux. Cyrille va avoir vingt ans. Sa sœur Eléonore et lui vont tenter de stopper la malédiction avant qu’il ne soit trop tard. Eléonore a des visions surnaturelles qu’elle est seule à percevoir. Ces visions sont étroitement liées à l’histoire des saints et à des légendes bretonnes, principalement autour de Saint Gwenolé, fondateur de Landévennec, et de saint Budoc, personnage du Vème siècle, connu aussi sous le nom de Bothmael et originaire du Pays de Galles. Il aurait établi une école monastique sur l’Île Lavrec (Lavret), dans l’archipel de Bréhat.
Dans ce panorama, vous vivez donc l’histoire de cette famille déchirée, leur père issu d’une famille de pêcheurs de Loguivy de la mer et leur mère fille de réfugiés espagnols.
Dans un style d’écriture très agréable à lire, ce roman surprend de prime abord, avec des flashbacks qui désarçonnent parfois et des parallèles entre légende et réalité qui vous font penser à une réalité augmentée dans laquelle l’écume laisse place à bien d’autres éléments cachés et des liens originaux entre ciel et mer . Vous avez ici un bon petit roman breton, bien enraciné, qui peut être une entrée vers les légendes de nos autres saints bretons trop méconnus.