L’abbé M. Joubioux qui était Chanoine de la cathédrale de Vannes, poète, entre autres œuvres, nous a offert des poèmes dont beaucoup sont aussi des prières mises en cantiques.
Nous proposons ici un poème : « Chonjeu ur vam » (Les rêves d’une mère), publié dans un recueil «Doue ha mem Bro » (Dieu et mon Pays) de 1844. Ce poème nous conte le rêve d’une mère qui, comme toutes les mères, rêve pour son enfant de tout ce qu’il y aura de plus beau pour lui. Mais, avant de rêver aux biens matériels, à une réussite professionnelle, rêves au demeurant bien naturels, elle rêve à travers tout l’amour qu’elle lui porte, d’abord à son bien spirituel, condition pour la réussite des autres rêves. Aussi, le met-elle sous la garde de la Vierge. Et quand il sera un peu plus grand, elle pense à la fierté qui sera la sienne de mener son enfant à la messe, puis quand il sera jeune homme, de se promener à son bras. (Orthographe vannetaise de l’époque).
Ur vam, ar gavel hé hrouédur – Hé hrouédurik, a oé pignet – Hi er sellé ghet plijadur : bràu-é, mé-hi, èl en Aelèt.
Digor a ra é zeulegad – E zulegad, ha bras ha dû – Haval akerh doh ré é dad : El é dad, é ma gùen ha rù.
El é dad, me mab em hàro – Avel é dad, m’er hàr ehué – Oh ! naren, ne vou ket ér vro – Moès quen eurus èl ma vein-mé.
A pe yein d’en ilis d’en han – Me mab ar mem bréh me zougho : Kaëroh, a laro peb-unan – Crouédur n’en dès bet na ne vo.
M’el lak idan goarn er Huérhiès – Dalbéh é vo gusket é gùen – Kentéh èl ma kerho, liès – M’en degasso d’en overen.
Pe vou bras, m’el lako ér scol – Er scol eit diskein el latin – Ean a zisco mui eid en ol – Ha me yei eid er hurunein.
Ghet-hou, a pe yein de valé – Me harpo mem bréh ar é vréh – En eil a laro d’éguilé : Mam en dén youank-é honnéh !
Une mère, sur le berceau de son enfant –De son enfant tout petit, était penchée – Ellme le regardait avec amour – « Il est beau, disait-elle comme les Anges ! ».
Il ouvre les yeux – Ses yeux grands et noirs – Tout-à-fait semblables à ceux de son père – comme son père, il est blanc et rouge !
Comme son père, mon fils m’aimera – Je l’aime aussi comme son père – Oh ! non, il n’y aura pas dans le pays – D femme aussi heureuse que je le serai.
Quand j’irai à l’église, dans la saison d’été – Je porterai mon fils sur mon bras – De plus bel enfant, dira chacun – Il n’y en a jamais eu, et il n’y en aura pas !
Je le mets sous la garde de la Vierge – Il sera toujours vêtu de blanc – Aussitôt qu’il marchera, souvent – Je le conduirai à la messe.
Quand il sera grand, je le mettrai à l’école – A l’école pour apprendre le latin – Il apprendra mieux que tous les autres – Et moi j’irai le couronner !
Avec lui, quand j’irai à la promenade – J’appuierai mon bras sur son bras – Et l’on se dira les uns aux autres – La mère du jeune homme, la voilà.
Que j’aimerai comprendre le breton ….. quelqu’un pour traduire ? Merci !