Saints bretons à découvrir

François Michart, Yvon Nicolazic et …. Philippe Abjean, même combat !

Amzer-lenn / Temps de lecture : 6 min

NICOLAZIG SON ET LUMIEREBen oui, ils ont lutté et obtenu l’impensable, ils y ont cru et continué à y croire, et, malgré l’invraisemblance, ils ont fini par gagner ! ….
Je m’explique : durant ces vacances, j’ai eu le plaisir de voir, voire de participer en qualité de figurant comme de spectateur, à des spectacles extraordinaires par l’histoire qu’ils racontent, voyez plutôt :

Les 27, 28 et 29 juillet, puis les 1°, 2 et 3 août a eu lieu le son et lumière « 1625… le mystère de Sainte Anne » à Sainte Anne d’Auray, tandis qu’à l’occasion des médiévales d’Hennebont, le week-end end du 30 et 31 juillet, s’est redonné le spectacle historique « François Michart, héritier & bâtisseur », monté, il y a 2 ans, pour célébrer le demi millénaire de la construction de la basilique.
Certes, elle est un peu handicapée cette pauvre basilique amputée d’un bas-côté et les voutes en plâtre qui se délitent masquées par un filet destiné à en pallier les chutes éventuelles, mais voilà plus de 5 siècles maintenant qu’elle est là, faisant face aux tours Boërec, honorant Intron Varia ar Levenez.

C’est François Michart, un maréchal Ferrand, un artisan, qui a pris l’initiative de sa construction et a persévéré malgré les embuches de toutes sortes qui se sont élevées pour barrer son projet. Nous sommes aux alentours de 1510.
D’abord, tout comme maintenant encore, il fallait toutes sortes d’autorisations diverses qui n’étaient pas d’emblée acquises : celle de l’abbesse de N. D. de la Joie, recteur principal, celle des fabriciens et du général de la paroisse, sans oublier le blanc-seing de la Sénéchaussée, soucieuse de l’intérêt général et de l’ordre public. Puis il fallait des sous pour mener à bien le projet…
« Vous allez causer un préjudice au commerce en réduisant la surface utile au marché » s’est récrié le procureur !
François Michart a tenu bon et son projet, soutenu par la population hennebontaise, s’est réalisé, nous l’admirons aujourd’hui.

C’est comme Yvon Nicolazic, un petit paysan qui s’est mis dans l’idée que Sainte Anne, elle-même, en personne, lui est apparue : « me zo Anna, mamm Vari », la propre grand-mère de Jésus, pour lui demander de faire reconstruire dans le champ du Bocéno, au village de Keranna, près d’Auray, la chapelle qui lui était dédiée, ruinée depuis près d’un millénaire.
Il en perdait la tête, le pauvre, on est en 1625…
« Comme s’il n’y avait pas assez de chapelles entre Pluneret, Brec’h et Plumergat », s’écriaient les respectables ecclésiastiques en haussant les épaules
Mais il a fait front, il a tenu bon, contre son recteur et son vicaire, son évêque, les chanoines du chapitre de Vannes et il a fini par l’emporter, contre toute attente…
Sans doute son projet était-il béni, là où il fallait ?

C’est comme Philippe Abjean ! Lui, s’est mis dans l’idée, il y a une 10aine d’année, après avoir déjà relancé avec un succès renouvelé chaque année, le pèlerinage du Tro-breiz aux 7 évêques fondateurs de la Bretagne, de rassembler dans un même lieu les statues des saints bretons, les officiels, ceux qui figurent au calendrier romain, mais aussi tous les autres, ceux qui relèvent d’une piété populaire jamais démentie et qui continuent de vivre au gré des pardons annuels des chapelles qui leur sont consacrées sur la sainte terre de Bretagne qui est la leur.
Mille (1000), il en veut, et des statues en granit de plusieurs mètres de haut, pesant des tonnes, comme des menhirs, comme s’il n’y en avait pas assez sur notre terre bretonne !
Un projet fou, qui ne marchera jamais, voué à l’échec, avaient prédit les experts des cabinet-conseils interrogés sur la faisabilité…
Et pourtant… je me suis trouvé, un dimanche matin du mois de juillet, sur la colline de Quénéquillec  en Carnoët, entre Carhaix et Callac. La brume n’était pas encore tout à fait levée, j’étais seul au milieu de tous ces saints de pierre qui paraissaient sortir un par un du brouillard, je courrai de l’un à l’autre enserrant de mes bras leur base froide et humide, tantôt lisse, tantôt rugueuse selon l’apprêt du granit.
Je cherchai désespérément mon saint patron, Monsieur Saint Yves, je l’ai enfin trouvé dans une allée bordée de chêne, abrité sous l’un d’eux, il semblait m’attendre en souriant, je me suis jeté dans ses bras.

François Michart et Yvon Nicolazic, c’est l’abbé Frédéric Fagot qui m’a fait les découvrir : il est le metteur en scène des spectacles qui se sont joués dans la basilique d’Hennebont et sur le pré du Pont er Groah à Sainte Anne d’Auray.
Il dit que pour savoir où l’on va, il faut savoir d’où l’on vient ; il dit aussi que pour connaitre l’Histoire, il faut savoir raconter des histoires.
Il doit avoir raison, et il en sait des histoires, l’abbé Fagot (Eagle 4) !
Et nous, nous avons été si heureux d’incarner ces personnages qui ont fait notre histoire : j’ai bien reconnu le bibliothécaire de la fac du Vinçin sous les traits d’Yvon Nicolazic – à moins que ce soit l’inverse : Yvon Nicolazic s’est réincarné sous les traits de mon bibliothécaire, le chapeau en plus !
Le Sénéchal d’Hennebont au temps de la duchesse Anne ne pouvait être autre que l’ancien maire communiste, conseiller général du canton d’Hennebont, devenu mon ami ! …
L’année prochaine, ne manquez pas le spectacle son et lumière, « 1625… Le mystère de Sainte Anne », ni, s’il se redonne un jour avec les prochaines médiévales dans deux ans, celui historique « François Michart, héritier et bâtisseur »
En revanche, inutile d’attendre l’été prochain pour aller reconnaitre votre saint patron dans la vallée des saints et si vous ne le trouvez pas, revenez l’année suivante, mais ne restez pas sans rien faire !
Ah ! J’oubliais. Vous ne connaissez pas Eflamm Caouissin ? Il est de la trempe des  François Michart, Yvon Nicolazic, et autres Philippe Abjean…
Son truc à lui : ériger une gigantesque statue de Sainte Anne des Bretons en bord de mer qui puisse servir d’amer à la navigation !
Encore un projet fou qui, pour cette raison, aboutira…
Grâce à vous ?
Allez, chiche ! …. Rendez-vous sur son blog « ar gedour » : le veilleur
A galon

À propos du rédacteur Yves Daniel

Avocat honoraire, il propose des billets allant du culturel au théologique. Le style envolé et sincère d'Yves Daniel donne une dynamique à ses écrits, de Saint Yves au Tro Breiz, en passant par des chroniques ponctuelles.

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