Saints bretons à découvrir

NOEL ! MAIS C’EST LA FÊTE A QUI ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 4 min

Noël, ce nom béni, magique, synonyme de joies, de lumières, d’émerveillements, tant, évidemment, dans sa dimension religieuse que dans sa dimension profane, est devenu tabou, presque un  gros mot, un défi, une insulte, une provocation à certaines « différences ».

Il y a bien longtemps que le matérialisme de nos sociétés de consommation a travaillé à dépouiller cette magnifique fête chrétienne de toute sa dimension religieuse. Ce n’est donc pas une surprise. Malgré cette récupération profane pour en faire une fête de la consommation, il en restait dans ce qu’on appelle l’espace public, ou républicain, c’est-à-dire nos villes et villages, des références qui rappelaient que nous étions dans le temps d’une fête chrétienne. Depuis une dizaine d’années, la laïcité la plus radicale, celle qui s’affiche comme une arme antichrétienne, couplée avec l’obsession honteuse et masochiste de ne point offenser d’autres confessions, d’autres courants de pensées, tout ce qui pourrait rappeler que Noël est une fête chrétienne inscrite dans la culture, les traditions du christianisme, donc des peuples chrétiens, est bannie, pourchassée, condamnée comme une atteinte à la sacro-sainte laïcité, aux valeurs de la République (quelles valeurs ?…), comme expression d’une intolérance qui entend s’imposer au détriment des « diversités culturelles et religieuses ».

Noël, dans nos villes et villages d’Europe était depuis la naissance du Christ Sauveur, ineffable Mystère de l’Incarnation, chez lui. Eh bien non ! Si l’on doit encore fêter Noël, cela se doit d’être uniquement sur un plan profane, commercial, désacralisé, dans l’anonymat de l’intéressé dont c’est pourtant la fête, l’anniversaire.  La guerre des crèches en est l’exemple le plus emblématique : point de crèches dans l’espace public, et si crèches il y a, elles ne doivent pas être confessionnelles, c’est-à-dire chrétiennes, donc point de Sainte famille.

Les décorations ? Terminées les références lumineuses qui annonçaient fièrement que le « Divin Enfant » était né ; terminés les anges de lumière, terminés les « Gloria in excelsis Deo », le « Joyeuse Fête de Noël » et place à l’anonyme et passe-partout « Joyeuses fêtes », qui n’offense personne. Terminé encore les chants et cantiques qui retentissaient avec allégresse dans nos rues et dans nos commerces, musiques qui nous plongeaient dans l’ambiance féérique et sacrée de l’anniversaire du « Dieu fait homme » sous les traits d’un nouveau-né. Place aux gesticulations musicales insipides et vulgaires.  Il paraît même, depuis un certain rapport d’une européiste en mal d’exister, que de se souhaiter un « bon et joyeux Noël » relèverait de la provocation, de l’intolérance. Bienvenue donc à un « Joyeux décembre ! ».

Et que dire de l’interdiction des sapins de Noël, pourtant de tradition païenne, mais christianisé, au motif que lui aussi est une provocation aux sensibilités autres, et qu’il est une atteinte à l’écologie, à l’environnement.

Bref ! Tout ce lamentable cirque n’a qu’un seul but : détruire la plus belle et la plus populaire fête chrétienne pour laquelle tous les peuples ont composés leurs plus beaux cantiques. Détruire pour imposer les fêtes et les cultes d’une République intolérante en assurant une place confortable à d’autres courants de pensée. Les chrétiens ne doivent pas céder devant ces offensives, car ce ne sont pas des détails festifs que César combat, mais le « Verbe qui s’est fait chair». C’est cela qui est en cause quand une crèche est interdite. Que Noël, par tous les prétextes – Covid 19 et autres variants en prime – peut se voir être interdit comme un banal rassemblement revendicatif, pire comme agent contagieux.  Mais si Noël peut être si facilement être déchristianisé, interdit, n’est-ce pas parce que les chrétiens eux-mêmes en ont perdu tout le sens chrétien : Noël fête de la naissance du Sauveur ! Oui, mais du sauveur de qui ? Poser la question étonnerait par le vide abyssal des réponses, révélatrices d’une ignorance motrice de la déchristianisation en marche accélérée. Un dernier point, faut-il donc que nos César-Hérode modernes aient si peur de l’innocence d’un enfant nouveau-né pour à ce point s’acharner sur lui et sur tous les symboles qui rappellent son anniversaire ou son nom …

À propos du rédacteur Youenn Caouissin

Auteur de nombreux articles dans la presse bretonne, il dresse pour Ar Gedour les portraits de hauts personnages de l'histoire religieuse bretonne, ou encore des articles sur l'aspect culturel et spirituel breton.

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2 Commentaires

  1. Jean-Baptiste DE BARMON

    Quel cri de rage ! Quelle belle défense du Noël chrétien ! Cependant, je voudrai apporter quelques précisions et quelques nuances à vos propos très tranchés.
    La fête de Noël a existé dans toute sa splendeur avant la première crèche de François d’Assise. Ce n’est donc pas cette représentation qui donne la dimension religieuse à la fête de Noël. Le pain vivant de l’eucharistie est infiniment supérieur à la statue inerte de l’enfant Jésus.
    En France, les crèches sont interdites dans les mairies ou les conseils régionaux. Elles ne sont pas interdites dans les autres espaces publics comme les rues ou les magasins. Qui doit promouvoir Noël ? Les maires, le parlement européen ou les paroisses? N’oublions pas de parler des initiatives missionnaires qui fleurissent un peu partout en France. La paroisse de Pontivy ne distribue-t-elle pas des cartes d’invitation pour annoncer les messes de Noël?
    Joyeux Noël à tous !

  2. Merci pour cette remise en question de ce qu’est devenu le sens de la célébration de Noël. Il est bien clair que le sens en est détourné et les mots ont leur importance. De ce qui doit être une « célébration » c’est-à-dire la pratique d’un rituel solennel marquant l’anniversaire d’un événement fondateur de la civilisation chrétienne, par la naissance du Christ. Noël donc n’est plus la marque rituelle de notre conception du monde mais celui de la « fête » de la consommation. Jésus fils de Dieu sur terre ne serait plus venu pour nous sauver mais pour être remplacé par le Père Noël. Une marionnette fort sympathique au demeurant mais surtout actionnée par les nouveaux marchands du temple. Dans le même moment où je lisais votre article, je recevais dans ma boite mail une lettre ouverte au président du Tribunal administratif de Nantes qui avait pris la décision d’interdire une crèche de Noël dans un hall du Conseil départemental de Vendée. Vous avez parfaitement résumé la capitulation de nos dirigeants politiques, des instances juridiques mais hélas aussi de nos populations totalement décervelées par la puissance des médias. Nous vivons un moment dramatique de déconstruction mentale avec la complicité de notre Emsav culturel qui a trop longtemps cru que la renaissance de la culture bretonne pouvait se contenter du matérialisme contemporain en oubliant ce qui fit l’âme bretonne dans sa tradition séculaire.

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