Peu connu est le nom de la sainte patronne de la paroisse du Tréhou (An Treoù « les trèves »), appelée en français Sainte Pitère et en breton Santez Bizer.
On ne sait pratiquement rien de cette sainte. La tradition locale en fait la mère d’une sainte Anastase, honorée en Lampaul-Guimiliau, ce qui ne s’accorde pas avec sa représentation avec une palme de martyre. On a oublié le jour de sa fête.
Un chercheur récent (B. Tanguy) a même mis en doute l’existence d’une sainte Pizer. Selon lui, il s’agirait d’une déformation du nom de Saint Bedwer, Bezwer, qu’il croit retrouver dans Trévéreur, nom donné au 18ème siècle au village de Tréveur où une chapelle était consacrée à Saint Trémeur. C’est une erreur certaine, car d’une part il serait invraisemblable qu’à 1,2km de distance le nom de Bezwer ait donné deux variantes aussi différentes que Bizer et Bereur ; et d’autre part l’ancien groupe consonantique -dw- n’est nulle part réduit à z (*bezwouet « boulaie » donne Bevouet).
Le nom s’explique très bien par un v.celt. *Pikteria, v.or. *Pitaer, dérivé du radical *pikt-, pith, toujours en usage en breton moderne, avec le sens de « exact », « zélé ». La forme Santes Bither présente la lénition P/B régulière au féminin.
Pither se trouve en Cornwall dans les noms North Petherwin et South Petherwin, non loin de Launceston et de la Tamar. Les linguistes corniques ont recouru, pour expliquer ce nom, à Pader (v. notre Lambader), mais une évolution pad- peth est fort peu vraisemblable, alors qu’une graphie anglaise Pather = win pour pitherwin n’a rien d’inattendu. Dans Pitherwynn le second terme wynn a le sens de « saint ».
En Cumbria existe un lieu-dit Pether Pots (Puits de Pither ?) en Crosthwaite (PNW1, 85).
Sainte Pither doit donc être une sainte panbrittonique, mais on ignore ses attaches.
Le nom de Pither est différent de celui de la soeur de S. Gildas, Picteona – Pe(i)then dont le radical a un I bref.