SALVE FESTA DIES A KOAD-KEO

Amzer-lenn / Temps de lecture : 5 min

Salve Festa Dies, Salut jour de fête, chante ce très joyeux hymne grégorien de Pâques, empli de fraîcheur  enthousiaste qui proclame la résurrection du Christ et de la nature, et dont les notes musicales semblent avoir été inspirées par l’alouette, qui du sillon des champs monte très haut dans l’azur, comme proclamant sa reconnaissance envers son Créateur, nous invitant à faire de même, et par sa douce mélodie réjouit les coeurs de ceux qui l’entendent. Il en fût ainsi ce Lundi de Pâques en la chapelle Notre-Dame de Koad-Kéo (Scrignac -Monts d’Arrée), car ce fut ce jour-là un réel et très beau jour de fête, un réel renouveau, une sorte de résurrection, de ce que se devait d’être un véritable hommage à l’abbé Perrot. Une journée où le vrai, le beau, le sacré dans lesquels ont toujours puisé les Pardons bretons étaient au rendez-vous. Beau et sacré par la messe grégorienne de Pâques, et où nos beaux cantiques bretons trouvaient leur légitime place. Beau et sacré par le port digne des costumes bretons du cercle celtique Koad ar Roc’h, démontrant que porter le costume relève aussi du sacré et non du déguisement festif. Beau et sacré par les nombreuses bannières et drapeaux de « Pays », des sonneurs qui escortaient dans cette magnifique procession vers la chapelle, dans un beau cadre gothique le portrait de l’abbé Perrot, et où se trouvait une mèche de cheveux et un morceau de tissu taché de son sang.

Dans son homélie, l’abbé Douarprat invita les fidèles présent, environ 120 personnes, à être fidèles à l’idéal Feiz ha Breiz (Foi et Bretagne) de l’abbé Perrot, à nos traditions, à ceux qui nous précédèrent et qui oeuvrèrent pour que la Bretagne reste une terre chrétienne, bretonne, la terre du Christ, de la Vierge, de tous nos saints et nos saintes, à ne rien renier tout en étant tournés vers l’avenir.  L’après-midi, comme il était jadis de tradition, les vêpres furent chantés.

Pour ce jour, exceptionnellement, avaient été apportés la cape et le manteau de l’abbé Perrot qu’il portait le jour de sa mort, et sur lesquels était encore visible des taches de son sang et de boue de la route où il tomba, les fidèles purent devant ces deux témoignages de son martyre le prier, et si nous devions parler d’une émotion, elle était en cet instant réelle, car là se trouvait la meilleure manière d’honorer sa mémoire, de suivre son idéal Feiz ha Breiz, au lieu de se perdre dans des rengaines de considérations historiques douteuses …

Les sonneurs ne manquèrent pas devant la chapelle de sonner aubades sur aubades, relevant la joie de ce jour, d’autant qu’une belle météo fut de la partie …

Le matin, devant la croix restaurée, sise sur un talus en lieu et place où fut assassiné le 12 décembre 1943 l’abbé Perrot, un hommage fut rendu  aux cinq prêtres de Scrignac-Poullaouen, martyrs de la Révolution, tous morts pour la foi, unis dans le même martyre, soulignant que Scrignac, aujourd’hui bien déchristianisé, fut une terre de sang versé pour le Christ.

Ce mois d’avril 2025 était aussi le mois anniversaire des cent ans (avril 1925) où fut vendu aux enchères les ruines de l’antique église de Koad-Kéo (XVe siècle), ruinée par la Révolution, et qu’acheta René Bolloré, le grand-père de l’industriel Vincent Bolloré, pour reconstruire dans la cour de son usine de Scaër, pour ses ouvriers, une chapelle dédiée à Sainte Thérèse.  Devant la tombe du recteur de Scrignac, un bref historique de ces pierres démontées et remontées, la construction de la nouvelle chapelle de style néo-celtique (1935-1937) fut conté aux fidèles.

Cette journée-hommage à l’abbé Perrot était donc à l’image de ce que l’abbé Perrot souhaitait, que sa chère chapelle de Koad-Kéo fut un Kalon Breizh (un coeur breton) de la foi, mais d’une foi enracinée dans l’âme, le coeur des Bretons afin que vive une Bretagne qui construirait son avenir sur la « pierre angulaire qu’est le Christ », sans quoi tout ne serait qu’éphémère et voué à l’échec. Il n’aura de cesse de rappeler cette impérative condition à tous ceux qui entendaient travailler pour les causes bretonnes, mais qui oubliaient que la foi était première, que Feiz passait avant Breiz, que les deux étaient indissociables, et que cela, plus que jamais, vaut pour notre temps, pour ce que nous prétendons faire pour la Bretagne. C’est aussi ce qui fut rappelé le matin, avant la messe, à la croix de son martyre.

Et si cette belle journée avait réjoui et conforté les coeurs, les âmes  des fidèles, nul doute que du balcon du ciel l’abbé Perrot et ceux qui oeuvrèrent avec lui pour la foi et la Bretagne partageaient notre joie … car Koad-Keo avait pour une journée retrouvée sa vraie vocation.

Une autre journée d’hommage est prévue le 10 mai 2025. Pour en savoir plus, cliquez ici.

 

À propos du rédacteur Youenn Caouissin

Auteur de nombreux articles dans la presse bretonne, il dresse pour Ar Gedour les portraits de hauts personnages de l'histoire religieuse bretonne, ou encore des articles sur l'aspect culturel et spirituel breton.

Articles du même auteur

PELERINAGE FEIZ E BREIZH 2025 : VERS UNE RENAISSANCE DE L’IDENTITE CATHOLIQUE BRETONNE (+ vidéo) ?

Amzer-lenn / Temps de lecture : 13 minNous avons déjà publié un article sur le …

DU MEMORICIDE BRETON AU MEMORICIDE FRANCAIS

Amzer-lenn / Temps de lecture : 14 minC’est avec un grand intérêt que j’ai, comme …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *