Le site « Lenn » (« Lire » en breton) dont nous avions parlé en juin dernier vient d’être lancé officiellement ce week-end lors du festival du livre à Carhaix. Il a pour objectif à terme de recenser et valoriser toute la production littéraire en langue bretonne au travers d’interviews d’auteurs, d’articles de presse etc.
1000 livres en breton
Dans l’immédiat, le site a été mis en ligne avec un catalogue de 1000 livres en breton, correspondant aux catalogue des différentes maisons d’éditions associées au projet.
Le site, entièrement bilingue, permet de rechercher des livres par auteur, maison d’édition, ou par type d’ouvrage (jeunesse, littérature, outils linguistiques…).
Pour chaque livre, le site propose ensuite les différentes informations (éditeur, prix, date de sortie) ainsi qu’un résumé (en français uniquement), et le texte de la quatrième de couverture en breton.
Et ensuite ?
Ensuite on reste rapidement sur sa faim. Une fois un ouvrage trouvé, la seule possibilité consiste à l’ajouter à une liste « Ma Sélection » qu’on peut éventuellement s’envoyer par mail.
Si le site permet de visualiser une grosse partie de la production littéraire en breton, il lui manque encore plusieurs choses pour être autre chose qu’un gros catalogue en ligne.
- Des avis de lecteurs sur les différents livres
- Un système de votation pour rechercher et classer les ouvrages par popularité
- Des liens pour acheter facilement en ligne le livre ou le commander en ligne chez un libraire
- Des suggestions de livres (tous les autres livres du même auteur par exemple)
Le site venant d’être lancé, gageons que de nombreuses évolutions seront apportées, un nom de domaine un peu plus simple à retenir et en « .bzh » serait également un plus, nous avions suggéré en juin dernier « Lenn.bzh », toujours disponible à l’heure actuelle.
Peu de références religieuses
En dehors de deux livres de la maison d’édition associative Minihi-Levenez, on trouve peu de références religieuses sur Lenn.
Aucune trace de plusieurs productions littéraires récentes, comme le très bon évangile dessiné pour les enfants « Ar C’heloù mat diskouezet d’ar vugale », ni aucune référence de la pourtant très célèbre bande dessinée « Loupio » traduite en breton, ou de la plus récente « Santez Tereza Vihan ».
Espérons que le catalogue s’étoffe rapidement, en attendant vous avez toujours la possibilité d’aller commander la BD « Santez Tereza Vihan » sur la boutique en ligne de la langue bretonne, Klask.com.
Malgré les quelques manques et améliorations possibles, le site « Lenn » devrait répondre à un manque actuel et redynamiser l’édition en langue bretonne. Souhaitons lui une belle et longue réussite !
Pour trouver des livres en breton, je consulte le site http://www.brezhoneg.org/br
On peut les acheter directement.
Ar Bibl troet gant Maodez Glanndour : http://alliamm.bzh/arbibl.php?AL=embann&p=20
Autre faiblesse du site : aucune référence ancienne, que des productions récentes, qui n’ont souvent rien à voir avec la Bretagne ni la culture bretonne. ( Harry Potter, sonerezh punk, istor an haïku… La littérature bretonne ne date pas d’hier et il est triste de constater qu’il est difficile, voire impossible d’accéder à une grande partie de notre patrimoine littéraire classique en breton. Cela est spécialement vrai dans les écoles bilingues où Diwan où même si on apprend le breton (avec une qualité variable de l’enseignement selon les filières et les établissements) la langue ne reste souvent qu’une coquille vide avec peu d’enseignement de la culture bretonne en elle-même mais plutôt une transposition en breton de la culture post-moderne mondialisée actuelle. Pour être ouvert à l’universel, il faut savoir d’où nous venons. La langue est l’expression d’une culture, et l’on peut très bien parler une langue sans être sensibilisé au patrimoine littéraire et culturel de cette langue (voyez ce qu’est devenu l’anglais : la plupart des anglophones mondialisés se contrefichent de la culture anglaise) On dit à juste titre « Hep brezhoneg, Breizh ebet » (sans le breton, pas de Bretagne), je rajouterais : sans culture bretonne ( musique, danses, jeux, histoire, contes, littérature, architecture, histoire religieuse, gastronomie, costumes)… il n’y a pas non plus de Bretagne. Il vaut alors presque mieux avoir une culture bretonne en français que des productions en breton coupées de leurs racines.